L'ancien ministre du Commerce, Bakhti Bélaïb, est décédé jeudi des suites d'une longue maladie qui l'a contraint à de longues séances de thérapie. Le défunt sera inhumé aujourd'hui à Chéraga. La nouvelle de son décès n'a pas laissé indifférentes les personnes qui ont eu à travailler avec lui directement ou indirectement. Toutes sont unanimes à saluer la mémoire d'un homme «sincère, courageux et modeste». Younès Djama- Alger (Le Soir) - Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection des consommateurs (Apoce) déclare : « C'est un ministre qui a apporté de grandes choses au mouvement associatif, il a été très réceptif, d'ailleurs beaucoup de décisions qu'il a prises l'ont été suite à nos doléances et à nos requêtes. Il a donné un coup de pouce au mouvement associatif, et d'ailleurs c'est grâce à lui et suite à ses instructions que nous avons pu avoir quelques sièges pour nos bureaux de wilaya». C'est le soutien inconditionnel de feu Bélaïb au mouvement consumériste algérien que le président de l'Apoce tient à mettre en relief. Il regrette une grande perte pour l'ensemble des associations de défense des consommateurs, au regard de l'appui qu'elles ont reçu de lui. «Pour nous, et à chaque fois que j'en ai eu l'occasion, je l'ai félicité, chose que je ne fais pas souvent. Car, sincèrement, il a été à la hauteur de nos espoirs et de nos revendications. Il a marqué une empreinte éternelle.» Parmi les mesures phares prises par M. Bélaïb et saluées par les associations, figurent l'étiquetage nutritionnel ainsi que le texte en cours de réalisation sur la limitation du taux de sel et de sucre et autres matières grasses, mais aussi l'arrêté interministériel sur les produits halal, autant de décisions importantes pour le consommateurs que M. Zebdi a tenu à mettre en lumière. Ses décisions parfois dérangeaient énormément, convient le président de l'Apoce. Une perte pour le zawali algérien Malgré les résistances, il a persévéré. «D'ailleurs, il n'y a qu'à se rappeler sa position concernant l'importation des véhicules de moins 3 ans qui était une revendication des associations des consommateurs. Il a été très réceptif et a compris ce qui était en train de se passer sur le marché. Il a pris des décisions immédiates suite à des dossiers qu'on lui a présentés, soit à propos des concessionnaires, soit concernant la hausse des prix. On peut dire que la perte de M. Bakhti est une perte pour le zawali algérien auprès duquel il a toujours été», souligne M. Zebdi. Feu Bakhti Bélaïb n'a pas fléchi malgré un contexte difficile faisant preuve de correction pour redresser le secteur, estime l'économiste Ferhat Aït Ali. «C'est quelqu'un de correct qui voulait faire avancer le secteur (du commerce). Mais il est tombé dans une conjoncture qui ne permettait pas beaucoup de marge de manœuvre, et aussi il est venu dans une conjoncture où la bureaucratie a repris le dessus d'une manière importante», rappelle M. Aït Ali. Il relève que feu Bélaïb s'est toujours montré ouvert à toute discussion technique en rapport avec le secteur. «Il a tout fait pour essayer de faciliter le climat et il s'est même plaint des interférences d'autres ministères», indique M. Aït Ali. Le président de l'Association nationale des commerçants algériens (ANCA), Hadj Tahar Boulenouar, a salué la mémoire de Bakhti Bélaïb, qualifiant son décès de «perte». Pour au moins deux raisons. «Il a été un ministre qui a ouvert les portes aux représentants des associations professionnelles et de protection du consommateur. Pour nous, il était d'une grande modestie, en plus d'être de dialogue. En second lieu, l'ancien ministre a fait beaucoup d'efforts pour combattre le monopole et le transfert illicite de devises», ajoute M. Boulenouar qui rappelle que l'ancien ministre a été l'objet d'attaques de la part des barons du marché noir, soulignant que Belaïb «avait une intense sincérité pour assainir le secteur du commerce. Sur le volet lié aux exportations, Bakhti Bélaïb s'est également énormément investi dans la promotion du commerce extérieur. C'est lui qui a appelé le représentant des exportateurs algériens, un mois après sa nomination à la tête du ministère, afin de réfléchir sur la manière de booster les exportations algériennes. C'est à lui qu'on doit la mise en place d'une cellule de suivi des exportations regroupant le ministère du Commerce et les opérateurs algériens. Plusieurs rencontres périodiques ont été tenues et au cours desquelles des débats francs avaient eu lieu, comme le souligne le président de l'Association des exportateurs algériens (Anexal), Ali Bey Nasri, qui rappelle que M. Bélaïb s'est montré très attentif aux doléances des exportateurs.