La participation algérienne aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro est entachée par des révélations et des accusations de plusieurs athlètes contre leurs fédérations respectives et le Comité olympique algérien (COA) dont le dernier en date n'est autre que le double médaillé d'argent olympique 2016 et médaillé d'or olympique sur 1 500 m en 2012, à savoir Taoufik Makhloufi. Déjà au lendemain du départ de la délégation algérienne, le 27 juillet dernier, à destination de Rio à bord d'un vol spécial d'Air Algérie affrété par le COA au prix fort de 36 millions de DA — en plus des 16 millions de DA consacrés à l'achat des billets d'avion pour les retours individuels des athlètes éliminés de Rio —, des voix se sont élevées pour dénoncer le comportement de certains membres du staff dont le chef de la délégation, Amar Brahmia, d'avoir embarqué avec lui les membres de sa famille. Chose que le concerné ne nie pas, mais précise «qu'en tant que chef de mission, j'ai le droit d'être accompagné de ma famille. Malgré cela, j'ai préféré éviter tout problème en payant entièrement ce voyage à ma famille aussi bien le billet d'avion que la prise en charge de l'hébergement. Je peux vous montrer les factures des hôtels et vous verrez qu'elles sont rédigées au nom de Amar Brahmia et non du COA». Toutefois, d'aucuns s'interrogent comment M. Brahmia a-t-il réglé les factures des billets d'avion des membres de sa famille sachant que c'est un vol spécial affrété par le COA et que ce dernier est un organisme à but non lucratif ; il ne pourrait délivrer de factures. Une fois sur place, les premières accusations n'avaient pas tardé à voir le jour notamment après les premiers éliminés des JO. Des athlètes qui ont affirmé qu'ils n'avaient pas bénéficié d'une bonne préparation ; chose qu'avait réfutée Mustapha Berraf, président du COA en affirmant : «On a donné tous les moyens à ces athlètes et à leurs techniciens (...) Tout a été fait en harmonisation entre les Fédérations, le COA et le ministère de la Jeunesse et des Sports. On ne peut pas aussi se produire à la place des athlètes et diriger les compétitions à la place de leurs techniciens. Chacun doit jouer son rôle». Bourrada, le déclencheur ! La sortie médiatique du décathlonien Larbi Bourrada, 5e aux JO et recordman d'Afrique à Rio, qui avait été abandonné à son sort au premier jour de sa compétition, a mis à nu un malaise qui couvait depuis longtemps entre les athlètes et les instances sportives nationales. Aux révélations de Bourrada, la FAA avait tenté d'apporter un démenti avant que l'entraîneur du décathlonien Bacha Mahour n'apporte sa version sur Facebook. «Afin de faire toute la lumière sur cette affaire que certains essayent d'étouffer à tout prix (...). Tôt le matin de la 1re journée du décathlon, le DTN de la FAA avait commandé auprès du COA une des nombreuses voitures mises à la disposition de la délégation algérienne, afin qu'à la fin du 400 m soit à 21h30, Larbi et mon assistant Hocine Mohamed ainsi que le kiné de la FAA puissent se déplacer rapidement vers une clinique privée qui propose des moyens de récupération, notamment le fameux Tecar thérapie, que les dirigeants de l'USMA ont toujours mis à notre disposition à Alger, chaque fois que nous en avions besoin (...) Une fois le 400 m terminé, point de voiture, au grand désarroi de l'athlète et de tous ceux qui ont bien voulu rester tard au stade auprès de nous (le DTN, Benida Amar, ainsi que nos médaillés olympiques Hammad Abderrahmane et Saïd Guerni Djabir). Décision fut prise à 23h de rentrer au village olympique par la navette puis de prendre un moyen de transport vers la clinique. Mlle Guidouche Zhor, membre du COA, outrée par cette situation, a permis le déplacement en payant le taxi vers la clinique. Je tiens à la remercier. Larbi a rejoint sa chambre au village vers 1h15 du matin. Nous nous sommes réveillés à 4h30 du matin pour un premier échauffement (le classique douloureux réveil matinal que les décathloniens et leurs entraîneurs détestent). Voilà la vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Quant à la voiture commandée, elle a bien été réquisitionnée pour la soirée et la nuit par deux officiels de la