Les étudiants de l'Ecole supérieure des Beaux-Arts d'Alger reprennent leur mouvement de protestation lancé en 2015 pour l'amélioration de leurs conditions. La rentrée annoncée pour le 2 octobre dernier se retrouve bloquée notamment à cause d'un problème logistique assez grave. Meriem Zeggat, étudiante en 5e année peinture et représentante des étudiants, affirme qu'aucune des revendications présentées en 2015, lors du premier mouvement de protestation, n'a été satisfaite malgré les promesses de l'ancienne ministre de la Culture, Nadia Labidi. Cette année, indique-t-elle, le budget de l'école ayant été amputé de 50%, les étudiants ne bénéficient plus d'un hébergement ni d'un service de restauration et de transport : «Nous avons été transférés au Village des artistes de Zéralda que l'administration nous a présenté comme une solution provisoire vu que nous n'y avons droit ni au transport ni à la restauration. On nous a promis une solution définitive mais, mercredi, ils sont revenus sur leurs promesses et nous ordonnent à présent de vider les lieux d'ici jeudi. Nous serons ensuite dispersés par petits groupes dans plusieurs cités universitaires (Hydra, Ben Aknoun, Vieux-Kouba et Bab Ezzouar).» La situation, jugée intolérable, a pourtant connu une certaine amélioration l'an dernier lorsqu'un jeune sous-directeur fraîchement nommé, M. Bouzar, a fait «un travail remarquable pour rehausser le niveau de l'école et offrir aux étudiants les meilleures conditions pédagogiques mais il a été relevé de ses fonctions». L'étudiante annonce donc que le mouvement a repris hier avec arrêt des cours et occupation de l'école durant la nuit malgré les conditions météorologiques. Par ailleurs, les problèmes pédagogiques seront également au cœur de la protestation puisqu'ils persistent malgré les promesses faites par la tutelle de les régler définitivement : «Nous avons un programme qui date des années 1970, les professeurs n'ont jamais reçu de remise à niveau pour être à jour avec les nouvelles formes d'art et les aspirations des étudiants. Nous avons l'impression de recevoir des cours du début du XXe siècle !» De son côté, le sous-directeur de l'école, M. Zerka, contacté hier, affirme que le problème de l'hébergement, du transport et de la restauration a été réglé puisque, justement, les étudiants seront placés dans des cités universitaires proches de l'école et qui se chargeront donc des besoins des étudiants : «Par le passé, nous avions un traiteur pour la restauration mais l'école ne dispose plus des mêmes moyens et le budget ne nous permet pas de continuer ainsi. Cette année, c'est la première fois depuis quarante ans que le ministère de l'Enseignement supérieur (cotutelle) s'implique dans la gestion de l'école en attribuant des places aux étudiants des Beaux-Arts dans les cités, les transports et les restaurants universitaires. J'estime que nous avons trouvé une solution équitable.» Quant aux revendications pédagogiques exprimées lors du mouvement de mars 2015, le responsable refuse tout commentaire en arguant qu'il n'était pas en poste à cette époque. Pour rappel, Infidj'art a regroupé des dizaines d'étudiants qui ont occupé l'école durant des semaines pour dénoncer leurs conditions «intolérables», qu'il s'agisse du système de graduation ou des problèmes logistiques ; le mouvement avait contraint la tutelle à réagir et la ministre Nadia Labidi s'est déplacée au niveau de l'établissement pour rencontrer les grévistes à qui elle a promis la totale satisfaction de leurs demandes, mais elle a été relevée de ses fonctions en mai de la même année.