«Le défi pour les industriels africains consiste à lever des contraintes communes à nos pays. Il revient à ces derniers d'adapter leurs politiques énergétiques, à travers une harmonisation des cadres réglementaires et institutionnels, une amélioration du climat des affaires avec un recours facilité à l'expertise internationale, pour permettre à nos opérateurs d'investir plus et mieux dans un cadre de partenariat bénéfique pour tous», a déclaré, hier matin, le ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, dans son intervention lors du Forum africain d'investissement et d'affaires. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Le ministre a plaidé pour un accès pour tous à l'énergie. Et de regretter que sur une population africaine de 1,2 milliard, les deux tiers n'ont pas accès à l'énergie. Notamment dans sa forme moderne qu'est l'électricité. «Je souhaite que ce forum servira à nous connaître, nous Africains, dans le sens d'appréhender nos capacités mutuelles», a dit Bouterfa précisant que «cette rencontre sera le prélude à une authentique participation au développement économique de l'Afrique et à une dynamique d'investissement aussi bien en Algérie que dans le reste du continent», a encore déclaré Bouterfa. Un forum qui, selon lui, est une opportunité d'échange des expériences. Et le ministre algérien de prévenir que les Africains «feront tout pour faire barrage à tous ceux qui hypothèquent le développement de notre continent». Selon le ministre, les possibilités de coopération et d'investissement dans le domaine de l'énergie sont nombreuses. Opportunités de partenariat, sécurité énergétique, recherche de marchés, transfert de savoir-faire, prestations des travaux et des services, formation, etc., sont autant de perspectives pour des partenariats fructueux à concrétiser tant dans le domaine des hydrocarbures que dans celui de l'efficacité énergétique, a affirmé le ministre qui met en avant que les atouts sont nombreux : amonts pétrolier et gazier, forage, distribution de produits pétroliers et gaziers, électrification rurale, solaire et photovoltaïque, réalisation de réseaux électriques et gaziers, construction et montage de centrales diesel et turbines à gaz, pour ne citer que ceux-là, ce sont autant de segments de compétence qu'il est possible d'offrir à l'économie et au marché africains, a souligné le ministre de l'Energie. Et ce forum vise, au-delà des infrastructures, à promouvoir toutes activités énergétiques décentralisées pour assurer la disponibilité, l'acheminement et le raccordement à l'énergie sous toutes ses formes aux populations. Un forum qui vise aussi à mobiliser des ressources financières techniques et humaines à même de soutenir le développement économique de l'Afrique, de développer l'investissement dans les infrastructures et les interconnexions énergétiques. «Comment changer les règles ? Comment innover, quels vecteurs trouver pour s'assurer que les ressources financières parviennent aux plus nécessiteux en Afrique et impulser la dynamique de développement ? Il ne s'agit pas seulement de trouver des créneaux pour investir et gagner de l'argent en Afrique. La règle "on ne prête qu'aux riches", ça ne fonctionne pas ! Il s'agit de trouver un moyen pour prêter aux pays africains et les aider à faire un saut vers la modernité parce qu'il y va de l'intérêt de tous, y compris des pays riches», a déclaré le ministre de l'Energie lors des débats. L'Etat doit augmenter les capacités de financement dédiées au secteur de l'énergie, a plaidé pour sa part Hott Amadou, vice-président de la Banque africaine de développement (BAD). Selon lui, les banques peuvent financer l'achat des équipements par les personnes aux moyens limités. Jean Louis Borloo, président de l'organisation Energie pour l'Afrique, a affirmé avoir sollicité l'Union européenne pour des financements de 3,5 milliards d'euros par an pendant 15 ans pour accompagner l'effort d'accès à l'énergie pour les Africains. «Il y a une véritable urgence énergétique, il est nécessaire qu'il y ait une alliance mondiale», a indiqué l'ancien ministre français de l'Environnement.