L'assassinat, lundi, de l'ambassadeur russe à Ankara (Turquie) a été suivi, moins de deux heures plus tard, d'un attentat commis sur un marché de Noël à Berlin (Allemagne) faisant 12 morts et 48 blessés. Cette même journée du lundi 19 décembre a vu une fusillade dans un centre islamique à Zurich (Suisse) qui a fait trois blessés. Ce n'est là que le bilan de la journée de lundi, il y a eu tant d'autres tout au long de l'année 2016. Celle-ci n'est pas encore terminée et il est à craindre la recrudescence de ces actes en cette veille de Noël et des fêtes de fin d'année. Le désordre du monde est là, les actes terroristes s'amplifient et vont probablement s'intensifier. Comment en est-on arrivé là ? Et qu'est-ce qui a permis que des populations innocentes fassent les frais de politiques de partage du monde concoctées dans les officines des superpuissances. C'est en direct que les téléspectateurs du monde entier ont vu l'assassinat d'Andrei Karlov, ambassadeur de Russie en Turquie. C'est au moment où l'ambassadeur russe prononçait un discours face à la caméra dans une galerie d'art moderne à Ankara qu'un homme a ouvert le feu sur son dos et l'a abattu, en évoquant Allah et le Prophète et en criant : «N'oubliez pas Alep, n'oubliez pas la Syrie, les responsables de ces horreurs doivent payer.» L'assassin, un policier, ont annoncé les autorités d'Ankara, aurait été abattu sur place par les services de sécurité. Selon la presse turque, l'assassin aurait des liens avec le groupe djihadiste le Front Al Nosra. Sur-le-champ, le Président turc a téléphoné à Poutine pour lui promettre de faire toute la lumière sur cet attentat. Ce coup de téléphone a pris de court beaucoup de commentateurs, notamment français, partis dans le délire de la guerre qui pourrait s'enclencher suite à cet événement. C'était sans compter avec le rapprochement qui s'est opéré cet été entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan et ce, malgré de profondes divergences sur le conflit syrien, notamment sur le sort de Bachar Al-Assad, qui, pour la Turquie, n'est plus la priorité absolue, celle-ci étant, depuis l'engagement des Kurdes d'Irak et de Syrie dans le conflit avec Daesh, l'aide que peut lui apporter la Russie pour diminuer l'influence des divers groupes kurdes dans la région. On en était à ce crime, qu'un autre drame dans la même journée, à 20h, a eu pour théâtre la ville de Berlin. Un camion a foncé sur un marché de Noël, au centre de Berlin, faisant 12 morts et 48 blessés. Dans son mode opératoire, cet attentat ressemble assez à celui perpétré le 14 juillet dernier à Nice, sur la promenade des Anglais et qui avait fait 86 morts. Les marchés de Noël sont des lieux très courus en cette veille de fête, la cible a donc été bien choisie. Si aucune revendication n'a été observée jusqu'alors, la signature semble toute tracée et le tueur, un réfugié pakistanais ou afghan (non encore confirmé), est entre les mains de la police allemande. Cette qualité de réfugié va sans aucun doute apporter de l'eau au moulin de l'extrême droite allemande mais aussi partout en Europe qui se sont toujours élevés contre l'accueil important, un million accueilli en 2015, de réfugiés, notamment syriens, en Allemagne par Angela Merkel, la chancelière allemande. Quant à la fusillade qui a éclaté dans un centre islamique à Zurich, en dehors des médias locaux qui en ont fait mention, ailleurs, c'est silence radio, c'est à croire que ça n'intéresse personne tant qu'il n'y a pas eu mort d'hommes et pas n'importe lesquels. Après l'attentat de Berlin, lundi, des voix s'élèvent en France, pour exiger plus de sécurité et de lutte contre le terrorisme à l'échelle européenne. Le projet de fichier PNR ou registre des données des passagers aériens tarde, selon certains pays de l'UE, à être mis en place. Il bute notamment sur le débat de société entre sécurité et valeurs de liberté. Aussi certains pays tardent à l'approuver. D'autres voix évoquent la difficulté, au niveau européen, à s'entendre sur un dispositif pour tarir le financement du terrorisme et la nécessité de contrôler les mouvements bancaires, le seuil de contrôle actuel étant trop élevé (au-delà de 10 000 euros). Mais, est-ce ainsi que l'on pourra arriver à mettre fin au terrorisme qui a ses tentacules partout dans le monde ? Au-delà de l'aspect idéologique, bien réel celui-là et consistant pour les commanditaires de Daesh et tous les autres groupuscules avoisinant à chercher à installer partout la Oumma islamique, l'allégeance à ces mouvements s'est malheureusement élargie avec la progression continue des interventions US et alliés en Afghanistan ; invasion de l'Irak ; intervention en Libye, intervention en Syrie, soutien sans lendemain aux printemps arabes... L'ensemble de ces interventions ont été vécues comme des agressions. Leurs résultats sont partout loin d'être glorieux : destruction totale des villes ; renforcement de la mouvance islamiste ; déni de démocratie. S'il devait y avoir aujourd'hui un break des grandes puissances, ce serait pour faire un bilan de ces interventions malvenues et des catastrophes que la volonté de conduire le monde par les grandes puissances a engendrées. S'il devait y avoir une aide quelconque à apporter aux contrées en conflit, il faudrait peut-être que les puissances du monde laissent aux populations sur place le choix de leurs gouvernants et de la manière dont ils envisagent de se libérer des pouvoirs en place, si cela était leur volonté.