Les ministres qui se sont portés candidats aux élections législatives du 4 mai prochain sont officiellement en congé à compter de ce samedi 8 avril. C'est ce qu'a décidé Abdelaziz Bouteflika, selon un communiqué de la présidence de la République annoncé par l'agence officielle, APS. Les ministres en question se sont fait remplacer, à titre intérimaire, par des collègues à eux dans le gouvernement Sellal. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - «Conformément aux dispositions de la Constitution, et notamment son article 93, Son Excellence, M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a, après consultation du Premier ministre, mis en congé à partir du samedi 8 avril 2017, Mesdames et Messieurs les ministres et ministre délégué, candidats aux élections législatives du 4 mai prochain», lit on, en effet, dans le communiqué repris par l'APS. L'article 93 de la Constitution n'est pas spécialement consacré à traiter des cas des ministres candidats, mais de la nomination des membres du gouvernement en général. C'est dire qu'en la matière, rien n'oblige les ministres candidats à déposer leurs démissions ni à se faire remplacer par d'autres membres du gouvernement avant le lancement officiel de la campagne électorale. Lors des élections précédentes, des ministres candidats ont, par exemple, confié la gestion de leurs secteurs respectifs aux secrétaires généraux des ministères concernés. En choisissant d'intervenir personnellement dans cette affaire, en tranchant pour l'option de «la mise en congé», Bouteflika voulait, visiblement, lancer un message en direction de l'opposition. Il est moins facile, en effet, pour le ministre candidat d'influencer un remplaçant qui a rang de ministre qu'un secrétaire général qui est sous sa tutelle. C'est d'autant plus difficile quand il s'agit d'un remplaçant ministre appartenant à un parti rival comme c'est le cas pour Tahar Hadjar et Ghania Idalia, deux ministres FLN, qui se font remplacer respectivement par Mohamed Mebarki et Azzedine Mihoubi, deux membres de la direction du RND. Seul le ministre des Transports et des Travaux publics, Boudjema Talai, se fait remplacer par un ministre du même parti, le FLN, en l'occurrence le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf. Pour rappel, ils sont seulement six ministres, cinq appartenant au FLN et un seul au RND, à être candidats. Outre, donc, Tahar Hadjar, Ghania Idalia, et Boudjema Talai, le parti de Djamel Ould Abbès compte également comme candidats, Abdelkader Ouali, et la ministre déléguée Aïcha Tagabou. Si le premier est remplacé par un membre du gouvernement sans parti, en l'occurrence le ministre de l'Energie, Nourredine Bouterfa, la seconde ne sera même pas remplacée, ce qui signifie que son ministère délégué à l'Artisanat sera directement géré par son ministre de tutelle, à savoir celui du Tourisme, Abdelouahab Nouri. Quant au parti de Ahmed Ouyahia, le RND, il ne compte qu'un seul ministre candidat, celui des Moudjahidine, Tayeb Zitouni. Il se fait remplacer par son collègue aux Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, un ministre sans parti. Bouteflika veut également tirer les dividendes lorsqu'on précise dans le même communiqué de la présidence que «(...) après consultation du Premier ministre, il (Bouteflika) a mis en congé (...)». Comprendre qu'il s'agit bien d'une initiative présidentielle prise d'autorité et non pas celle des concernés. Il faut reconnaître en effet, qu'un ministre ou alors un Président-candidat part nécessairement avec plusieurs longueurs d'avance sur ses autres concurrents avec la lourde logistique des moyens de l'Etat dont il bénéficie, directement ou indirectement. Abdelaziz Bouteflika, qui s'est engagé publiquement, à plusieurs reprises, à garantir un scrutin régulier, se devait en effet d'accompagner le processus par des mesures pareilles même s'il ne s'agit, en fin de compte, que de gestes symboliques. Sur le terrain, ce ne sont pas que six ministres qui sont en campagne mais l'ensemble du gouvernement ! Depuis des semaines, tous les ministres sont mobilisés avec des visites incessantes à l'intérieur du pays ainsi que d'autres activités hyper-médiatisées, faisant toutes l'apologie du bilan présidentiel, du gouvernement et, donc, celui du FLN. Aussi, depuis le 1er avril dernier, c'est le Premier ministre en personne qui s'implique dans la campagne. Abdelmalek Sellal a repris en effet ses visites à l'intérieur du pays et, ouvertement, ce sont des visites de campagne électorale comme l'atteste la reprise des rencontres avec les «représentants de la société civile». C'était le cas dans la wilaya d'El-Oued, la semaine dernière. Ce sera également le cas à Djelfa où Sellal est attendu après-demain lundi, avant de se rendre, la semaine d'après, à l'Ouest, puis à l'Est l'autre semaine, puis au Grand Sud vers la fin de la campagne électorale. Premier ministre du FLN, il s'agit là d'un appui de taille pour le secrétaire général, Djamel Ould Abbès, en même temps qu'un sérieux contre-poids au secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia.