L'association culturelle Ti3winin de Bouzeguène a repris ses activités samedi dernier avec la projection de deux courts-métrages en kabyle, réalisés par Omar Amroun. C'est avec un grand soulagement que les habitants de Bouzeguène ont constaté que l'activité programmée pour ce samedi 20 mai à 14h ont bel et bien pu avoir lieu au centre culturel Ferrat-Ramdane. Et pour cause, l'association Ti3winin, qui organise régulièrement depuis des années des rencontres-débats et anime un ciné-club, a subi de plein fouet la dernière vague de censure qui a frappé la Kabylie. Après le café littéraire d'Aokas, elle s'est en effet confrontée aux décisions jugées arbitraires de la daïra de Bouzeguène qui a refusé de délivrer des autorisations à deux conférences. La première prévue le 18 mars avec Kamel Daoud à l'occasion de la sortie de son recueil de chroniques Mes indépendantes ; la seconde devait avoir lieu le 13 mai dernier avec la romancière Hiba Tayda autour de son ouvrage Un slow avec le destin. Suite à cette mesure restrictive décidée par les autorités sans le moindre motif, un rassemblement de protestation a eu lieu au niveau du centre culture auquel ont participé des dizaines d'habitants ainsi que d'autres activistes venus d'ailleurs. Ce sit-in était une réponse à l'appel lancé par l'association dans une déclaration dénonçant «les agissements vils et méprisants du chef de daïra de Bouzeguène envers la culture et les hommes de culture» et appelant «l'ensemble des citoyens à venir en force pour un rassemblement devant le centre culturel Ferrat-Ramdane de Bouzeguène le samedi 13 mai 2017 à 13h30 afin que ces pratiques tyranniques et autoritaires cessent». D'aucuns s'attendaient néanmoins à ce que le bras de fer se poursuive vu que l'interdiction des conférences et rencontres culturelles avait tout l'air de devenir une pratique systématique dans certaines régions de Kabylie. Or, samedi dernier, le ciné-club s'est finalement tenu en présence d'une foule nombreuse venue assister aux deux courts-métrages kabylophones, Le tapis rouge et Une peine à vivre de Omar Amroun, qui n'est autre que le secrétaire général de l'association. Fait marquant, la présence parmi le public du président de l'APC de Bouzeguène, Mourad Bessaha, d'obédience FFS, qui a pris la parole pour «défier quiconque» qui voudrait encore mettre la vie culturelle de la localité sous les verrous et déclarer que le centre culturel Ferrat-Ramdane sera exclusivement dédié à la culture et dépendra de la mairie, lit-on dans un communiqué de l'association.