Les interdictions de conférences initiées par des associations ou des organismes indépendants se suivent à Tizi-Ouzou, avec une cadence qui inquiète et interpelle sur les dangers que font peser ces restrictions qui brident «la libre communication des pensées et des opinions qui est un droit le plus précieux de l'homme.» Après le refus essuyé par le café littéraire organisé par l'entreprise EMEV de Tizi-Ouzou d'accueillir la conférence de l'universitaire Hacène Hirèche, à Larbaâ Nath Irathèn, l'été dernier, l'interdiction par les autorités de la wilaya de Béjaïa de la conférence de l'écrivain Younès Adli qui devait animer une conférence à Aokas, intitulée «la pensée kabyle», et dernièrement de la vente dédicace que devait organiser, à la librairie Cheikh de Tizi-Ouzou, l'écrivain algérien installé au Canada, Karim Akouche autour de son dernier livre La religion de ma mère, c'est autour du journaliste et romancier Kamal Daoud d'être interdit de parole par le chef de daïra de Bouzeguène. En effet, un niet vient d'être opposé à la venue de Kamel Daoud dans cette ville de l'intérieur, invité par l'association locale Ti3winin (les Sources) dans le cadre de son traditionnel café littéraire. C'est le chef de daïra de Bouzeguène (une cinquantaine de kilomètres à l'est de Tizi-Ouzou) qui a signifié l'interdiction de la conférence de Kamel Daoud qui devait animer une rencontre littéraire autour de son dernier ouvrage, Mes indépendances, où il compulse ses chroniques journalistiques, ainsi que sur son parcours de journaliste et d'écrivain. Toutes les démarches faites par l'association auprès des autorités concernées se sont avérées infructueuses. «Aucune réponse écrite et motivée ne nous a été donnée par le chef de daïra», nous dira le président de l'Association Ti3winin qui dit s'être heurté au mutisme des autorités locales. Tous les espaces sollicités ont été refusés à l'association qui a pourtant une longue tradition dans l'organisation de cafés littéraires à Bouzeguène. «Même le P/APC qui a consenti à ce que la conférence se tienne sur le parvis de la mairie a dû se rétracter, à la dernière minute, en raison des pressions qu'il a subies», nous confie le président de l'association.