délégation.» Makhloufi porte le coup fatal Et le dernier à avoir mis à nu le comportement des responsables du sport national n'est autre que Taoufik Makhloufi, qui n'est d'ailleurs pas à sa première sortie médiatique pour fustiger des responsables du sport national. A l'issue de sa deuxième médaille d'argent à Rio, Makhloufi a sévèrement critiqué certains responsables du sport algérien en affirmant qu'«ils ont essayé de nuire à sa personne», tout en saluant les moyens considérables alloués par l'Etat pour l'aide des sportifs et le développement du sport dans le pays. «L'Etat algérien a dégagé des moyens considérables pour aider les athlètes à se préparer dans les meilleures conditions, malheureusement, certains responsables du sport en Algérie à tous les niveaux n'ont pas été à la hauteur de la mission qui leur a été confiée. Ils ont déçu le peuple algérien et les pouvoirs publics.» Déçu par tout ce qu'il a vécu lors des dernières années, il n'a pas mâché ses mots contre certaines personnes chargées de la gestion du sport, sans toutefois les nommer. «Ces personnes utilisent leurs postes de responsabilité pour réaliser leurs intérêts personnels contre celui des sportifs. J'ai souffert pendant quatre ans depuis mon titre olympique de Londres, alors que dire des autres athlètes anonymes. Le gouvernement a alloué de gros moyens pour aider les athlètes algériens mais ces personnes ne pensent qu'à leurs intérêts et le résultat, on le constate lors de ces Jeux olympiques (...) Ils ont essayé de me nuire par tous les moyens, ils m'ont donné des miettes alors que je suis un champion olympique depuis quatre ans. Les sportifs algériens présents à Rio auraient pu faire mieux, malheureusement ces responsables ont tout fait pour porter la responsabilité de l'échec de la participation algérienne aux athlètes. Ils ont même douté de ma participation aux JO et certains d'entre eux se sont empressés sur les plateaux de télévision pour me dénigrer ou dire des contrevérités». En décembre dernier, l'entraîneur de Makhloufi, le Français Philipe Dupont, avait affirmé sur les colonnes de Liberté que les tracasseries qu'il a eues avec le MJS et la Fédération d'athlétisme en 2015 «l'ont empêché de démarrer plus tôt la préparation et surtout d'arriver à Pékin avec une préparation optimale. En revanche, ce dont j'ai peur surtout aujourd'hui, c'est le fait de revoir ce scénario se reproduire avant les prochains Jeux olympiques de Rio, car au train où vont les choses, je suis vraiment inquiet pour Makhloufi». Et pour préparer les JO 2016, Makhloufi aurait rencontré des problèmes pour entamer sa préparation à temps, comme l'a souligné Dupont. «Il faut savoir que Makhloufi a déjà raté un stage très important de développement général que j'ai organisé avec de grands athlètes français dont Mekhissi, au Portugal, pendant deux semaines. Il était vital qu'il soit là. Je voulais absolument qu'il travaille avec Mahieddine Mekhissi pour optimiser la préparation et je suis déçu qu'il n'ait pas pu être de ce regroupement. Pis, je suis même pas sûr qu'il puisse être présent pour le second stage prévu au mois de janvier en Afrique du Sud. C'est inquiétant.» Ainsi, le double médaillé d'argent de Rio a attendu le dernier jour pour vider son sac et informer l'opinion publique sur les tracasseries qu'endurent les athlètes algériens et tient à souligner que «les JO se préparent sur des années et non pas en deux ou trois mois. J'ai rencontré beaucoup de contraintes alors qu'en principe, étant donné que je suis un champion olympique, je devais me concentrer plutôt sur mon travail. Il faut que ces responsables se réveillent. En 2012, je les ai sauvés avec ma médaille d'or et cette année encore avec ces deux médailles». Des révélations de la part des athlètes qui devraient interpeller les hautes instances du pays sur la gestion du sport, des gros moyens alloués et de la préparation des athlètes pour les grands rendez-vous ! Ahmed Ammour Makhloufi remporte la médaille d'argent sur 1 500 m L' athlète algérien Taoufik Makhloufi a remporté la médaille d' argent de l'épreuve du 1 500 m des Jeux olympiques JO-2016 avec un chrono de 3:50.11 samedi soir à Rio de Janeiro. Makhloufi, qui perd du