De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari La presse belge est dans son ensemble fière de la nomination de Georges Leekens à la tête de la sélection algérienne. Les raisons de la satisfaction sont nombreuses et justifiées. Par cette «consécration», ainsi n'hésite pas à écrire La dernière heure (D-H), l'école belge «prouve, encore une fois, son prestige au plan international». L'un des commentateurs sportifs les plus en vue de la télévision publique RTBF, met en exergue «la qualité» et «l'incroyable talent des footballeurs algériens» pour valoriser plus le poste arraché par Leekens. Dans son édition d'hier, le plus grand tirage néerlandophone De Morgen évoque, pour ce qui le concerne, «l'immense défi de driver les Fennecs». A l'évidence connaisseur des arcanes du football algérien, notamment son volet expatrié, l'auteur de l'article cite Brahimi, Mahrez, Boudebouz, Slimani, Hanni, Bentaleb, Mandi, comme faisant partie d'une «génération dorée» de l'histoire du foot algérien. Avec des «potentialités pareilles, relate le journaliste de De Morgen, Leekens peut réaliser des miracles, parce que cette Algérie dont il a désormais la charge est largement supérieure aux sélections belges qu'il a entraînées par deux fois». Un autre canard flamand compare Leekens à un «chercheur à qui, subitement, on a offert le laboratoire et les moyens dont il avait besoin». «C'est une chance que le manœuvrier Leekens saisira, c'est certain». L'une des radios bruxelloises a consacré toute une émission avec appels des auditeurs à l'événement. Le tout en mettant en avant «la qualité et l'habileté des footballeurs dont il (Leekens, ndlr) a, désormais, le devoir de mener vers les cimes les plus hautes». Les Belges soucieux — qui le leur reprochera ? — de leur marque de fabrique, en foot ou dans d'autres domaines, considèrent la sélection de Leekens comme une reconnaissance de leur savoir-faire. Pris en tenailles par de puissants voisins en cette science du football que sont les Pays-Bas, l'Allemagne et la France, le made in Belgium résiste, pourtant, très bien à cette déferlante. De tout temps, la Belgique a placé de grands noms d'entraîneurs sur la scène internationale. Le sélectionneur belge jouit d'une excellente réputation extra muros. Perfide, Stephane Pauwels, une vieille connaissance algérienne présentement animateur-vedette de la chaîne RTL TVI, précise «Marc Wilmots, le premier choix des Algériens, n'était, après tout, que l'adjoint de Leekens pendant de nombreuses années». Pauwels n'est pas à vrai dire un «fan» de Wilmots qu'il accusait «de faire jouer les Diables rouges comme des chèvres» pendant l'Euro de France. Dans un pays profondément divisé et où les querelles linguistiques entre néerlandophones, le Nord riche et insolent et le Sud francophone, à l'histoire radieuse mais désargenté, Leekens lorsqu'il officiait à la tête des Diables rouges, gérait, avec tact, les affaires. Même si la presse francophone du royaume ne lui pardonnera jamais d'avoir considéré Enzo Schiffo, alors au firmament de sa carrière, un joueur comme un autre. De ce point de vue, les joueurs algériens sont avertis, Leekens ne passe pas, ici, pour être un pantin entre le vestiaire. Les Tunisiens, nos voisins, le savent parfaitement, eux qui l'ont mis à l'œuvre et avec qui il a fait d'excellents résultats. Leekens est un caractère de «cochon», disons parce qu'il est désormais chez nous, «rassou yabes» (tête dure) qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Ce qui est pour une sélection comme celle de l'Algérie, plutôt une bonne chose. Dernier motif de satisfaction, enfin, de la presse belge, c'est que Leekens a chipé le poste aux Français.