Le tout nouveau secrétaire général du Front de libération nationale, Djamel Ould Abbès, a choisi, comme première sortie publique, une visite où les symboles dominent : celle de la maison où s'est tenue, le 23 octobre 1954, la réunion des six historiques qui avaient décidé du déclenchement de la Révolution pour le 1er novembre en même temps que de la création du FLN. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «C'est ici, dans cette même maison, qu'est né le FLN, que s'est décidé le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre et qu'est née l'Algérie moderne», dira le nouveau patron du parti majoritaire qui était accompagné, au cours de sa visite, hier dimanche, par les membres du bureau politique. Ould Abbès demandera, ensuite, officiellement aux propriétaires du domicile en question, sis à la commune de Raïs-Hamidou, à Alger, de mettre ce lieu historique à la disposition de la nation, «pour en faire un musée et, en échange, nous allons demander au Premier ministre de prendre en charge votre relogement», précisera-t-il. Il faut dire que le hasard a fait que le premier jour de Djamel Ould Abbès comme SG du FLN coïncidait avec cette date historique du 23 octobre. Ceci pour les symboles. Au plan politique, le nouveau dirigeant du FLN a tenu à réitérer son appel, lancé la veille, samedi, le jour même de son élection, en direction des «redresseurs» et des «contestataires». Il apparaît d'emblée que cette question, celle de «recoller» les morceaux du premier parti du pouvoir, soit le premier chantier et le premier point inscrit sur la feuille de route que Bouteflika a confiée au successeur de Ammar Saâdani. «Je tiens à réitérer mon appel à l'ensemble des anciens membres et dirigeants du parti pour réintégrer la maison FLN. Les portes du parti sont grandes ouvertes à tous, toutes générations confondues, à la seule et unique condition, celle de soutenir le programme du Président Abdelaziz Bouteflika», dira Djamel Ould Abbès qui ira même jusqu'à ajouter : «Ils peuvent intégrer les structures du parti et même postuler à la candidature pour les prochaines échéances électorales.» Un discours d'apaisement en fait, radicalement opposé aux déclarations provocatrices que multipliait Ammar Saâdani envers tous les redresseurs et contestataires de la direction du FLN. L'ancien parti unique, qui est redevenu la première force politique sous Abdelaziz Bouteflika, a connu, en parallèle, plusieurs secousses. Une vieille tradition chez le vieux parti mais qui s'est accentuée depuis l'ouverture au multipartisme. Il y a eu, notamment, le «coup d'Etat scientifique» contre Abdelhamid Mehri en 1996, le «mouvement de redressement» contre Ali Benflis en 2003, puis contre Abdelaziz Belkhadem entre 2009 et 2013 et, enfin, Ammar Saâdani, depuis 2013. Autant de séismes qui, nécessairement, laisseront, à chaque fois, des traces. A la veille d'échéances électorales cruciales, celles de 2017 et de 2019, le pouvoir semble décidé à remettre de l'ordre au sein de sa première machine politique pour ne prendre aucun risque inutile. D'où la mise à l'écart du très contesté Saâdani et son remplacement par un proche du premier cercle de Abdelaziz Bouteflika qui a, en outre, l'avantage de bien connaître «la boîte». Il semble bien que la priorité immédiate du nouveau secrétaire général soit de pouvoir préparer un FLN unifié pour l'automne 2017, déjà. A en croire une source sûre, Djamel Ould Abbès, qui ne compte pas «révolutionner» son cabinet pour le moment, convoquera la première réunion du bureau politique du parti pour après-demain mercredi, à huis clos, avec un ordre du jour bien précis : celui de répartir les tâches sur tous les membres de la direction nationale en vue des prochaines élections.