La photographe française Aurore Vinot expose ses œuvres à Dar Abdeltif jusqu'au 9 février. Traitant des couples mixtes, «Makeda» renvoie à la reine de Saba dont l'histoire d'amour avec le roi Salomon représente, selon l'artiste, la première union mixte de l'Histoire. L'ensemble du travail d'Aurore Vinot concerne plusieurs pays dont l'Afrique du Sud, le Liban, le Congo et l'Algérie. La partie qui concerne ce dernier pays est donc exposée depuis samedi à Dar Abdeltif, comportant une quarantaine de portraits de couples mixtes algériens accompagnés d'anecdotes et de chroniques. Réalisées en noir et blanc et empreintes de réalisme et de spontanéité, ces photographies renvoient davantage à des photos-souvenirs plutôt qu'à une réappropriation artistique du sujet. Aurore Vinot estime que la forme s'est imposée naturellement vu la nature de la thématique et la volonté de suivre ces couples dans leurs lieux de vie et de souvenir et de leur laisser carte blanche sans la moindre mise en scène. Ainsi s'installe très vite une impression assez confuse entre voyeurisme et une certaine indifférence face à ce qu'on regarde. Il s'agit, en effet, de l'une de ces expositions où la démarche prime sur la forme, lui donne sa raison d'être et son utilité en dehors de toute ambition esthétique. Selon le texte de présentation : «Makeda Algérie explore les conventions sociales et analyse les balancements d'une société sur la mixité. Par ce lien charnel et trouble, unissant la France à l'Algérie, j'ai décidé de réaliser mes premiers clichés de couples mixtes dans ce pays que j'affectionne tant.» Or, au thème assez bancal et culturaliste à souhait, s'ajoute la dépendance de l'image vis-à-vis du texte explicatif, la première ne suffisant pas à elle-même, le second devenant le véritable enjeu de l'exposition. Répartie sur des portraits de couples et des photos urbaines d'Alger, d'Oran et de Béjaïa, «Makeda» nous présente entre autres Lyria l'Algérien et Safouane le Syrien qui partagent l'amour du voyage et la curiosité réciproque pour leurs cultures respectives ; le couple algéro-égyptien Nassima et Shehab parents d'un petit garçon et dont l'union a failli trébuché sur le fameux conflit footballistique entre les deux pays ; la Russo-Algérienne Dalila et Amine l'Oranais ; Clément qui parle de la cuisine épicée de sa femme Sarah... L'exposition se situe donc entre le travail documentaire et le photojournalisme non seulement par le thème mais surtout par la plastique de l'image, conventionnelle et tiède. Sa valeur réside sans doute dans cette double caractéristique informative et sociologique, pour ne pas dire ethnographique, si on admet cependant que la photographie en tant qu'art peut se fondre dans la photographie en tant qu'instrument de représentation.