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“Saddam avait une logique génocidaire�
Entretien avec Ibrahim Hawramani, directeur du mémorial des victimes de Halabja
Publié dans Liberté le 23 - 02 - 2004

M. Ibrahim Hawramani est journaliste et dirige, depuis septembre 2003, le Mémorial de Halabja, un monument érigé à la mémoire des 5 000 Kurdes massacrés à l’arme chimique.
Liberté : M. Hawramani, certaines sources affirment que la population de Halabja avait été avertie que la ville allait être bombardée, et que c’était l’armée iranienne qui était visée par le gazage à l’arme chimique. Que répondriez-vous à ces allégations ?
Ibrahim Hawramani : Ces allégations sont un tissu de mensonges et sont totalement infondées. Moi, en tant que témoin oculaire, je peux vous dire ce qui s’est passé. L’armée irakienne était en cette période-là fortement mise à mal par son adversaire iranien. Dans la journée du 16 mars 1988, exactement à partir de 11h20 du matin, des escadrons de l’aviation irakienne se sont mis à larguer des bombes sur Halabja, et ce, par plusieurs vagues successives. Je me rappelle que c’était à l’heure de la prière du dhohr.
Quel âge aviez-vous à l’époque ?
Oh, je n’étais pas très jeune, je suis né en 1963. J’avais 25 ans et j’étais un déserteur de l’armée irakienne. Donc, je disais que l’agression a commencé par un largage de bombes. Pourquoi les bombes ? C’est afin de pousser les gens à aller se cacher dans les abris apprêtés pour se mettre à l’abri des bombardements. Vers 15h30 du même jour, ils ont commencé à bombarder Halabja à l’arme chimique. L’une des particularités des bombes chimiques est que quand elles explosent, elles ne produisent pas une forte déflagration comme les bombes conventionnelles. Les gens ont senti qu’ils venaient d’être bombardés à l’arme chimique et ont voulu fuir leurs abris vers l’extérieur de la ville. À ce moment-là , l’armée irakienne s’est mise à bombarder les routes reliant Halabja au monde extérieur afin d’empêcher les villageois de sortir de la zone gazée et afin qu’il n’y ait aucun survivant pour témoigner de cet horrible génocide devant l’Histoire.
Les abris dans lesquels ils étaient réfugiés ne leur étaient d’aucun secours, c’est bien ça ?
Dans les maisons traditionnelles à Halabja, les gens ont tous des caves ou des sous-sols pour y stocker des vivres ou y ranger les meubles dont ils n’avaient pas besoin. Par la force des choses et au fil des guerres à répétition, ils sont devenus des abris pour se prémunir contre les bombardements. Mais ces abris n’étaient pas faits pour se protéger des armes chimiques. Je dois préciser que lors de ce massacre, trois sortes de bombes chimiques ont été utilisées : la première provoquait une asphyxie, la seconde brûlait le corps et la troisième s’attaquait au système cérébral et faisait perdre la raison. Ce génocide barbare a fait officiellement 5 000 morts et 10 000 blessés.
Y avait-il beaucoup de réfugiés en Iran ?
Toute la population de Halabja qui avait survécu au massacre s’était réfugiée en Iran. La région de Halabja, en y incluant les villages voisins, comptait à l’époque plus de 80 000 habitants.
Y a-t-il encore des réfugiés en Iran ?
Oui, il y a à ce jour des réfugiés kurdes qui sont restés en Iran.
Vous avez parlé de 10 000 blessés suite au massacre de Halabja. Y a-t-il une prise en charge de ces blessés, sachant que l’arme chimique ne pardonne pas ?
La prise en charge de ces blessés est effectivement très délicate. Il faut savoir que beaucoup d’entre eux ont perdu la vue des suites du gazage de la région. D’autres ont des problèmes respiratoires, d’autres encore sont devenus stériles, d’autres ont des problèmes cérébraux et ont perdu la raison. Et j’en passe. Une partie de ces blessés est prise en charge par le gouvernement kurde autonome en collaboration avec les organisations humanitaires internationales pour essayer de les envoyer à l’étranger.
Les familles des victimes ont-elles été indemnisées ?
Le gouvernement autonome a fixé une pension mensuelle aux familles des victimes. Mais les rescapés de Halabja ont surtout besoin d’assistance et de soins psychologiques tant ils ont été traumatisés.
Quelle est l’histoire du monument que vous dirigez ?
Ce monument a été construit par le gouvernement kurde autonome sur décision du DrJalal Talabani. Le projet était suivi par une commission spéciale créée par le Conseil des ministres du gouvernement kurde autonome qui a dégagé un budget ouvert à cet effet. Donc, le monument a été entièrement financé par des fonds propres. Nous n’avons reçu ni aide internationale ni aide des ONG. Ce monument se voulait un symbole pour témoigner des injustices commises contre le peuple kurde de manière générale et la population de Halabja en particulier. C’est aussi pour affirmer que l’arme chimique a bel et bien été utilisée par Saddam Hussein contre le peuple kurde, et que les armes de destruction massive existent réellement en Irak.
Le massacre de Halabja va sans doute peser lourd dans le jugement de Saddam. Comment voyez-vous le déroulement de ce procès ?
Il y a beaucoup d’organisations humanitaires qui activent en ce moment dans le Kurdistan irakien, et qui s’attellent à la collecte des plaintes contre Saddam Hussein.
Nous avons également une association des familles des victimes de l’arme chimique, et cette association travaille sur la collecte de documents et de témoignages qui vont être versés au dossier d’inculpation de Saddam Hussein.
Vous préférez que Saddam soit jugé à La Haye ou bien en Irak ?
Nous sommes plutôt pour son jugement en Irak, et qu’il soit jugé conformément au droit humanitaire. S’il est jugé selon le droit irakien, cela est un non-sens. Qui a élaboré le droit et les lois irakiens ? Le droit irakien a toujours été l’œuvre des régimes fascistes qui se sont succédé en Irak. Nous sommes donc contre le jugement de Saddam par des magistrats irakiens. Ceci étant dit, le monde entier sait ce qu’il a commis. Chacune des fosses communes qui parsèment l’Irak, d’Al-Basra à Mossoul est un témoin vivant des crimes de Saddam. Saddam avait une logique “génocidaire�. Nous n’avons pas besoin de constituer un dossier pour le faire condamner. Si Saddam doit être jugé conformément au droit international, il n’a pas besoin d’un dossier pour cela ou de pièces à conviction. Halabja est à elle seule un document ouvert qui suffit largement à l’accabler.
Êtes-vous favorable à l’indépendance du Kurdistan ?
Dieu merci, l’avenir du Kurdistan s’annonce sous les meilleurs auspices du monde. D’ailleurs, les directions des deux principaux partis, à savoir l’UPK et le PDK, s’entendent sur les principes fondamentaux. Personnellement, je suis pour un État kurde indépendant, non pour un État autonome dans un cadre fédéral. En tant que journaliste vivant dans le Kurdistan irakien, il est de mon plein droit de revendiquer mon indépendance. Moi, je suis contre le fédéralisme basé sur la division de l’Irak en provinces (équivalent des wilayas en Algérie, ndlr). Moi, je suis pour un état fédéral partagé en territoires, pas en provinces, de façon à ce que tout le territoire kurde soit un État. Si on appliquait le fédéralisme des provinces, cela signifierait que l’on va assister à la création de 18 États en Irak. Et cela va conduire à une sécession de l’Irak plutôt que son unification.
Cela ne vous paraît pas un rêve impossible dans la conjoncture actuelle où les pays de la région se sont tous ligués contre un tel projet ?
Je suis outré quand je vois que les gouvernements de la Turquie, de l’Iran et de la Syrie se sont entendus pour faire en sorte que les Kurdes ne s’entendent jamais pour avoir leur propre État. Pourquoi eux ils ont tous les droits et pas nous ? Je viens de lire que même l’Arabie Saoudite a exprimé des appréhensions quant aux velléités de création d’un État kurde au nord de l’Irak. De quoi se mêle-t-elle ? L’Égypte pareil.
Quels sont vos rapports avec les Américains ?
Si nous devons les appréhender d’un point de vue politique, qui dit politique dit intérêts. Et notre plus grand allié dans la conjoncture actuelle est les États-Unis. Les Américains ont fait l’essentiel pour nous, en nous débarrassant de Saddam Hussein.
M. B.


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