La grève de la faim est, désormais, le nouveau mode d'emploi pour dénoncer la fraude aux élections législatives du 4 mai dernier. Initié par le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati, ce mouvement de protestation a été adopté dernièrement par le président du Front national pour la justice et la solidarité (FNJS), Khaled Bounedjma. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Dix jours se sont déjà écoulés depuis le début de la grève de la faim de Moussa Touati. Rejoint par plusieurs partisans, notamment des candidats aux dernières législatives, il a appelé les présidents des bureaux de wilaya de son parti à rallier le mouvement de protestation. «Si les présidents de quelques bureaux de wilaya du parti ont rejoint le mouvement de grève dès son entame, le reste des présidents de bureaux de wilaya observeront la grève de la faim dès aujourd'hui», assure le président du FNA. Installé sur un matelas dans la grande salle de conférences du siège de son parti, le visage pâle, affaibli et amaigri, Moussa Touati s'exprime d'une voix presque inaudible. Dénonçant le silence du pouvoir, il affirme que sa formation politique n'a, jusqu'à aujourd'hui, pris contact avec aucune instance étrangère. Seulement, poursuit-il, «à un moment donné, nous serons obligés de nous ouvrir au monde et de communiquer avec notamment les organisations des droits de l'Homme, les tribunaux internationaux et les organisations des libertés d'expression». Selon lui, c'est une question de temps. «Nous espérons que les personnes au pouvoir prendront conscience de cette situation car nous sommes des nationalistes et nous ne voudrions pas étaler notre linge sale aux étrangers», dit-il. Le président du FNA se réjouit, toutefois, des instructions judiciaires ouvertes suite aux saisines adressées aux procureurs généraux par la Haute Instance indépendante de surveillance des élections. «Nous attendons les résultats de l'enquête et maintiendrons notre position», précise-t-il avant d'ajouter : «Nous savons pertinemment que le taux de participation n'a pas dépassé les 15%, que les résultats des élections ont été truqués, que le Premier ministre a mené une campagne parallèle à la campagne électorale pour son propre intérêt dans le but de se préparer pour les prochaines élections présidentielles, et nous aspirons à ce que la vérité soit connue par tous et que justice soit faite.» Déterminé à aller jusqu'au bout, Touati compte, justement, saisir le ministre de la Justice pour vérifier les empreintes apposées sur les listes électorales. «Nous demanderons également à ce que le Conseil constitutionnel n'annonce pas les résultats définitifs des législatives tant que l'affaire est toujours en justice», dit-il encore. En guise de protestation contre ce qu'il qualifie de «fraude électorale massive commise par l'administration», Khaled Bounedjma a, lui aussi, entamé une grève de la faim depuis mercredi dernier. Suite à la détérioration de son état de santé, il a été évacué, samedi dernier, aux urgences de l'hôpital de Zeralda, à l'ouest d'Alger.