Targuit (le rêve) est un sympathique groupe de musique berbéro-celtique. Sa musique est un savoureux mélange de musiques berbère, irlandaise, de mélodies traditionnelles écossaises, bretonnes, etc. Les huit musiciens et chanteurs du groupe invitent le mélomane à un agréable voyage musical de Ghardaïa aux plaines irlandaises en passant par les Aurès, la Kabylie, l'Alsace et la Bretagne. Les airs jazzy sont une preuve que le groupe est ouvert aux innovations. Le Soir d'Algérie : Elle est vraie l'histoire de la cave de Bab El-Oued ? Juba Graine : En effet, nous répétons dans une cave à Bab El-Oued. Nasser Meghenine, qui a remarqué notre fougue pour la musique, a mis à notre disposition sa cave. Qui vous a découverts ? Des organismes algériens, notamment l'ONCI, Arts et culture, l'OREF qui nous ont tout de suite repérés et pris en charge pour des spectacles. Nous avons été aussi programmés par M. Boukhatem et reçus et encouragés par Mme Sator, directrice de la direction de la culture. Notre premier spectacle important a eu lieu au Centre culturel français. Donc, nous éprouvons une grande reconnaissance envers le directeur du CCF, M. Voisin, qui s'était déplacé à l'époque à Bab El-Oued pour nous écouter jouer. Lors de votre premier concert, vous paraissiez bien rodés... Merci pour votre appréciation ! Mais je me sentirai prétentieux de vous dire que nous sommes rodés. Pourquoi ? C'est vrai que nous avons du potentiel, c'est vrai que tous les membres du groupe sont des professionnels dans la mesure où la plupart ont fait le Conservatoire et l'Institut supérieur de musique d'Alger. Pourtant, ce n'est pas pour autant que nous sommes tout à fait rodés. Ce qui nous manque, ce sont les moyens, un endroit pour répéter ensemble. Targuit est très investi dans la musique. Nous avons de la présence, une bonne musique, un rythme original qui plaît au spectateur ; de plus, les textes se rapportent au patrimoine, à la culture, à l'amour et au respect d'autrui. Pourquoi ce choix de la musique berbéro-celtique ? On a choisi la musique berbère, notre identité, que nous avons fusionnée avec la musique celtique pour nous ouvrir sur le monde, faire des recherches et faire connaître notre musique en mettant en relief les deux genres. Comment expliquer la ressemblance celtique-berbère ? On trouve une grande ressemblance entre la musique celtique et la musique berbère, mais aussi des différences, car il y a évidemment des modes qui caractérisent chaque style, que ce soit le berbère ou le celtique. La ressemblance entre les deux genres n'est pas seulement musicale, elle est aussi culturelle. Le caractère libre et révolutionnaire de l'homme berbère et de l'homme celte est reconnu. Quant aux instruments de musique, on retrouve, par exemple, un genre commun : le bendir chez les Celtes, la flûte, la ghaita et la cornemuse. Les couleurs des habits traditionnels, l'environnement se ressemblent. Les Celtes vivent en s'adaptant aux difficultés environnementales et climatiques. Ils étaient paysans ou montagnards, toujours en harmonie avec la nature, tout comme les Berbères. Un album en projet ? On s'organise pour aller en studio afin d'enregistrer des compositions du groupe. L'album sera prêt en avril. On espère qu'il sera sur le marché en mai 2014. Que représente la musique pour vous ? Je ne peux pas me projeter dans l'avenir sans la musique : elle est mon devenir ; je m'investis beaucoup dans ce créneau. Et même mon temps libre, je le consacre à enseigner la musique aux enfants. Donc la musique est omniprésente dans ma vie et le groupe Targuit en est une partie importante. Parlez-nous du groupe... Le groupe Targuit est constitué de huit musiciens très sérieux, donc investis. Chaque membre du groupe vient d'une région différente d'Algérie : Sétif, Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Ghardaïa, Annaba et Batna. Nous nous sommes connus et regroupés pour la majorité à l'INSM, l'Institut national supérieur de musique d'Alger. Pour la plupart, nous avons terminé notre cursus scolaire et le groupe Targuit poursuit son projet. Les membres du groupe sont Graine Juba (violoncelle), Manel Medrar (flûte), Kherrat Abdelhamid (guitare), Djamel Berriani (batterie), Yacine Bennini (chant), Youcef Lazali (chant et piano), Senacel Hamza (percussions), Djnidi Mehdi (basse) et Florian Denelon aux instruments traditionnels. Florian Denelon est français ? Florian Denelon est un musicien venu de Toulouse, il a vécu longtemps en Bretagne et s'intéresse beaucoup à la culture algérienne et la musique arabo-andalouse. On fait un échange musical avec lui. Il travaille avec nous sur les détails de la musique bretonne, et nous, en échange, on travaille sur son projet de la musique arabo-andalouse. Le mot de la fin ? Je pense que c'est le journal Le Soir d'Algérie qui nous avait découverts, car c'est le premier journal a avoir écrit un article sur le groupe Targuit, une formation qui fusionne la musique targuie, mozabite, kabyle, chaouie, chenouie et tachalhit avec de la musique irlandaise, bretonne, belge et écossaise. Entretien réalisé par