Un atelier conjoint des experts de l'Union africaine et de l'Organisation mondiale des douanes (OMD) sur la cartographie des risques en matière de corruption dans les douanes s'est tenu à Dakar, au Sénégal, du 13 au 16 décembre 2016 : 27 pays de l'Union africaine «étaient représentés. L'élaboration d'une cartographie des risques de corruption dans les administrations douanières contribue au renforcement du dispositif de contrôle orientant efficacement les actions et les stratégies de lutte contre ce phénomène. Dans ce sillage, le représentant de l'Union africaine, Ali Moussa, a souligné que «les administrations douanières sont plus touchées par la corruption due à la nature de leur travail». «La lourdeur des procédures a étouffé la compétitivité en Afrique. Les administrations douanières et fiscales recueillent 540 milliards de dollars par an», a encore indiqué M. Moussa. Pour le directeur général des Douanes du Sénégal, «faire une cartographie des risques permet, en prenant une procédure, de séquencer tous les points sur lesquels il peut y avoir des risques de corruption». Dans de nombreux pays en voie de développement, les recettes douanières demeurent une importante source de financement public. Cependant, dans ces mêmes pays, l'efficacité des douanes en matière de mobilisation des recettes est sujette à caution. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette inefficacité. La plupart de ces pays ont des difficultés à contrôler des frontières souvent poreuses. En dépit d'ambitieuses réformes de modernisation des douanes entreprises dans ces pays, les capacités administratives restent faibles. En outre, il est largement admis que la corruption de l'administration douanière est un fléau dont le coût réduit de façon sensible les recettes potentielles. Perte de recettes et baisse de la richesse nationale Un des enjeux majeurs lié au fonctionnement de l'administration douanière dans les pays en voie de développement est celui de la corruption. Cette corruption prend la forme de faveurs accordées aux entreprises en échange de pots de vin versés à des fonctionnaires de l'administration douanière. Pour les entreprises, cette corruption permet de réduire sensiblement le montant des taxes dues à l'importation. Pour les fonctionnaires de l'administration des douanes, il s'agit de profiter du pouvoir discrétionnaire que le régulateur leur a délégué afin d'en retirer un bénéfice privé en lieu et place d'une recette publique. Pour l'Etat, ou du point de vue du régulateur bienveillant, cela se traduit par une perte de recettes et une baisse de la richesse nationale, puisque, même en considérant les pots de vin versés aux fonctionnaires, les montants acquittés par l'importateur sont alors inférieurs à ce qu'ils devraient être en l'absence de corruption.