Le Front national algérien (FNA) est déterminé à poursuivre son mouvement de grève de la faim pour dénoncer la fraude aux élections législatives du 4 mai dernier. Une trentaine de partisans ont rejoint leur président dans son action, entamée depuis six jours. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Un climat lourd régnait, hier, au siège national du FNA, situé à la rue Tanger, à Alger-Centre. Les lieux sont plongés dans un silence religieux. Dès le hall d'entrée, des visages défaits et tristes vous accueillent. Au bout du long couloir, la grande salle de conférences du parti abrite les grévistes. Ici, des matelas et des couvertures sont posés à même le sol. Les grévistes, pour la plupart des candidats aux dernières législatives, y sont allongés. Ils sont immobiles, presque inertes. Non loin, un autre bureau est réservé aux femmes grévistes où justement quatre femmes ont rejoint le mouvement de protestation. «Ils sont une trentaine de partisans à observer la grève de la faim ici, sans oublier ceux qui sont dans les différents bureaux de wilaya», assure-t-on au parti avant de souligner que deux d'entre eux ont été évacués lundi dernier en fin de journée à l'hôpital. Installé dans son bureau, l'initiateur du mouvement de grève au FNA, le président du parti, Moussa Touati, paraît affaibli et amaigri. «Nous avons entamé une grève de la faim illimitée afin de dénoncer la fraude aux élections législatives et faire entendre notre voix à tous les Algériens mais aussi à l'opinion internationale», dit-il d'une voix à peine audible. Pour lui, son parti n'a pas été uniquement délesté de sièges à l'APN mais il a été carrément «sorti du jeu politique». Il pointe d'un doigt accusateur les nombreux dépassements enregistrés lors des élections législatives. Des dépassements qui se sont concrétisés, selon lui, à travers le «favoritisme» dont ont bénéficié les quatre partis politiques FLN (Front de libération nationale), RND (Rassemblement national démocratique), MPA (Mouvement populaire algérien) et TAJ (Rassemblement de l'espoir de l'Algérie), et l'«implication» du gouvernement dans une campagne électorale en faveur du parti du pouvoir, soit le FLN. «Nous avons vu comment des walis ont instruit des chefs de daïra de bourrer les urnes, comment ils ont fait pression sur les encadreurs dans les bureaux de vote pour frauder, comment la même empreinte digitale figure sur la quasi-totalité de la liste électorale du même bureau», ajoute-t-il avec amertume. Appelant à rester solidaires contre tous les agissements du gouvernement et des fraudeurs, Moussa Touati poursuit : «Nous avons envoyé une lettre au Président pour annuler ces élections. Il vaut mieux perdre quelques milliards de dinars que perdre tout un Etat.» Le président du FNA est convaincu que sa grève de la faim aura un écho et atteindra son objectif. Une démarche pacifique qui, selon lui, vise à éviter tout dérapage. «Cette grève reste le seul moyen pour sensibiliser l'opinion publique et attirer l'attention sur les différents dépassements lors des dernières élections, car investir la rue ne peut que provoquer des confrontations avec les services de l'ordre public qui, eux aussi, sont des enfants de ce pays et ne font qu'exécuter des ordres», explique-t-il. Il précise, par ailleurs, avoir reçu des chefs de partis politiques, qu'il dit pas tellement convaincus par la démarche entretenue par son parti, pour dénoncer la fraude et les dépassements. «Ces partis préfèrent peut-être le dialogue mais nous ne pouvons pas dialoguer avec des fraudeurs, avec des personnes qui se sont habituées à gouverner sans consulter le peuple et qui ont pris l'habitude d'être les seuls maîtres», dit-il.