Le Conseil restreint, présidé lundi par le chef de l'Etat, consacré à la politique nationale dans le domaine du gaz, intervient en pleine période de tourmente que traverse le marché énergétique avec des prix qui ne cessent de descendre. Younès Djama- Alger (Le Soir) - L'Algérie, pays qui vit essentiellement de ses exportations de gaz et de pétrole, est frappée de plein fouet par la crise actuelle. Et c'est donc tout naturellement que les pouvoirs publics se mettent à rechercher des solutions à même de permettre d'éviter le krach pourtant annoncé comme inéluctable par les observateurs. Le Président Bouteflika a, selon le communiqué ayant sanctionné cette réunion, ordonné la poursuite des efforts de rationalisation de la consommation nationale d'énergie en général, dont le gaz naturel, y compris à travers la consommation de l'électricité. Un défi difficilement surmontable quand on sait la croissance extraordinaire de la consommation en gaz au point de «mordre» carrément sur ce que l'Algérie peut exporter. Pour l'ancien P-dg de la Sonatrach et expert indépendant, Abdelmadjid Attar, la dernière réunion est une réaction «tout à fait normale» et «elle est la bienvenue», car elle intervient suite à la crise pétrolière qui a vu les prix du baril perdre plus de 75% de sa valeur. Ce qui, automatiquement, n'a pas été sans conséquence sur le gaz qui a également perdu énormément de sa valeur (50%). D'autre part, M. Attar prévoit que le marché va être extrêmement perturbé dans les années à venir, car a priori, il y a une véritable révolution énergétique à travers le monde, où le marché pétrolier et le marché gazier ne seront plus conditionnés par les mêmes paramètres à l'avenir. Face à cela, l'Algérie doit prendre absolument des mesures et mettre en place une stratégie afin de défendre ses parts de marché, recommande M. Attar. Selon lui, l'Algérie doit non seulement défendre ses parts de marché mais aussi ses volumes. A cela s'ajoute le «gros» défi du marché intérieur avec une croissance extraordinaire qui est en train de mordre sur ce que l'Algérie peut exporter d'autant que la production est en train de baisser. «Il faut donc trouver les moyens pour essayer d'augmenter la production non seulement pour couvrir le marché intérieur mais aussi pour augmenter les volumes à exporter. Cela en investissant dans les gisements existants, mais aussi en activant le démarrage des gisements qui sont en cours de développement notamment dans la partie ouest du Sahara», a souligné Abdelmadjid Attar. D'après lui, beaucoup de gisements en cours de développement enregistrent un retard, puisqu'ils devaient produire les premières quantités de gaz en 2016, mais à priori cela ne se fera pas avant 2018. Pour sa part, l'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, pense qu'il y a lieu d'intensifier les travaux d'exploration et de recherche pour trouver de nouveaux gisements «car, nous en avons besoin». M. Harchaoui constate qu'il y a un système de subvention implicite qui minore les coûts du gaz cédé par Sonatrach à Sonelgaz, «qu'il faut absolument aplanir et examiner au plus tôt». «On doit tous prendre en compte en tant qu'Algériens, car ce n'est pas seulement une affaire gouvernementale mais nationale, qu'à travers le monde il n'y a pas une entreprise ou une seule machine qui puisse fonctionner sans énergie, nous avons besoin d'assurer notre sécurité énergétique», dit-il. Aussi, le Conseil restreint consacré à la politique gazière intervient, selon Harchaoui, dans une conjoncture mondiale « très complexe » en matière d'énergie. «Depuis plusieurs années maintenant, les questions énergétiques sont au cœur du débat stratégique à travers le monde. Aujourd'hui, les économies les plus avancées et les pays industrialisés sont animés par un seul intérêt celui d'assurer leur sécurité en approvisionnements énergétiques. En même temps, il y a le défi de la transition énergétique qui est en train d'évoluer dans le monde entier, et je crois que la réunion d'hier (lundi, ndlr) s'inscrit dans cette optique et dans cette démarche nationale qui vise à relever ce défi de la transition énergétique», nous a déclaré M. Harchaoui. Le volet gaz est déterminant de cette politique, d'autant plus qu'il y a une consommation nationale qui évolue et qu'il va falloir prendre en compte, note l'ancien ministre des Finances. «Car, il y a une situation internationale qui entraîne des fixations des prix qui nous sont très défavorables ce qui incite à la prise en compte de ce genre de conjoncture et d'évolution», relève-t-il.