Un consensus pour un gel de la production de pétrole, lors de la réunion de Doha le 17 avril entre Opep et non Opep, va être difficile à se dessiner, estiment les experts alors que l'Iran persiste à réclamer à d'abord récupérer ses parts d'avant l'embargo occidental pour consentir de geler sa production. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Téhéran, qui en était à 3,5 millions de barils avant 2012, ne produit actuellement qu'un peu plus de 2 millions de barils/jour. Téhéran qui a mis sur le marché 600 000 barils qui constituent son stock supplémentaire, a fait croire que sa production a augmenté. Selon l'expert et consultant international, Abdelmadjid Attar, contacté hier, un consensus pour un gel de la production de pétrole sera dur à négocier le 17 avril à Doha, ajoutant que la prochaine réunion des producteurs de pétrole est devant deux écueils principaux. A savoir quel est le niveau de gel escompté, mais surtout l'intransigeance de l'Iran quant à récupérer ses parts de marché d'avant l'embargo pour, éventuellement, accepter de geler la production. «Si l'Iran demande à récupérer ses anciennes parts, l'Irak aussi va ruer dans les brancards et demander lui aussi à récupérer les parts qui étaient les siennes. Ce qui ne va pas arranger la situation», a observé M. Attar qui souligne que le marché pétrolier devra rester excédentaire durant toute l'année 2016. Ceci au moment où les exportations pétrolières de l'Iran ont dépassé 2 millions de barils par jour (mbj) grâce à la levée des sanctions internationales en janvier, comme l'a affirmé hier le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh. «Les exportations de pétrole et de condensats (hydrocarbures liquides, ndlr) dépassent désormais les deux millions de barils par jour», contre 1,75 mbj il y a un mois, a déclaré M. Zanganeh. Ces exportations augmentent régulièrement depuis l'entrée en vigueur de l'accord nucléaire et la levée d'une partie des sanctions internationales. Elles avaient baissé à un mbj en décembre 2015 en raison de ces sanctions qui avaient été renforcées en 2012. L'Iran fait ainsi un pied de nez aux Saoudiens qui ont averti qu'ils ne gèleraient le niveau de leur production de brut que si les grands producteurs, dont l'Iran, faisaient de même. «Si tous les pays, dont l'Iran, la Russie, le Venezuela, les pays de l'Opep et les principaux producteurs décident de geler la production, nous serons parmi eux», a déclaré vendredi à l'agence Bloomberg News, Mohammed Ben Salmane, le vice-prince héritier de l'Arabie Saoudite. «Si quelqu'un décidait d'augmenter sa production, nous ne rejetterons alors aucune opportunité qui se présente», a-t-il ajouté. Suite à cet avertissement saoudien, les cours du pétrole ont fortement baissé vendredi, puisque le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en mai a perdu 1,55 dollar à 36,79 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le Koweït a estimé hier qu'une coordination entre producteurs de pétrole appartenant à l'Opep et pays non membres du cartel, à l'occasion de la réunion au Qatar, contribuerait à stabiliser le marché orienté à la baisse. «Toute coordination entre grands producteurs de l'Opep et pays non-Opep aidera certainement à stabiliser le marché», a déclaré à la presse le ministre koweïtien du Pétrole par intérim, Anas Al-Saleh. Une quinzaine de pays devront prendre part à la réunion de Doha, dont une douzaine a confirmé sa participation à cette réunion. Parmi les participants figurent la Russie, premier producteur de pétrole du monde, l'Arabie Saoudite et d'autres pays producteurs du Golfe comme les Emirats arabes unis, Oman et Bahreïn, le Nigeria, l'Algérie, le Venezuela, l'Indonésie et l'Equateur.