coup son titre olympique conquis lors des JO-2012 de Londres, a été devancé, à la surprise générale, par l'Américain Matthew Centrowitz médaillé d'or avec un chrono de 3:50.00 alors que la médaille de bronze est revenue au Néo-Zélandais Nicholas Willis (3 :50.24). Il s'agit de la deuxième médaille pour Makhloufi à Rio, après celle en argent remportée sur le 800 m lundi dernier. Pour le ministre de la jeunesse et des sports Le bilan se fera en «toute sérénité et en temps opportun» Le bilan de la participation algérienne aux Jeux olympiques de Rio se fera en «toute sérénité et en temps opportun et des correctifs seront apportés dans notre stratégie en matière d'accompagnement de notre élite», a indiqué hier le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould-Ali. «Les brillants résultats de notre champion Taoufik Makhloufi ainsi que de Larbi Bourrada, et ce, au moment où notre peuple célébrait la Journée nationale du Moudjahid, et les performances réalisées par d'autres athlètes, nous confortent dans notre détermination à œuvrer de concert avec tous les intervenants à la préparation des prochaines échéances sur la base d'un bilan exhaustif en toute sérénité et en temps opportun de notre participation aux Jeux olympiques et des correctifs seront apportés dans notre stratégie en matière d'accompagnement de notre élite», a indiqué M. Ould-Ali dans un communiqué transmis à l'APS. Pour le ministre de la Jeunesse et des Sports, «nos athlètes qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes ainsi que leurs staffs techniques ont, pour certains, amélioré leurs performances et se sont mesurés à des statures internationales sans démériter ni abdiquer, dans un esprit de solidarité et d'engagement à honorer les couleurs nationales»
Marathon Saâdi 104e à Rio, Laâmeche non classé Le coureur algérien Saâdi a terminé le marathon des JO à la 104e place avec un chrono de 2h26m48s alors que son compatriote Laâmeche n'a pas été classé. Et c'est le Kenyan Etiud Kipchoge qui a remporté la médaille d'or avec un chrono de 2h08m44s. Ahmed Ammour Footballtball Le Brésil de Neymar décroche sa première médaille d'or Et à la fin de la loterie des tirs au but, c'est... le Brésil qui gagne: Neymar a transformé le tir au but vainqueur et offert au pays du sport-roi son premier sacre olympique, en finale des JO-2016 samedi contre l'Allemagne (1-1 a.p., 5-4 t.a.b.). Le Maracana a explosé de joie, et si Neymar était vaincu, c'était seulement par l'émotion, des pleurs libérateurs. Car le capitaine a rempli sa mission, à l'issue d'un match incroyablement intense. Les huit premiers joueurs avaient réussi leur tir au but, quand le gardien Weverton a arrêté la tentative de Petersen. Weverton, héros inespéré car appelé après le forfait du titulaire Fernando Prass. Neymar devait tirer le penalty le plus important de sa vie, à 24 ans. Une responsabilité démentielle. Pour un sacre historique, qui parachève le palmarès brésilien, après trois défaites en finale, dont 2012. Les deux pays n'avaient jamais remporté les Jeux, et l'Allemagne disputait même sa première finale (sans compter la RDA). Etrange, pour les deux nations les plus médaillées en Coupe du monde. Et c'est avec la Coupe du monde que le Brésil avait justement un compte à régler. Car s'il a perdu trois finales de JO, dont celle de 2012 face au Mexique (2-1), avec Neymar déjà, il s'agissait bien de laver l'affront du 7-1 encaissé en demi-finale du Mondial-2014 à domicile, déjà. Cela faisait deux ans que le «futebol» se morfondait. Alors quoi de mieux qu'une revanche dans le mythique temple du foot avec le bourreau, fût-ce son ersatz juvénile, et titre inédit à la clef? Rogerio Micale comme Horst Hrubesch, les deux sélectionneurs, ne voulaient pas entendre parler de revanche, entre une Coupe du monde de sélections A et des JO de jeunes joueurs (moins de 23 ans sauf trois éléments). N'empêche : 200 millions de Brésiliens ne parlaient que de ça, et le Maracana avait entonné dès la demi-finale survolée face au Honduras (6-0) le chant «L'Allemagne peut attendre, son heure va arriver !», répété avant la finale. «J'ai dit aux joueurs que ce serait leur stade, que 80 000 personnes les salueraient, et qu'ils