Au parti des Avant-gardes des libertés, on se dirige tout droit vers le boycott des prochaines élections législatives. C'est, en tout cas, ce que laissent entendre les «prédictions» du président du parti à propos de ce scrutin «sans enjeu et sans surprise» qui, à ses yeux, ne feront que «prolonger» la crise dans laquelle patauge le pays. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Des prédictions à greffer également au «son de cloche» de la base militante du parti qui, dans le cadre de la large concertation engagée depuis des semaines pour sortir avec une décision la plus consensuelle et la plus démocratique possible, serait défavorable à toute participation à ces élections. C'est en tout cas ce que bien de cadres du parti soutenaient, hier, en marge de la conférence de presse animée par Ali Benflis. Des indiscrétions faisant état d'une «lourde tendance» pour le boycott relevée au sein de la base, citant notamment le cas de la wilaya de Tizi-ouzou où les militants ne seraient pas trop emballés à concourir aux législatives du printemps prochain. Et cette tendance vers la bouderie du prochain scrutin législatif, le président du parti des avant-gardes des libertés l'a «enveloppée» dans son «traditionnel» argumentaire qu'il n'a de cesse de marteler. Pour lui, en effet, le pouvoir en place ne faillira pas à sa tradition en faisant porter à ce scrutin «la marque infamante de la tricherie politique et de la fraude électorale». Ceci à travers les deux lois organiques sur le régime électoral et sur l'instance de surveillance des élections» qui, selon lui, «effaceront définitivement de nos esprits les ultimes illusions» quant à des élections transparentes et régulières comme ne cesse de le réclamer l'opposition. Deux lois qui «n'ont rien fait d'autre que de venir aménager deux pépinières luxuriantes pour la poursuite de la tricherie politique et de la fraude électorale», dit-il encore, non sans s'interroger sur «ce qui est à attendre comme bien pour le pays d'un recours aux urnes d'où sortira non pas la volonté irrécusable du peuple mais seulement la volonté de la machine politico-administrative qui se sera substituée à elle de manière arbitraire, de manière frauduleuse et en violation des règles les plus élémentaires de l'éthique politique». Car pour le régime, Benflis estime que ces prochaines élections comme ses précédentes n'ont «qu'une raison d'être, celle d'actualiser périodiquement la distribution par l'appareil politico-administratif des quotas électoraux entre les forces politiques participantes en fonction de leur docilité ou de leur indocilité». D'où son constat, celui de «ne rien attendre des élections telles qu'elles se déroulent dans notre pays rien de plus et rien de moins», ces «élections se dérouleront comme veut le régime, dans les conditions qu'il veut et selon les règles faussées qu'il a lui-même imposées unilatéralement et arbitrairement». Et à Benflis de voir en ces élections «sans enjeu et sans surprise» une manière pour le pouvoir de «différer l'heure du changement que le pays attend», de «prolonger l'impasse politique» et d'entraîner un «surcroît de dégradation dans la situation actuelle du pays». Le président du parti des avant-gardes des libertés tient, cependant, à préciser que le dernier mot quant à la décision à arrêter à l'égard de ces élections, sera une œuvre collective puisque, ajoute-t-il, une large concertation a été engagée au sein de la base militante. Et ce n'est que sur la base de ce «retour d'écoute» des militants aux quatre coins du pays, voire même au sein de la diaspora, que le comité central du parti tranchera la question de la participation ou pas aux prochaines élections législatives lors d'une session prévue le 7 janvier prochain. S'exprimant, par ailleurs, sur le fameux «incident» à l'ouverture, samedi dernier à Alger, du Forum africain d'investissements et d'affaires, le président du parti des avant-gardes des libertés y voit une preuve de plus que «le pays est sans gouvernail, n'est pas dirigé» et qu'il y a «manque manifeste, voire absence de discipline et de rigueur dans la gestion des affaires de l'Etat». Et d'ajouter, amer, «c'est l'image du pays, autrefois respecté pour son sérieux, qui en prend un sacré coup parmi les pays voisins et amis. C'est une humiliation et une hérésie».