Bien que réglée lors du congrès du parti à l'issue duquel Ahmed Ouyahia a scellé sa mainmise en écartant, notamment, ses détracteurs des centres de décision, la crise au sein du RND semble se prolonger, mais ailleurs. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - C'est au sein de l'exécutif que coordonne le Premier ministre Abdelmalek Sellal que se jouent les prolongations d'un bras de fer qui ne semble pas prendre fin. Il faut dire que le retour de Bakhti Bélaïb au gouvernement à la faveur du remaniement gouvernemental de fin juillet 2015 était perçu comme un «signal» en direction du directeur de cabinet du président de la République qui venait de reprendre les rênes du RND, les deux hommes n'ayant jamais été en odeur de sainteté, le premier faisant partie de ceux qui ont été derrière le débarquement du second de la tête du parti et n'ayant tout naturellement pas digéré son come-back et de surcroît en fanfare. Preuve de cette poursuite d'échange des amabilités par procuration, côté Ouyahia, les récentes sorties du ministre du Commerce pas au goût de la direction du RND. En effet, le chargé de la communication du parti a mis à profit la tenue d'une réunion organique pour descendre en flammes Bakhti Bélaïb. «Celui qui a un problème se proclame le plus propre et accuse tous les autres d'être impliqués dans la corruption», soutenait Seddik Chihab, samedi, lors d'une session du conseil de la wilaya d'Alger du parti. Même s'il ne dément pas que la corruption gangrène la société, l'orateur dira croire en la volonté de l'Etat dans son combat contre ce fléau, ajoutant que «notre rôle consiste à participer à limiter de son étendue mais en toute sérénité». Et à Chihab de s'interroger : «Pourquoi n'y a-t-il pas quelqu'un pour dire que cela est impossible ?» Cette sortie de Chihab constitue une réplique à Bakhti Bélaïb qui, la semaine dernière, a étalé au grand jour les dépassements d'un importateur qui a menacé le département ministériel qu'il dirige, le ministère du Commerce, de connivence avec des cadres du département. Si jusque-là elle était indirecte, l'attaque contre Bélaïb se fait on ne peut plus claire et concise. Parlant de l'option de retour à l'importation des véhicules de moins de trois ans annoncée par le ministre du Commerce la semaine dernière, le porte-parole du RND estimera que c'est là une «décision impulsive à conséquences multiples». Et de s'expliquer, s'interrogeant sur l'objectif derrière cette décision au moment où, dira-t-il, «le ministère de l'Industrie et des Mines fournit des efforts titanesques à l'effet de réduire la facture d'importation des voitures, établissant un cahier des charges pour réguler le marché des voitures». Pour Chihab, la décision du ministère du Commerce signifie la «vanité des visions stratégiques du ministre de l'Industrie et des Mines», Abdeslam Bouchouareb, fidèle parmi les plus fidèles de Ouyahia. Voici qui renseigne sur une guéguerre qui semble participer, elle aussi, au manque de cohésion et de solidarité au sein de l'équipage de Sellal où les ministres se tirent une balle dans le pied, parfois directement et parfois d'autres par procuration, en prolongement d'un conflit purement partisan, quand il n'est pas tout simplement personnel.