n'avaient qu'à jouer au foot, a dit Hrubesch. Il n'y avait pas à faire dans son froc, sinon on ne fait pas du bon football». «Il fallait donner une réponse au peuple», a souligné pour sa part Micale, «maintenant on va avoir un peu plus de tranquillité». Ce sacre olympique n'efface par le «Mineirazo» de 2014, ce descendant du «Maracanazo» de 1950. Mais s'il ne guérit pas, cet or apaise. Les Top et les Flops des JO Deux rois, trois princesses et des affaires l Michael Phelps et Usain Bolt ont été les rois des Jeux olympiques de Rio, entraînant dans leur sillage Simone Biles, Katie Ledecky et Elaine Thompson. Mais les évolutions de ces champions d'exception ont été ternies par de nombreuses affaires (dopage, corruption). TOPS Phelps et Bolt toujours au top Ils étaient les stars des Jeux de Pékin en 2008, et de Londres en 2012. Le duo s'est encore partagé la vedette. L'homme de la première semaine fut incontestablement Michael Phelps, qui a ajouté 5 médailles d'or et 1 d'argent à son palmarès record (28 médailles olympiques dont 23 en or). Parti à la retraite après Londres, il avait replongé pour échapper à l'alcool et à la dépression. Mais il l'a juré: il ne sera pas là à Tokyo en 2020. Bolt non plus. Grand homme de la semaine d'athlétisme, le Jamaïcain a réalisé le triplé (100-200-4x100 m) pour la troisième fois, après 2008 et 2012. Le fameux «triple triplé». Et maintenant ? Il ne cache pas ses envies de vacances. Il pourrait ensuite aller jusqu'aux Mondiaux-2017 à Londres, mais guère plus loin. Biles, Ledecky, Thompson : la relève Elles ont respectivement 19, 19 et 24 ans. La gymnaste américaine Simone Biles (4 or, 1 argent), la nageuse US Katie Ledecky (4 or, 1 argent) et la sprinteuse jamaïcaine Elaine Thompson (doublé en or 100-200 m, argent sur 4x100 m) ont apporté un nouveau souffle aux JO. Pour sa première apparition olympique, Simone Biles aurait même pu devenir la gymnaste la plus titrée lors d'une seule édition des JO. Un léger déséquilibre à la poutre lui a coûté le 5e titre qu'elle a troqué pour du bronze. Mais l'avenir lui appartient, comme à Katie Ledecky. Le cercle s'élargit Outre le souffle de la jeunesse, ces Jeux ont été marqués par l'émergence de nouveaux pays sur la scène olympique. Pour sa première participation, le Kosovo a conquis une première médaille d'or (Majlinda Kelmendi en judo). Huit autres pays ont décroché l'or pour la première fois: le Tadjikistan (lancer du marteau), le Vietnam (tir au pistolet), les Iles Fidji (rugby à VII), Singapour (natation), Porto Rico (tennis), Bahreïn (athlétisme), la Jordanie et la Côte d'Ivoire (taekwondo). L'Iran a célébré Kimia Alizadeh, première Iranienne à décrocher une médaille, du bronze en taekwondo. FLOPS L'incertitude russe Certains ont appris leur participation quelques heures seulement avant la cérémonie d'ouverture le 5 août: l'incertitude sur le nombre d'athlètes russes retenus a perturbé l'immédiat avant-JO. En cause : la publication le 18 juillet du rapport McLaren, pointant un dopage d'Etat dans le pays, qui a incité le CIO à saisir toutes les fédérations internationales pour vérifier la «propreté» des engagés. Mais aussi le doute autour de la seule Russe retenue en athlétisme, Darya Klishina, d'abord acceptée, puis exclue puis réintégrée, sur ordre du Tribunal arbitral du sport. Neuvième du concours de saut en longueur, elle a finalement traversé les JO dans la plus totale indifférence. Au total, 113 sportifs — dont 67 en athlétisme — ont été exclus des JO. Les 276 restants (sur 389 au départ) ont quand même porté leur pays au 5e rang du tableau des médailles. Affaires en stock L'affaire russe a empoisonné la période pré-JO. Puis il y eut le dopage proprement dit: 12 athlètes ont été contrôlés positifs depuis le 25 juillet. Parmi eux, aucun «gros poisson» comme Ben Johnson en 1988, mais deux ont dû rendre leur médaille: l'haltérophile kirghize Izzat Artykov, en bronze (-69 kg) et le Moldave Serghei Tarnovschi, en bronze sur 1 000 m en canoë en ligne (C1). En plein Jeux, le CIO a également été confronté à l'incarcération de l'un de ses plus hauts dirigeants, l'Irlandais Patrick Hickey, dans le cadre d'une enquête sur un réseau de revente illégale de billets. Un