«Après le parachèvement des études techniques du projet, prévu en janvier 2017, le lancement du chantier du port commercial d'El-Hamdania est programmé pour le mois de mars 2017», avait annoncé, en octobre de l'année dernière, le ministre des Travaux publics et des Transports. Malgré ce solennel engagement du ministre, le scepticisme nourri par certains à l'époque est aujourd'hui un fait parce qu'il faut dire qu'au fur et à mesure que les mois s'écoulent depuis, ce fabuleux projet n'en finit pas de prendre les allures d'un vœu pieux. Il faut dire que ce n'est pas la communication officielle, des autorités locales ou des responsables de l'exécutif, par trop défaillante qui permet de lever le voile sur le devenir de ce projet désormais sujet à toutes les rumeurs imaginables, à la mesure de ce méga-port commercial jouxtant la zone touristique d'El Hamdania, qui s'étend sur une superficie de plusieurs centaines d'hectares et devant générer des milliers d'emplois. Il est évident que l'édification d'une telle infrastructure augure (augurait ?) des perspectives économiques et sociales du genre à transformer du tout au tout cette région qui ne croule pas sous les ressources autres que celles dont l'a dotée la nature. Ce «projet du siècle», comme le qualifiait le Premier ministre, allait permettre non seulement à la wilaya de sortir de son archaïsme dans la création de richesses mais globalement au pays de s'insérer de manière significative dans l'économie mondiale. Une œuvre d'une importance majeure qu'illustraient les propos de plus d'un responsable à tous les échelons pour souligner l'irréversibilité pour l'Algérie de se doter d'une telle infrastructure destinée, entre autres, au transport de marchandises et, partant, constituer un pôle de développement économique incontournable, après son raccordement aux réseaux ferroviaire et routier, pour ensuite donner un peu plus corps à cette ambition de notre pays de développer les échanges commerciaux avec l'Afrique. Prévue, donc, dans la zone balnéaire d'El Hamdania, à trois kilomètres du centre-ville de Cherchell et à vingt kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Tipasa, cette gigantesque infrastructure nécessite des délocalisations vers des zones dotées de structures d'accompagnement de plusieurs centaines de familles impactées par une expropriation de plusieurs centaines d'hectares de terres agricoles. Le projet a commencé à voir le jour à la conclusion d'un protocole d'accord établi sur la base de la règle 51/49 portant réalisation de ce nouveau port commercial sur le site d'El-Hamdania a été signé le 17 janvier 2016 à Alger entre le Groupe public national des services portuaires et deux entreprises chinoises, la China State Construction Corporation (CSCEC) et la China Harbour Engineering Company (CHEC). Cet accord stipulait la création d'une société de droit algérien composée du Groupe public des services portuaires et des deux compagnies chinoises pour la réalisation de ce projet dont le coût est estimé à 3,3 milliards de dollars, financé dans le cadre d'un crédit chinois à long terme, confiait le directeur des ports au ministère des Transports lors de la signature de ce protocole portant sur la réalisation du futur port d'El-Hamdania dans un délai de sept ans, avec sa mise en service progressive dans quatre ans, laps de temps qui verra l'entrée d'une autre compagnie chinoise, Shanghai Ports en l'occurrence, qui assurera son exploitation. Le Conseil des ministres tenu en décembre 2015 avait donné, doit-on le rappeler, son aval pour la réalisation de ce port commercial sur le site d'El-Hamdania dont le coût a été arrêté au départ à 3,3 milliards de dollars et avait également reçu la bénédiction du gouvernement de la République populaire de Chine qui s'est engagé à le financer par un crédit à long terme. En sus de ces accords, nous avons appris par la suite que des opérateurs algériens avaient décidé de prendre part à la réalisation de ce méga-projet. Mais, depuis quelque temps, le scepticisme quant à l'aboutissement du projet de cette grandiose infrastructure prend de plus en plus forme et, ainsi, la réalisation de ce fabuleux projet risque d'être mise entre parenthèses. A ce titre, des sources ont révélé que la partie chinoise envisageait à un certain moment de se retirer du projet, estimant que des risques menaçaient les retombées financières prévues, ceci sans parler «des nombreux problèmes techniques induits par la nature du site». Mais, d'autre part, dans la région de Cherchell aux environs immédiats de ce projet, il a été constaté et soutenu avec force conviction que ces inquiétudes n'étaient pas fondées du fait que des travaux techniques à El-Hamdania évoluaient sans discontinuer et à bonne cadence. D'autres sources affirment, en revanche, que le projet observe un ralenti en raison d'un retard dû à son financement bancaire qui serait supérieur au milliard de dollars. En dehors de ce scepticisme ambiant chez certains, des rumeurs, parfois frisant le farfelu chez d'autres, et des arguments «économiques» pas évidents à vérifier, il est cette crainte émise ici et là pour alimenter au fur et à mesure les populations de la région et des environs immédiats du projet. Craintes dont la prime a trait à l'incidence sur la nature touristique de la zone à investir, alors que la seconde préoccupation concerne les conséquences sur la flore et la faune locales. Enfin, il est question chez beaucoup de ces inquiets de la protection de l'inestimable patrimoine archéologique dont regorgent El Hamdania et sa région. Cependant, au-delà de ces considérations «sentimentales» des attachés à cette belle région balnéaire d'El-Hamdania, interviennent des arguments de poids pour justifier l'incontournable implantation de ce méga-port commercial sur le site. Une implacable argumentation qui soutient que «ce nouveau port permettra de connecter l'Algérie avec l'Asie du Sud-Est, l'Amérique, l'Afrique et de faire face à la hausse du volume du trafic maritime en direction de l'Algérie tel que prévu avec l'entrée en lice de nouveaux armateurs de renommée mondiale», explique une source avant de mettre en avant le fait que la perspective que ce port devienne un «hub» interconnecté au réseau ferroviaire et autoroutier africain permettra le transbordement des navires en provenance des grandes routes maritimes pouvant accueillir des méga-navires qui transitaient à l'origine par les ports espagnols de Valence, de Barcelone et d'Algesiras, ainsi que par ceux de Gioia Tauro en Italie et Sines au Portugal.