Dans leur première conférence de presse tenue dans l'après-midi de samedi dernier, à l'issue de leur réunion, au siège de la fondation Matoub, sis à Taourirt Moussa, dans la daïra de Béni Douala, les membres du bureau exécutif du RPK, Rassemblement pour la Kabylie, le nouveau parti autonomiste, se veulent rassurants en donnant plus de lisibilité à leur démarche et au concept d'autonomie prôné par leur mouvement. «Nous sommes un mouvement autonomiste qui s'inscrit dans la régionalisation et non pas dans le régionalisme. Il est respectueux de toutes les autres communautés de l'Algérie. Le régionalisme est une tare du pouvoir autoritaire algérien qui ne s'est construit, depuis 1962, que sur le favoritisme et le clientélisme. Sa politique d'exclusion envers la Kabylie, notamment sur les projets d'investissement publics, à laquelle il faut ajouter les pressions fiscales sur les opérateurs privés, constitue un véritable chantage pour la normalisation politique et l'assimilation identitaire», proclament-ils. Une manière d'éviter tout mauvais procès et jugement de valeur qu'un large courant d'opinion en Algérie accole depuis sa naissance au MAK de Ferhat Mhenni. Un mouvement avec lequel les dirigeants du RPK entendent marquer leur différence. Oui pour l'autonomie et non au séparatisme, semblent-ils dire, de façon prosaïque. Un positionnement qui, bien entendu, leur a valu une volée de bois vert et toutes sortes de noms d'oiseaux de la part du dirigeant du parti indépendantiste, Ferhat Mhenni. A ce dernier, les représentants du RPK rétorquent qu'il n'est nullement dépositaire ni n'a le monopole de la revendication d'un statut particulier pour la Kabylie. Mieux, les animateurs et dirigeants du RPK se placent dans le lignage des précurseurs de la pensée autonomiste en Algérie dont les bases ont été jetées au début des années 1990 par des élites politiques et intellectuelles venant de la mouvance berbériste, à l'instar du Pr Salem Chaker, Ramdan Achab, Hacène Hirèche, pour ne citer que ces trois universitaires que beaucoup d'observateurs considèrent comme étant représentatifs du canal historique du mouvement autonomiste comptant parmi la panoplie d'offres politiques appelant à la refondation de l'Etat algérien comme antidote à la problématique identitaire qui se pose avec acuité, depuis des années, en Algérie. «L'appel à la convention politique des autonomistes kabyles du 30/12/2016 apporte en soi des éclairages sur notre initiative politique en évoquant ses fondements politiques et sa filiation sur le plan historique (...) la création du RPK est le résultat d'une maturation d'un projet en gestation depuis la publication du Manifeste pour la reconnaissance constitutionnelle d'un statut politique particulier de la Kabylie, le 7 décembre 2014», écrivent Hamou Boumedine, coordinateur et porte-parole du RPK et ses amis qui se revendiquent de l'idéal de ces précurseurs, à savoir «les fondateurs du premier mouvement autonomiste kabyle le MKL, des fondateurs du MAK, des personnalités connues du Printemps berbère de 1980, des blessés par balle du Printemps noir de 2001, et enfin parmi ses fondateurs, le RPK compte ceux qui ont bravé les menaces du terrorisme islamiste dans les années 1990». Et d'ajouter que leur mouvement «est autonome dans sa démarche et dans ses positions. Il n'est inféodé à aucun clan du pouvoir algérien et il ne le sera à aucun lobby étranger. Nous représentons une sensibilité qui est la nôtre mais nous défendrons sans concession aucune les intérêts majeurs de la Kabylie, et si la nécessité nous le commande, nous nous interposerons politiquement à toute tentative d'instrumentalisation de la Kabylie d'où qu'elle vienne», assènent-ils, dans un discours fourmillant de formules qui tout en étant allusives, mais dénuées d'ambiguïtés, sonnent comme des mises au point à leurs contradicteurs qui se sont déjà signalés, en l'occurrence les militants du courant indépendantiste du MAK. Restant toujours dans cette démarche de clarification, le RPK s'affiche comme «un mouvement démocratique qui fait de la non-violence une valeur fondamentale. Pour nous, la Kabylie est une région de la diversité et du pluralisme où toutes les tendances ont droit à l'existence dès lors qu'elles s'inscrivent dans un cadre pacifique. Le combat identitaire de la Kabylie est un combat sans relâche qui a porté ses fruits. Il a permis à toutes les sensibilités de s'exprimer. Nous n'avons aucune prétention de représenter le peuple kabyle dans sa globalité. Les partis, à ancrage kabyle, qui se placent dans une dimension nationale sont pour nous une richesse».