Le bras de fer engagé par les pouvoirs publics représentés par le ministère de la Jeunesse et des Sports, avec le COA (Comité national olympique algérien) continue. Après quelques timides «insinuations», le département d'El-Hadi Ould Ali semble vouloir donner le coup de semence à l'instance de Mustapha Berraf «accusée» d'avoir utilisé les fonds publics à des fins autres que la préparation et la participation des récentes olympiades de Rio de Janeiro. La lune de miel est bel et bien terminée entre El-Hadi Ould Ali et Mustapha Berraf. Premier et impassible défenseur des critiques qui ont visé le président du COA au lendemain de la sortie catastrophique des athlètes algériens aux JO-2016, le ministre de la Jeunesse et des Sports qui a refusé toute idée d'enquête visant la gestion de la préparation des Jeux de Rio, se ravise et multiplie sorties publiques, procès d'intentions et correspondances officielles pour débusquer les malversations qui se seraient produites dans la gestion du dossier «préparation des JO-2016». Mardi passé, le Comité olympique algérien a été aussi destinataire d'une lettre adressée par le MJS intitulée «Au sujet du rapport financier du COA» dans lequel les derniers chiffres présentés par le président Mustapha Berraf, lors de l'AG ordinaire tenue le 29 avril dernier à Alger. Un bilan approuvé par les membres de l'AG en dépit de quelques réserves exprimées off the record par quelques responsables de fédérations sportives. Dans cette correspondance dont Le Soir d'Algérie détient une copie (celle-ci circule «librement» sur les réseaux sociaux) le MJS ne se retient pas pour accuser les dirigeants du COA d'avoir utilisé l'argent des JO-2016 évalué à 31 milliards de centimes pour régler des situations comptables qui n'étaient pas à l'ordre du jour de cette subvention spécifique. «La subvention sus-indiquée a été octroyée à la suite d'une demande adressée par le COA accompagnée d'une fiche technique portant prévisions budgétaires comportant onze (11) postes de dépenses pour un montant global de trois cents dix millions de dinars (310 000 000 DA) dont 180 000 000 DA destinés à la préparation technique des sportifs qualifiés pour les Jeux olympiques et ce, sur la base d'un contrat-programme signé en date du 31 juillet 2016 par le président ainsi que le trésorier du COA», lit-on d'emblée. Des besoins qui, rappelle le département d'El-Hadi Ould Ali, «ont été portés à la connaissance du Premier ministre en février 2016 puis le ministère des finances en mars de la même année. Cette «affectation spéciale» semble avoir été détournée de sa vocation première. En ce sens que le MJS suspecte des failles dans sa répartition. «Le rapport financier présenté par le COA, sur demande du MJS, portant sur l'utilisation de l'enveloppe allouée, fait ressortir une rubrique non prévue d'un montant de 97.218.029,95 DA représentant des prêts octroyés à certaines fédérations dont une à caractère non omnisports et d'autres non concernées par les jeux olympiques», relève la lettre du ministère de tutelle qui, sur sa lancée, fait remarquer que «ces créances ont été puisées(...) de l'enveloppe accordée par le MJS au COA, grevée d'affectation spéciale, laquelle est consacrée exclusivement à la préparation et la participation aux Jeux olympiques de Rio 2016, ceci en violation flagrante des clauses contractuelles, au regard du contrat-programme notamment l'article 9». Rappelant que le COA est une structure d'animation et d'organisation sportive au regard de l'article 71 de la loi 13-05 du 23 juillet 2013 qui fixe l'organisation et le développement des activités physiques et sportive, le MJS avance qu'il s'agit là d'une (autre) «violation» des dispositions de l'article 186 de la loi précitée, lequel atteste clairement qu'il est «interdit le changement de la destination par la structure d'organisation et d'animation sportive(donc du COA) sans l'autorisation expresse du MJS.» Le département de M. Ould Ali qui croit savoir qu'il est devant un cas évident d'un manquement à la loi et aux dispositions de l'article 181 sollicite le COA pour lui «présenter des pièces probantes justifiant l'utilisation de la subvention de 310 000 000 DA». Le MSJ dénonce le «flou» et les chiffres «muets» Ne s'arrêtant pas là, le MJS revient à la charge concernant le bilan financier 2016 que lui a envoyé le COA en date du 5 mars 2017 qui fait ressortir des «postes de dépenses non prévues dans la fiche technique prévisionnelle et comporte des chiffres muets qui n'indiquent en rien la nature des dépenses effectuées», note la lettre du ministère qui fait savoir que ce manque d'éléments d'informations n'a pu permettre une «lecture sereine par nos services centraux». Par conséquent, il est demandé au Comité olympique de fournir «dans les meilleurs délais possibles» les «pièces justificatives à l'appui des dépenses engagées ainsi que les explications y afférentes» qui ont engendré ces créances injustifiées. Trois cas ont été, à cet effet, soulevés dans la correspondance ministérielle adressée au COA. Le premier concerne le prêt accordé aux fédérations dont la FAB (boules) et la FNSU (sports universitaires) pour un montant global de 97 218 029, 95 DA, des dépenses au profit du centre de regroupement de Souidania (25 millions de dinars), pour l'acquisition de matériel de musculation (Techno-gym) facturé à 13 877 806 DA en sus d'une dépense de 4,2 millions de DA pour la prise des cérémonies des Jeux africains de la jeunesse en 2018 et les jeux méditerranéens 2021, prévus à Oran lesquelles opérations «ne peuvent être comptabilisées comme dépenses justifiant les 31 milliards de centimes accordés pour la préparation et la participation des JO-2016», note le texte ministériel. Le MJS poursuivra son «réquisitoire» en demandant des justificatifs et des explications à propos de plusieurs opérations effectuées par le COA chapitrées «acquisition et travaux» au niveau du siège du COA, la villa de Ben Aknoun, le siège Mohamed-Sekkal à Alger (musée) et le siège régional d'Oran (celui-ci abrite le comité d'organisation des JM 2021) sans oublier quelques reliquats liés aux Jeux africains 2015 (Congo-Brazzaville), des sommes en devises et des chèques de banque annulés. L'avant-AG élective du COA, programmée pour le samedi 27 mai, s'annonce tumultueux.