Le président du FNA (Front national algérien) innove en matière de protestation politique, optant pour une grève de la faim pour exprimer sa dénonciation de la fraude massive ayant, selon lui, émaillé le scrutin législatif de jeudi dernier. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Moussa Touati, dont le parti n'a eu qu'un seul siège contre une dizaine obtenue il y a cinq ans, dont il ne reste, cependant, qu'une infime partie puisque nombreux de ses députés ont migré ailleurs, a, pour ce faire, convoqué, hier, en une réunion d'urgence, les présidents des bureaux de wilaya et certains candidats têtes de listes du parti. Un conclave au cours duquel il a annoncé avoir entamé une grève de la faim, comme ultime moyen pacifique pour, dira-t-il, signifier sa désapprobation de la fraude massive qui a caractérisé les élections de jeudi dernier. Une fraude qui, selon lui, a été l'œuvre principalement des «chefs de daïra et qui a profité exclusivement au duo FLN-RND». Il égratignera, au passage, la haute instance indépendante de surveillance des élections, dont le président, «alerté au sujet de ces nombreux cas de dépassements honteux, l'a invité à s'adresser à l'administration», regrettera-t-il. Invitant les militants et les sympathisants de son parti à se joindre à son action de grève de la faim, le président du FNA exhortera les Algériens à observer symboliquement ce mot d'ordre, chacun devant son domicile, lui qui dira avoir opté pour cette action à défaut des actions de rue porteuses, selon lui, de «risques de dérapage et d'affrontement avec les éléments des forces de sécurité qui sont, ajoutera-t-il, les enfants du peuple». Touati jurera «ne mettre fin à sa grève de la faim qu'une fois les élections législatives du 4 mai dernier annulées et la programmation d'autres élections que de supervision dont les membres seront élus et pas désignés». Doléance qui sera, d'ailleurs, l'objet du recours que formulera le parti auprès du Conseil constitutionnel. Estimant que le taux de participation officiel a été exagérément «gonflé», puisque, selon lui, il ne pourra dépasser les 15%, le président du FNA considérera, néanmoins, que les nombreux abstentionnistes «se sont vengés d'eux-mêmes au lieu de se venger des partis du pouvoir qui, de cette façon, leur ont permis de rester en place».