Au vu de la chute vertigineuse des prix du baril du pétrole, l'Algérie, depuis quelques années, table sur la diversification de son économie. L'axe le plus important est certainement le retour aux sources, la terre. L'agriculture est pour sûr le secteur le plus important pour la stabilité, voire l'élan économique du pays. Mounira Amine-Seka - Alger (Le Soir) - Depuis son indépendance, l'Algérie a vu défiler bien des politiques agricoles, sans pour autant arriver à sortir son épingle du jeu. Ce pays, appelé autrefois «grenier de l'Europe», se retrouve à importer les produits agricoles les plus élémentaires, telle la pomme de terre. Les ouvriers agricoles du temps du colonialisme français qu'on appelait «khemmassine» parce qu'ils ne gagnaient que le cinquième de la récolte, se virent devenir autogestionnaires des exploitations des colons qui assuraient non seulement l'autosuffisance, mais qui exportaient également divers produits vers l'Europe. La révolution agraire imprimée à l'économie agricole, venue confirmer l'orientation socialiste et qui prit place durant huit années (1971-1979), a imposé aux exploitants des terres non exploitées nationalisées, un mode de gestion collectif, ce qui a encouragé les agriculteurs à accéder aux produits de base par le soutien de leur prix à la consommation, au vu du vaste programme d'investissement agro-industriel. Cette même période a vu naître de nouvelles institutions de recherche, d'information et de vulgarisation agricole, ainsi que le développement d'infrastructure et d'équipements de base, en milieu rural, constituant ainsi, un des plus grands atouts de ce secteur. Pendant deux décennies, depuis son adoption en 1963, le modèle agro-importateur a engendré l'extraversion de l'industrie agroalimentaire. Un modèle qui a vu bien des réformes défiler, dont la transformation des domaines agricoles socialistes en exploitations agricoles collectives et individuelles, gérées par un droit de jouissance perpétuelle. Des réformes amplifiées lors des années noires, au vu des crises financières dues à l'insécurité que connaissait le pays et aux mesures d'ajustement structurel orientées vers l'économie de marché. Tant de facteurs qui ont mené à la création de Chambres d'agriculture, parallèlement au démantèlement de certaines entreprises publiques de valorisation de produits agricoles, des offices d'approvisionnement, du système de coopératives de services et donc, à la chute vertigineuse des investissements agricoles. Pire, à des transactions informelles du foncier agricole. Il aura fallu attendre 1992 pour que les experts et les universitaires se réunissent autour d'une consultation nationale et pour la première fois, l'administration de l'agriculture est appelée à recentrer son rôle sur ses missions souveraines de réglementation, de régulation, de contrôle et d'appui aux créateurs de richesse. Malheureusement, les recommandations de cette conférence n'ont pu être appliquées en raison de la crise financière que vivait l'Algérie à cette époque. Au retour de la stabilité et la sécurité, les finances publiques se sont redressées et la clôture du programme d'ajustement structurel, avaient permis au gouvernement de l'époque de lancer un plan national de développement agricole et rural (2000-2008). Ce plan a permis l'investissement privé dans les exploitations agricoles et les zones intérieures du pays, au vu des fonds importants orientés dans ce sens. Un plan qui a été appuyé par la stratégie de développement rural durable, en 2004, ce qui a permis la valorisation des ressources naturelles et l'instauration de nouvelles relations entre public et privé. Aujourd'hui, plus que jamais, l'Algérie aspire à la diversification de son économie. Une économie dont la force dépend de celle de l'agriculture, ce secteur dont toutes les tentacules aboutissent à l'industrie. L'un des segments les plus importants, est celui de l'huile d'olive qui détient une place importante sur le marché mondial au vu de son prix 30 fois plus élevé que celui du pétrole. Qui l'eut cru ? Cet or vert pourrait donner naissance à un début de convalescence à l'économie algérienne. L'investissement dans les oliveraies, parallèlement à d'autres ségments de l'agriculture, serait un bon début pour redresser l'économie nationale. Dans ce cadre, mercredi dernier, le Bureau national d'études pour le développement rural (Bneder), a annoncé que la wilaya d'Alger a adopté le projet de fermes pilotes au sein de l'espace «Dounia Parc». En effet, Khaled Benmohamed, directeur des études au Bneder, a indiqué qu'au vu de la qualité du sol desdits lieux qui s'adaptent parfaitement au plan «Agriparc», selon une étude du sol effectuée par le Bneder et qui atteste que le sol en question s'adapte parfaitement à la culture d'agrumes et d'oliviers et à la promotion d'activités agricoles artisanales, impliquant la production de lait et dérivés et l'élevage du bétail. Ainsi, les espaces agricoles et les espaces de loisirs s'alieront dans un style architectural particulier et cet espace verra le lancement d'un plan d'aménagement d'espaces de loisirs et de plantation d'agrumes et d'oliviers. Le lancement de ce projet «pionnier», comprendra également la plantation de plantes odoriférentes et médicinales. Cet espace s'étalera sur une superficie de 156 hectares, conciliant espaces verts et de loisirs. Au titre de la première étape pilote dans laquelle s'inscrit le parc Dounia, 23 parcs ont été recensés à travers Réghaïa, Rouiba et Dely Brahim, outre les parcs de Khraïssia et de Chéraga qui représentent respectivement 372 et 560 ha. En collaboration avec le Shéma natrional d'aménagement du territoire (SDAT),les communes, les circonsctriptions administratives et les associations ; le bureau d'études agricoles procédera à une étude sur les 23 parcs recensés. La campagne 2015/2016 a observé une hausse de la production oléicole de 25%, atteignant une récolte de 900 000 hectolitres, à travers le territoire national. Le taux le plus élevé, enregistré ces 15 dernières années. Cette évolution de 7%, comparée à celle de la campagne précédente, relevée par l'observatoire national des filières agricoles, dans le segment huile d'olive, est le résultat de production de pas moins de deux millions cinq cent mille oliviers, faisant grimper la production d'olives de 50 000 tonnes, passant de 420 000, lors de la campagne précédente, à 470 000 tonnes, cette année, marquant ainsi un accroissement de 13%. L'objectif fixé, à l'horizon 2019, vise une production de 8,1 millions de quintaux par rapport à la production actuelle qui est de 6,9 millions de quintaux avec l'entrée en production de nouvelles plantations, notamment celles des régions steppiques et du Sud. L'autre objectif consiste à développer l'exportation de 5 millions de litres d'huile d'olive, pour une valeur de 14 millions de dollars. Un objectif qui reste tributaire de l'organisation des acteurs de la filière et de la facilitation des procédures à l'export. Le Palais des expositions , aux Pins Maritimes, Safex, ouvrira les portes du «Salon international de l'olive, huile d'olive, process et dérivés de l'olivier», du 22 au 25 février 2017. Cette première édition du genre en Algérie accompagnera des professionnels du secteur oléicole sous le thème « Pour un développement économique et durable du secteur oléicole ». Ce salon qui réunira producteurs oléiculteurs, experts et exposants, se veut une vitrine incontournable en Méditerranée, qui pourrait s'avérer pour le pays, un portail ouvert au marché international. En marge des activités de ce salon, des experts de renom seront présents pour répondre aux questions et interrogations des intéressés. L'organisateur de ce Salon, M. Samir Gani, a pour objectif de faire d'Alger, à travers ce Salon, la capitale internationale de l'huile d'olive.