trafic qui, selon la police, a généré une recette d'au moins 2,8 millions d'euros. La Commission d'éthique du CIO «a pris note» de sa démission de tous ses mandats. Un chiffre qui donne le tournis... Et qui permet de replacer dans son contexte la folle nuit des nageurs américains, qui prétendaient avoir été agressés par de vrais-faux policiers. Ils avaient en fait saccagé une station-service et s'étaient heurtés à un vigile. La police brésilienne les a entendus, à l'exception du plus connu d'entre eux Ryan Lochte (six médailles d'or dans sa carrière), rapidement rentré aux Etats-Unis. Dans ce cas, le CIO a saisi sa Commission disciplinaire chargée de «voir s'il y a matière à sanction». L'ambiance et le public On imaginait ces Jeux colorés, populaires et festifs. Ils furent souvent ternes et persifleurs devant des tribunes vides. Le Comité organisateur avait annoncé que 80% des places avaient été vendues. Mais à qui ? La plupart des épreuves se sont disputées devant des assistances faméliques, contrastant avec la réussite populaire des JO de Londres. Usain Bolt a ainsi conquis ses 8e (sur 200 m) et 9e (sur 4x100 m) médailles d'or dans un stade à moitié plein. Et que dire de la remise de la médaille du 5 000 m à Mo Farah samedi soir, devant une poignée de spectateurs ? En fait, la fréquentation des enceintes était indexée sur la présence d'athlètes brésiliens. Dans ce cas, les «visiteurs» ont dû s'habituer à jouer dans une atmosphère survoltée. Quitte à paraître déboussolés, comme le perchiste français Renaud Lavillenie, incapable de dompter ce paramètre extérieur, jusqu'à en perdre son titre et ses nerfs. Tokyo, que du bonheur quatre ans après Rio ? Les JO de Rio touchent à leur fin, et déjà Tokyo, qui accueillera les athlètes en 2020, s'enflamme, oubliant les déconvenues des préparatifs: ses Jeux seront sûrs, fiables, paisibles... loin des péripéties brésiliennes. La presse japonaise ne s'est pas privée de relever la série de vols et agressions qui ont troublé la fête dans une ville renommée pour sa criminalité, les craintes liées au virus Zika, les mauvaises finitions du Village olympique, etc. «Pas d'accalmie sur le front des vols», commentait ainsi l'Agence de presse Jiji, faisant un décompte des Japonais victimes : neuf au cours de la première semaine. Les supporteurs présents sur place ont cependant nuancé ce tableau. «Au Japon, les gens pensent que le Brésil est un pays dangereux, mais en réalité, c'est formidable, la nourriture est délicieuse et les habitants chaleureux», confie Kazunori Takeshima, cité vendredi par le quotidien anglophone Japan Times. Trop courtois pour critiquer les hôtes actuels, les habitants de Tokyo préfèrent vanter les vertus de leur ville. «Elle a tous les atouts et c'est une cité très sûre», clame Toshiyasu Furuya, 45 ans. Capitale de la troisième économie mondiale, cette bouillonnante mégapole de plus de 35 millions d'habitants garantit (ou presque) des rues sans chapardeurs, des trains à l'heure, une propreté étonnante, sans oublier une hospitalité à toute épreuve («omotenashi»). Le Japon peut aussi se targuer de l'absence de grèves et manifestations ainsi que de la rareté des coups d'éclats politiques, une stabilité qui contraste avec le feuilleton à la tête de l'Etat brésilien. Les Japonais ont tous en tête le souvenir des Jeux de 1964, qui avaient marqué le retour de l'archipel dans le concert des nations et soutenu sa reconstruction après la défaite de 1945. Cette fois, nombreux y voient l'occasion d'apporter jeunesse et vigueur à un pays sur le déclin, tant démographique qu'économique. A quatre ans de l'échéance, le Japon accumule pourtant les revers. Le stade olympique n'est pas encore sorti de terre, après l'abandon du projet initial jugé trop onéreux. La nouvelle architecture d'acier et bois, imaginée par Kengo Kuma, a été pensée sans emplacement pour la flamme olympique. Parmi les autres déboires, les organisateurs ont dû changer de logo, le styliste choisi ayant un passif de plagiats sur des créations antérieures. Plus grave, la victoire de Tokyo, face à Madrid et Istanbul en septembre 2013, est entachée de soupçons de versements de pots-de-vin sur lesquels enquête la justice française.