Protestation ■ Ils ont entamé une grève illimitée depuis trois jours, et ce, jusqu'à ce que leurs doléances soient prises en considération. Une fois encore, les étudiants de l'Ecole supérieure des beaux-arts se sont mis en grève. «Notre action est commune», déclarent-ils. Les étudiants, tous paliers confondus, dénoncent ce qu'ils qualifient de «gestion catastrophique», dénonçant l'«incompétence» du directeur de l'école, Kamel Chaou. «L'ensemble des étudiants de l'Ecole supérieure des beaux-arts sont unis pour demander le départ du directeur de l'établissement et aussi de son staff», disent-ils. D'abord, ils mettent le doigt sur «les agissements totalitaires» du directeur de l'école. «Il se comporte en souverain, en dictateur», dénoncent-ils. Et d'abonder : «Il prend l'Ecole des beaux-arts pour une propriété privée.» D'ailleurs, à l'entrée de l'école, passants et automobilistes peuvent lire en gros caractères sur une banderole le slogan suivant : «L'Ecole des beaux-arts propriété privée». C'est dire, selon les contestataires, que ce directeur impose aux étudiants ses exigences. «Il profère menaces et intimidations à notre encontre», accusent-ils. En outre, les protestataires s'insurgent du fait que depuis l'installation, il y a trois ans, de Kamel Chaou à la tête de l'établissement, «l'Ecole et ses étudiants n'avancent pas». «Il ne se préoccupe pas du bien des étudiants. Il n'y a plus de workshops ni de stages de formation. Il a fermé les ateliers. Face à son diktat, nous sommes livrés à nous-mêmes», déplorent-ils. Ils affirment alors ne posséder aucun «moyen pour étudier». Par ailleurs, ils reprochent à l'administration de ne pas se soucier de leurs pro-blèmes et de ne pas tenir compte de leurs revendications. Leur plateforme de revendications est : -Remédier aux problèmes pédagogiques, c'est-à-dire procurer aux étudiants un environnement favorable à leur épanouissement ; -Remédier aussi aux problèmes logistiques : «Nous manquons de moyens pour étudier», déplorent-ils ; -Améliorer les conditions d'hébergement et de restauration. Mais l'une de leurs revendications principales sur laquelle ils insistent est la reconnaissance de leur diplôme. «A l'issue de notre cursus, nous n'avons pas de diplôme, seulement un certificat attestant avoir suivi des études à l'Ecole supérieure des beaux-arts. Il faut savoir que pour accéder à l'école, il faut avoir le bac et passer le concours, après cela, une fois admis, l'étudiant suit un cursus de cinq années. Et cette attestation n'est pas reconnue à l'étranger ! Nous revendiquons donc un diplôme qui soit reconnu comme tel et en Algérie et à l'étranger», réclament-ils. Les étudiants, en colère, regrettent que la relation enseignants-étudiants n'existe plus et que plusieurs étudiants au potentiel énorme, donc créatifs aient abandonné l'école. Ils assurent que tant que leurs revendications ne sont pas prises en considération, ils poursuivront la grève. Yacine Idjer Nous avons voulu avoir l'autre son de cloche, en entrant en contact avec le directeur ou un représentant de l'administration, mais l'accès nous a été interdit. Les journalistes sont interdits d'accès dans l'enceinte de l'Ecole. C'est à l'extérieur de l'établissement que nous avons pu approcher les étudiants. Précisons que l'Ecole supérieure des beaux-arts est rattachée à deux ministères, celui de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique et celui de la Culture. Il se trouve que le premier semble faire la sourde oreille. Aucune réaction de sa part. Le silence total. Quant au second, il a promis aux étudiants une solution à leurs problèmes pour éviter le débrayage, «mais rien n'a été fait jusqu'à maintenant», regrettent-ils. Et de renchérir : «Que ce soit du temps de l'an-cienne ministre, Khalida Toumi, ou sous l'actuelle ministre, Nadia Labidi, rien n'est encore fait de façon concrète. Que des promesses. Nous espérons que cette dernière tiendra ses engagements en notre faveur.» Notons que les grévistes occupent les lieux, ils se relayent de jour comme de nuit, et ce, assurent-ils, jusqu'au départ du directeur. «Nous passons même la nuit ici au sein de l'école pour faire entendre notre voix».