Alors que Gianni Infantino retrouvait une cinquantaine de présidents de fédérations africaines à Johannesburg à l'occasion d'une rencontre dédiée au développement du sport-roi en Afrique, plusieurs responsables du continent s'expriment sur l'avenir immédiat de la CAF, auprès de laquelle le vieux Camerounais Issa Hayatou sollicite un huitième mandat. Le 16 mars prochain à Addis-Abeba, la Confédération africaine de football découvrira son nouveau président, lequel pourrait être (encore) un certain Issa Hayatou intronisé lors du congrès électif de 1988 au Maroc. Une réélection qui ne semble pas faire de doute en dépit de la présence d'un concurrent face au prince de Garoua, en l'occurrence le Malgache Ahmad Ahmad soutenu par une quinzaine de fédérations nationales appartenant toutes à la confédération régionale de l'Afrique australe. La Cosafa, puisque c'est d'elle qu'il s'agit, s'est en effet exprimée officiellement en faveur de la candidature de l'ancien ministre des Sports malgache et s'est «mouillée» corps et âme pour sa cause. Par le passé, seuls l'Angolais Armando Machado et le Botswanais Ismaël Bhamjee avaient osé rivaliser, sans véritable soutien, avec Hayatou devant les électeurs (tous acquis au Camerounais) de la confédération. En défendant son dossier chez qui de droit, les membres de l'AG de la confédération en particulier, mais également en initiant des actions pour «casser» le mythe du Camerounais chargé de tous les maux qui tassent la pratique du jeu à onze sur le continent. Pour les souteneurs d'Ahmad Ahmad, conduits par le président zimbabwéen de la Cosafa, Phillip Chiyangwa, également directeur de campagne du Malgache, et son lieutenant sud-Africain Danny Jordaan, Hayatou a fait son temps et son beurre et il doit quitter la table. Pour eux, le changement est désormais incarné par le Malgache Ahmad Ahmad qui représente la jeune garde à qui doit revenir le pouvoir de mener le football africain vers les sommets. Une «opposition» devant laquelle Issa Hayatou tremble même s'il peut compter sur le large soutien de nombreuses associations nationales acquises à sa cause. Probablement même du soutien du néo-président de la Fifa, le Suisse Gianni Infantino, dont la visite depuis hier en Afrique du Sud où il doit rencontrer la majorité des représentants des fédérations nationales africaines, n'est pas fortuite. Certains observateurs pensent même que l'ex-SG de Sepp Blatter s'invite dans le débat africain dans le seul but de brimer les opposants, avoués ou supposés, de Hayatou. Parmi lesquels on pourrait compter le patron de la NFA (Nigerian football Association) Amaju Pinnick qui s'est exprimé clairement sur la succession à la présidence de la CAF. Face au micro de la BBC, le dirigeant nigérian a fait savoir que le rendez-vous du 16 mars prochain est un «moment décisif pour le football africain» assurant que malgré la marge qui existe entre Hayatou et Ahmad, candidat qu'il a qualifié «de «courageux», « quelque chose me dit qu'une nouvelle génération de dirigeants se prépare à investir les sphères de la confédération». Et d'asséner que «même si Hayatou pourrait encore gagner le vote, il sera condamné de prendre en considération les avis qui ne lui sont pas favorables. Je dois, pour ma part, travailler avec lui s'il gagne mais je prie pour que des gens comme Ahmad soient les nouveaux bâtisseurs du football en Afrique». Infantino qui devrait, au passage, annoncer aux membres de l'AG de la CAF l'attribution de quatre places supplémentaires à l'Afrique lors du Mondial-2026, sera-t-il convaincu de la démarche des détracteurs de Hayatou ? Ou bien fera-t-il appel à l'esprit de revanche pour faire payer à Hayatou son ralliement à Sepp Blatter puis au candidat asiatique, le Bahreïni Chikh Salman, lors du congrès électif de l'an dernier ?