Visiblement revigoré par le dernier Conseil des ministres où le président de la République aurait consacré une large part au secteur de l'agriculture, et au cours duquel le même président a pris la décision de lancer immédiatement la mise en valeur du million d'hectares de terre agricole en irrigué, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, a saisi l'occasion de sa venue ce jeudi à Bouira pour dire tout ce qu'il pense de la politique d'importation, tant des produits de large consommation que ceux relevant des produits de luxe. Ainsi, tout au long de la conférence de presse animée en marge de sa visite, au niveau de la résidence Nassim de la wilaya, le ministre est revenu à plusieurs reprises sur la politique d'importation des produits de consommation. Il dira, dès le début, que pour lui, les seuls produits qui vaillent la peine d'être importés sont ceux classés parmi les produits de première nécessité. «Je veux parler des céréales, des légumes secs et du lait», dira-t-il sur un ton solennel, en rappelant que le secteur agricole a contribué durant l'année 2014 à hauteur de 9,8% dans le BIB et que la valeur du produit agricole pour la même année et avec une croissance annuelle des cinq dernières années de 11 %, a atteint les 2 765 milliards de dinars, soit l'équivalent de 35 milliards $ et une facture d'importation avoisinant les 4 milliards $. «Vous me poserez la question : où est la différence, soit quelque 31 milliards $ ? Je vous dirai qu'elle est partie dans les produits du luxe et je n'en suis pas responsable» dira-t-il encore une fois, avant de revenir sur le sujet lors d'une autre question sur la préférence du produit local, en disant qu' «il est vraiment temps d'établir une liste exhaustive des produits à importer afin que le produit local soit valorisé et mieux commercialisé, surtout en ces moments de crise pétrolière et de la chute des recettes en devises». Cela étant, le ministre s'est largement étalé sur le million de terre agricole à mettre en valeur durant l'actuel quinquennat, qui permettra, selon lui, à l'horizon 2020 à l'Algérie d'atteindre une autosuffisance alimentaire, puisque, actuellement, l'Algérie et grâce au plan national de développement agricole et toutes les politiques agricoles appliquées jusque-là, a pu atteindre un taux de 72 % d'autosuffisance de ses produits agricoles. Un taux qui est dans la moyenne mondiale, dira-t-il en rappelant qu'aucun pays ne pourra vivre en autarcie et que même les pays les plus développés ont toujours besoin des autres pays pour tel ou tel produit à importer. Le ministre fera savoir que même si ces mises en valeur dont les études ont été achevées, et que des grands périmètres irrigués, relevant du ministère des Ressources en eau, et des moyens et petits périmètres hydrauliques, relevant du ministère de l'Agriculture, ont été identifiés et recensés, et toucheront toutes les wilayas du pays, la plus grande superficie concernant le Grand Sud. Un Grand Sud qui vient de bénéficier à la faveur du dernier Conseil des ministres présidé par le président de la République, d'un nouveau découpage avec neuf nouvelles wilayas, citant comme exemple, la daïra de Mghaïer, pôle agricole par excellence, située entre Oued Souf et Touggourt, et qui sera promue comme wilaya, au même titre que Touggourt, etc. des mises en valeur en irrigué afin d'échapper aux caprices de la nature et aux aléas climatiques qui nous ont toujours joué des tours, dira le ministre qui rappelle la chute des rendements des céréales en 2014 à cause du stress hydrique d'avril et mai de la même année. Et puisque dans ce Grand Sud, le débat est actuellement au schiste, le ministre qui a été interpellé sur ce point, rappellera simplement le dernier communiqué de la présidence où il est question d'exploration. «L'exploitation du gaz de schiste n'est pas d'actualité» dira-t-il en rappelant concernant les manifestations que le dialogue entre toutes les parties devra être encouragé pour ne pas tomber dans les manipulations. Rappelons que dans la wilaya de Bouira, le ministre a eu à inaugurer le Salon national de l'agriculture qui a lieu au niveau de la salle OMS Rabah-Bitat de Bouira du 29 au 31 janvier courant, avant de visiter plusieurs autres régions de la wilaya en inspectant une unité d'extraction d'huiles essentielles et de fabrication de fertilisants biologiques à Lakhdaria, le siège du parc national du Djurdjura ( PND) à Bouira, où il lui a été présenté également le programme d'action de la conservation des forêts, le complexe frigorifique privé et les détails sur les capacités du froid et les perspectives de développement de cette filière à travers la wilaya, à Aïn Bessem où le ministre a pris également connaissance du projet de réhabilitation du périmètre irrigué des Aribs sur une superficie de 2200 hectares, et enfin, à M'chédallah, région oléicole par excellence où le ministre a visité une huilerie moderne avec présentation de la filière oléicole et la campagne 2014/2015 où plus de 6 millions de litres d'huile sont attendues. Des indicateurs tout aussi prometteurs qui ont amené le ministre, lors de la conférence de presse, à présenter la wilaya de Bouira comme l'une des plus prometteuses dans le domaine agricole et, partant, dans le nouvel essor économique et l'autosuffisance alimentaire auxquels aspire le pays.