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PUBLICATION DU RAPPORT MONDIAL 2005 SUR LA CORRUPTION (3e PARTIE ET FIN)
Reconstruction de Boumerd�s, les pratiques du gr� � gr� ou l'alibi de l'urgence
Les trop importantes pertes en vies humaines lors du tremblement de terre qui a frapp� Boumerd�s en mai 2003, le grand nombre de sans-abri et les d�g�ts occasionn�s sont r�v�lateurs des graves carences au niveau de la pr�vention de pareille catastrophe dans une r�gion r�put�e sismique, du non-respect des r�gles antisismiques dans la construction et de l'�tendue de la corruption dans la gestion de la cit� et de l'habitat. Tout s'est effondr� comme un ch�teau de cartes et la responsabilit� des pouvoirs publics est enti�re. Malheureusement, beaucoup d'indices montrent que les le�ons n'ont pas �t� tir�es et que la reconstruction soit engag�e sur de tr�s mauvaises voies. Le s�isme, qui a frapp� Boumerd�s et la r�gion d'Alger, a �t� �voqu� dans le Rapport mondial 2004 sur la corruption, avec ses causes et ses cons�quences, l'ann�e 2003 ayant �t� particuli�rement meurtri�re dans certaines r�gions du monde — Turquie, Iran et Alg�rie notamment — au vu du nombre important des s�ismes qui ont �t� � l'origine de dizaines de milliers de d�c�s. Ce qui a amen� l'ONG Transparency International � consacrer le th�me central de son Rapport mondial 2005 � l'�tendue de la corruption dans les secteurs de l'habitat et de la reconstruction suite aux catastrophes naturelles ou dans l'apr�s-guerre. Les lenteurs dans les poursuites judiciaires engag�es � Boumerd�s pour essayer de situer les responsabilit�s, l'opacit� qui pr�vaut dans la reconstruction, l'option du gr� � gr� qui a �t� retenue par le Conseil des ministres en 2004 pour le choix des entreprises et les conditions dramatiques dans lesquelles vivent les sinistr�s n'annoncent rien de bon, on efface tout et on recommence, comme si de rien n'�tait, dans l'attente de la prochaine catastrophe. Les experts n'ont pas �t� �cout�s, encore moins entendus et jamais consult�s : seule la presse �crite leur a ouvert ses colonnes, pour des tribunes et des points de vue, tr�s souvent d'une grande pertinence. L'implication de la soci�t� civile et pourquoi pas un vaste mouvement organis� des citoyens habitant les r�gions � haut risque sismique — Chlef, Boumerd�s, Alger, Tipaza — ne sont pas des options retenues par les pouvoirs publics et ils ont tort, privil�giant la r�pression syst�matique face aux m�contentements populaires qui se sont exprim�s ici et l�. L'Etat est quasi absent et ne contr�le plus rien, l'impunit� des op�rateurs qui ont b�n�fici� de march�s (pr� et post-tremblement de terre) �tant totale, � croire que "l'amnistie" pour les constructeurs de "ch�teaux de cartes" et faiseurs de morts est d�j� en vigueur ou que la vie des gens se joue au poker des d�cideurs et des distributeurs de mannes financi�res in�puisables et syst�matiquement d�tourn�es. Retour en arri�re Le 21 mai 2003, un tremblement de terre de magnitude 6,8 sur l'�chelle de Richter a �branl� le nord-est de l'Alg�rois; l'�picentre du s�isme se situait pr�s de la ville c�ti�re de Boumerd�s. Le nombre de victimes �tait tr�s �lev� : 2 300 morts, 10 000 bless�s et plus de 100 000 sans-abri. Pourtant connue pour �tre une zone sismique, la r�gion n'en abritait pas moins des centaines d'immeubles – anciens et r�cents – qui se sont tout simplement �croul�s sur eux-m�mes, ce qui laisse penser qu'aucune mesure antisismique n'�tait int�gr�e dans leur construction. L'impact de cette n�gligence a �t� d'autant plus fort que le Japon a connu quelques jours apr�s un tremblement de terre d'une intensit� nettement sup�rieure mais qui n'a caus� que des blessures l�g�res aux habitants. Les Alg�riens tiennent pour responsables des terribles pertes en vies humaines la corruption qui s�vit dans le secteur du b�timent et de la construction et l'absence d'un contr�le efficace de la part de l'Etat. Les m�dias locaux et �trangers ont publi� d'innombrables articles sur le nombre �lev� de morts et le lien � �tablir avec des pratiques de construction peu s�res, � tel point que le pr�sident Abdelaziz Bouteflika, embarrass�, a fait la promesse qu'un d�sastre d'une telle ampleur ne se reproduirait plus jamais. Les autorit�s ont fait appel aux agences �trang�res pour mener les investigations n�cessaires sur le terrain et identifier les faiblesses structurelles et syst�miques, mais cela n'a pas emp�ch� certains Alg�riens d'accuser le gouvernement de d�molir d�lib�r�ment les immeubles situ�s dans la zone du s�isme, afin d'�viter une �valuation pr�cise des causes du dommage. Le gouvernement a effectivement d�bloqu� des fonds pour aider � la reconstruction des zones qui ont subi le plus de d�g�ts et durci le code de la construction en r�action aux protestations. Les experts ont toutefois fait remarquer que les r�gles ont toujours �t� contourn�es ou ignor�es par les promoteurs, qui utilisent par ailleurs des mat�riaux et des techniques de construction n'ob�issant pas aux normes. Le nouveau chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, — au moment de la catastrophe — a reconnu que la corruption a pu jouer un r�le dans la destruction des maisons et promis de demander des �tudes techniques et d'instituer des poursuites l�gales. Mais pour l'heure — au m�pris de l'opinion nationale —, le gouvernement envisage de lib�raliser la r�glementation relative � l'attribution des contrats, "afin de r�duire les d�lais de soumission", une mesure qui a plus de chances d'encourager les pratiques de corruption que de les pr�venir. Il est � craindre que le projet gouvernemental de construction d'un million de logements pour les 5 prochaines ann�es ne soit gangren� par les m�mes pratiques criminelles. La r�union qui s'est tenue au minist�re de l'Habitat il y a quelques jours, les suppliques du ministre � l'�gard des organismes et entreprises sous tutelle visant � acc�l�rer co�te que co�te la mise en chantier de ce projet ne sont pas de bon augure pour la transparence, la rigueur et le respect de la loi qui doivent pr�valoir en pareilles circonstances. Ou est-ce que la carri�re d'un ministre est plus importante ? Djilali Hadjadj