L'or noir a fini la semaine sur des indicatifs négatifs avec une baisse sous le seuil des 45 dollars le baril. Depuis l'accord d'Alger qualifié «d'historique» en septembre dernier, la production pétrolière de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a nettement augmenté le mois d'après. Naouel Boukir - Alger (Le Soir) - Le baril de référence a perdu 1,25 dollar à 43,41 dollars ce vendredi sur le contrat pour livraison en décembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). Sur le marché européen, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 44,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,22 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Une conséquence directe de la hausse de l'excédent pétrolier mondial. En effet, la production accumulée des 14 membres de l'Opep a atteint un niveau record de 33,64 millions de barils en octobre dernier, soit une hausse de 236 000 barils quotidiens sur un mois. Le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa, a reçu ce 12 novembre à Alger son homologue saoudien, Khalid Al Falih, ministre de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minérales pour «débattre» de l'impact de l'accord d'Alger sur l'évolution du marché pétrolier. Et malgré la tendance baissière qu'acquiesce le prix du baril ces dernières semaines, les deux ministres de l'Energie se disent «très optimistes quant à la perspective de trouver un accord juste, équilibré et équitable lors de la prochaine réunion de l'Opep» prévue le 30 novembre prochain à Vienne qui viendra, en principe, concrétiser l'accord dit d'historique. A en croire les déclarations du ministre saoudien «pour stabiliser les marchés, il est nécessaire de mettre en œuvre l'accord historique d'Alger. Je reste confiant et optimiste de voir la raison l'emporter. Nous arriverons, nous l'espérons, à un accord juste et équilibré qui prenne en considération les événements exceptionnels survenus dans quelques pays membres de l'Opep et auquel tous y contribueront y compris les pays non membres». Cette mesure exceptionnelle s'appliquerait à la Libye et au Nigeria en raison de l'instabilité de leur contexte sécuritaire. Et puis, il y a évidemment l'Iran, toléré par considération des sanctions occidentales qu'on lui a apposées. Ces trois pays, en plus de l'Irak, sont précisément les principaux responsables de l'énorme excédent pétrolier enregistré le mois passé, selon les analystes. Si l'Arabie Saoudite se dit optimiste quant à la rencontre de l'Opep le 30 de ce mois à Vienne et compréhensive à l'égard des trois pays exonérés, son optimisme reste réellement rattaché à la position de l'Iran. Les vieux antagonistes du Golfe reviennent au galop. Il est à rappeler qu'il y a à peine quelques jours, elle menaçait «d'inonder le marché pétrolier» en augmentant sa production si l'Iran refusait de plafonner la sienne à 3,66 mbj. Annonçant une production de 3,85 mbj en septembre dernier, l'Iran lui a tenu tête en soutenant qu'il n'allait pas plafonner sa production avant l'enregistrement d'une production journalière de 4,2 mbj. Parlant de plafonnement, cette prochaine réunion du cartel impose à ses membres de procéder à la difficile tâche de répartition des quotas pays par pays pour tenter de finaliser l'accord d'Alger lors duquel ils ont pris la décision formelle de baisser leur production. Résultat de cet engagement, le volume de leur production pétrolière cumulée d'octobre est le plus élevé depuis au moins 2008. Alors que N. Boutarfa estime que «l'Opep est encore une organisation opérante et active en vue de stabiliser les marchés», la réalité du terrain en est tout autre car les égoïsmes nationaux et les convergences géopolitiques de ses membres l'emportent sur leurs engagements communs. Les deux ministres de l'Energie, algérien et saoudien, ont jugé «pertinente l'idée» d'avancer la réunion du haut comité d'experts, prévue initialement le 28 novembre, au 21 novembre 2016 afin de donner le temps aux ministres de mieux examiner et apprécier les propositions du comité et éventuellement de se concerter afin de mieux préparer la réunion ministérielle de l'Opep ce 30 novembre. Cette démarche permettrait, selon eux, d'associer «toutes les bonnes conditions pour constituer le contexte adéquat et assurer sa réussite».