Première passe d'armes hier à l'ouverture de la huitième législature 2017/2021, entre les partis de l'opposition et les partis du pouvoir. L'élection du président de l'Assemblée populaire nationale (APN) devait constituer, en effet, la première empoignade entre les uns et les autres, le FLN ayant proposé Saïd Bouhadja 79 ans, et trois partis de l'opposition (MSP, RCD, FJD) ont chacun présenté un candidat. Le FFS et le PT se sont abstenus de présenter des candidats. Younès Djama - Alger (Le Soir) - Si l'élection de Saïd Bouhadja, candidat du Front de libération nationale, soutenu par le RND d'Ouyahia, le MPA de Benyounès et TAJ de Ghoul, ne faisait pas d'ombre hier, il n'en reste pas moins que la démarche de l'opposition parlementaire – qui n'est pas parvenue à s'entendre sur un seul candidat — revêt un caractère symbolique, voire politique. En effet, la finalité étant d'imposer que l'élection du successeur de Larbi Ould-Khelifa passe par l'urne plutôt que par le vote-plébiscite. Pour l'opposition parlementaire, le véritable travail commence d'ores et déjà. A chacun sa méthode. Pour un même objectif : faire le contrepoids autant que faire se peut à une majorité acquise aux volontés du gouvernement. Pour Yacine Aouissen, député du RCD, le parti entamera cette législative par deux initiatives : la première concerne la proposition de loi pour la restriction de l'immunité parlementaire aux seules activités liées au travail parlementaire notamment la critique du gouvernement, etc., et pour que cette faveur ne soit utilisée à d'autres fins. «Nous voyons malheureusement ces derniers temps beaucoup de députés utiliser cette immunité parlementaire à d'autres fins», note le député. La deuxième proposition du RCD est relative à la mise en place d'une commission d'enquête sur la gestion de la résidence d'Etat de Club-des-Pins, un «véritable gouffre financier». «Nous comptons déposer une proposition pour la création d'une commission d'enquête. Il va falloir réunir les signatures, nous sommes en train de faire ce travail», déclare le cadre du RCD affirmant que ce ne sont pas les deux seules initiatives du parti, d'autres suivront. Sur l'activité du parti durant cette mandature, Yacine Aouissen affirme que les députés du parti vont utiliser tout ce qui leur est compté sur le plan réglementaire comme questions orales, questions écrites au gouvernement. Le député RCD ne croit pas à un libre travail parlementaire étant donné que l'Assemblée issue du scrutin du 4 mai est, selon lui, dépourvue de la légitimité populaire. «Pour libérer le travail parlementaire, dit-il, il faut avant tout une Assemblée qui ne soit pas issue de la fraude. On ne peut légitimement pas libérer le travail du parlementaire quand l'essentiel, hormis les partis de l'opposition, est issu de la fraude.» De son côté, Lakhdar Benkhelaf du FJD soutient que le parti va militer pour que cette APN puisse user de ses prérogatives comme édicté par la Constitution. «Nous militerons aussi pour que les députés aient de larges prérogatives pour présenter des propositions de lois et installer des commissions d'enquête. Nous allons en outre utiliser les questions orales et écrites comme moyen de contrôle des membres du gouvernement, etc.» Sur l'absence de consensus autour d'un candidat de l'opposition parlementaire à la présidence de l'APN, Benkhelaf souligne : «Nous avons engagé des consultations avec des groupes parlementaires de l'opposition pour présenter un seul candidat, mais cet appel n'a finalement pas abouti. Chaque groupe parlementaire va donc présenter son propre candidat.» Interrogé sur l'état d'esprit avec lequel lui et ses collègues abordent cette huitième législature, Benkhelaf dira : «On aurait aimé qu'il y ait des élections libres et transparentes, à même de donner lieu à une vraie Assemblée issue d'élections qui respectent la volonté du peuple. A la place, nous avons droit à une Assemblée issue d'une élection entachée de fraude massive.» Le député Chafaâ Bouaïche du FFS tient un jugement similaire et qui n'est pas loin de la réalité : «Nous savons pertinemment que l'Assemblée nationale ne représente pas réellement le peuple algérien ni ses aspirations. Nous l'avons déjà dit durant la campagne électorale. Aujourd'hui, nous n'avons pas participé à l'élection du président de l'APN, car nous considérons que nous ne sommes pas concernés, nous n'avons pas participé pour ne pas lui donner de la crédibilité.» Sur le travail du parti durant cette législature : «Nous allons continuer notre travail au sein de l'Assemblée, concernant les lois qui seront proposées par le gouvernement ou celles que nous allons proposer en tant que groupe parlementaire. Nous allons continuer notre travail au sein des commissions mais aussi à la plénière. Nous poursuivrons notre combat contre toutes les lois antinationales et antisociales.» Mais le plus important pour les députés du FFS ce sera le travail que ses élus vont effectuer en dehors de l'Assemblée nationale. «Nous allons continuer à exprimer notre solidarité avec les mouvements sociaux et l'ensemble des syndicats et les citoyens qui luttent quotidiennement pour l'Etat de droit dans notre pays», dira Bouaïche.