C'est probablement une première en Algérie qu'un dossier aussi lourd qu'est la peine de mort soit débattu publiquement au sein d'une institution quasi officielle, le bâtonnat de Boumerdès en l'occurrence. Non seulement ce débat sera contradictoire, puisque y participeront les soutiens et les activistes qui y sont contre, mais il sera placé sous la lanterne juridique et humaine. Selon maître Ahmed Benantar, bâtonnier de Boumerdès, président du Comité national algérien de l'UIA (Union internationale des avocats) et membre de la présidence de l'UIA, le maître d'œuvre de ce conclave, des intervenants viendront du Maroc, de Tunisie, de France, de Belgique et bien entendu d'Algérie pour débattre de ce dossier les 28 et 29 avril. Certains orateurs (maître Miloud Brahimi, maître Dmond Frettys, madame Florence Belliver, maître Mustapha Bouchachi...) sont connus au niveau mondial pour leur combat pour les droits de l'Homme en général et leur opposition à cette peine en particulier. Ce séminaire intitulé : «La peine de mort, le débat continue», verra également la participation de juristes mauritaniens et libanais. Des thèmes extrêmement pointus sont au programme. On peut en citer quelques-uns : «La peine de mort en Algérie, pendant la guerre de Libération, après l'indépendance et face au terrorisme.» «L'abolition en France.» «La peine de mort ; les éléments sous-jacents de débat.» «La peine de mort ; paroles de partisans.» Pour maître Benatar «ce débat s'impose puisque, d'une part, la société algérienne a connu des mutations et des évolutions et d'autre part, notre pays n'a pas encore pris de position sur ce dossier.» Effectivement, notre pays a signé, en 1993, un moratoire sur la peine de mort et a, depuis cette année, suspendu les exécutions en dépit de la terrible violence qu'a vécue l'Algérie. En tout cas, on s'attend à des joutes passionnées et un débat de haut niveau.