Par Malika Boussouf [email protected] Il est des jours comme ça où alors que l'on ne résiste pas à garder les yeux et les oreilles pointés sur ce qui se fait et se dit ailleurs, on réalise combien on est encore loin d'accéder à ce que les peuples qui se battent au quotidien pour faire valoir leurs droits à penser librement et à tout ce qui fait qu'une démocratie mérite la reconnaissance et les mots qu'on lui prête enregistrent comme bénéfices ! Je regardais l'autre soir, sur une chaîne étrangère, un ancien premier ministre, qui a emprunté une autre voie, accepter de se faire malmener sachant que la crédibilité passe indubitablement par le face-à-face et que l'on ne peut pas s'adresser à d'hypothétiques futurs électeurs à coups de communiqués ou d'images préenregistrées. C'est toujours dans ces moments-là que l'on se surprend à comparer. Lorsque vous attendez, chez vous, d'un ministre interpellé sur une question précise, qu'il réagisse et qu'il ne le fait pas, cela ne vous étonne même plus. Pourquoi se sentirait-il concerné par une affaire qu'il a lui-même créée ? Surtout si cette dernière se révèle embarrassante à plus d'un titre. C'est devenu la règle en Algérie que l'on ne réagisse que pour faire montre d'autorité. Et alors que vous regardez cette autre personnalité s'expliquer, assumer ou regretter un geste ou des propos tenus dans un autre contexte, vous vous souvenez, en enviant la façon dont sont conduites les choses, que toute votre vie, vous vous êtes demandé comment étaient choisies les personnes installées pour conduire les affaires du pays. Pourquoi en Algérie n'éprouve-t-on aucune gêne à offrir le meilleur à des cavaliers sans monture ? A des individus qui évoluent sans difficulté dans une cour traditionnellement réservée à des «grands» ! On dit que pour se sentir important il ne faut pas côtoyer les gens intelligents susceptibles de remettre en cause vos aptitudes. Celles qui vous ont permis de faire illusion. Pour jouer les supérieurs, il faut piocher dans le fond du panier et n'adouber que ceux dont l'ignorance rivalise avec la vôtre. Faut-il, pour tenir à distance la capacité d'être malfaisant, dénoncer ou faire le dos rond ?