[email protected] Laborieusement, et au prix de voyages éprouvants et risqués, M. Messahel tente de proposer aux Libyens des solutions dont ils seraient les seuls et uniques acteurs. Cette manière de voir les choses, loin de toute intervention étrangère, est partagée par l'ONU et de nombreuses puissances qui tentent, tant bien que mal, de recoller les morceaux d'une nation désagrégée par les actions irresponsables de la France. Mais la philosophie générale de cette feuille de route reste en deçà des exigences de la situation. Car ce «dialogue national» est un objectif irréalisable dans l'immédiat. D'autres étapes cruciales doivent être franchies pour y arriver. L'une des plus pressantes est de désarmer les factions parallèles qui pullulent. L'expérience prouve, malheureusement, que ces mouvements armés ne veulent rien céder, notamment les djihadistes financés et armés par certains pays «frères». Il faut appeler un chat un chat : ce sont des terroristes islamistes et il est impossible de dialoguer avec eux tant qu'ils sont en position de force ! Quant aux autres parties de ce dialogue «inclusif», elles sont formées de différents pouvoirs «politiques» nationaux, régionaux et locaux qui expriment tous une volonté commune de réinstaurer l'Etat. Mais tous n'ont pas la même vision. Le blocage vient de ceux qui veulent inclure les terroristes dans le débat. Comment est-il possible de se réconcilier avec des terroristes ? La véritable réconciliation est une entreprise qui va au-delà du pardon. C'est une œuvre politique qui vise à rassembler des points de vue différents pour dégager un consensus acceptable par tous. Or, que portent comme projet politique ces terroristes ? Accepter, ne serait-ce qu'une seconde, de donner du crédit à leurs divagations fondamentalistes, surgies des âges noirs de l'humanité, c'est trahir la mémoire de toutes celles et de tous ceux qui ont vaillamment lutté contre la bête immonde et perdu leur vie dans ce combat héroïque, c'est vouloir travestir l'Histoire récente et l'aplatir sous le rouleau compresseur de l'amnésie ! A ce titre, la réconciliation avant la victoire républicaine apparaît beaucoup plus comme une gigantesque manipulation que comme une entreprise politique visant à rassembler les Libyens autour d'un programme minimum commun devant conduire leur pays au développement et à la paix. La véritable réconciliation ne se fait pas avec les terroristes. A ceux-là, on peut, tout au plus, accorder le pardon ! Mais un pardon de vainqueurs, signe d'une générosité qui ne loge que dans les grands cœurs. Une fois jugés et leurs crimes identifiés, ils en seront quittes devant l'Histoire. Les générations futures doivent connaître la vérité et nul n'a le droit de l'occulter sous couvert de quelque politique que ce soit ! Le devoir de mémoire impose de garder intactes ces images de l'horreur afin que nos enfants sachent que leurs peuples ont vaillamment défendu leur honneur. La Libye est en panne d'un projet fédérateur, un rassemblement patriotique de tous ceux qui refusent le diktat des groupes terroristes. Certes, la tâche est difficile au vu de la complexité du tissu social et des clivages qui existent entre les protagonistes. Mais, forces armées, patriotes, tribus, milices non intégristes acceptant d'intégrer l'armée, peuvent se rassembler et entamer un long et difficile combat qui débarrassera la Libye de ces hordes sanguinaires, lesquelles, si rien n'est fait, iront en se renforçant avec l'arrivée des «fuyards» de Syrie et d'Irak ! Le moment d'agir est venu avant la grande invasion estampillée Daesh qui mettra à terre ce qui reste de l'infrastructure de ce pays meurtri et menacera la sécurité des nations voisines. La solution d'une intervention étrangère pour anéantir ces groupes existe mais elle porte des dangers que l'on ne saurait sous-estimer. Il suffit de jeter un coup d'œil sur la carte du Moyen-Orient pour comprendre qu'aucune de ces interventions n'a permis d'instaurer la paix. Au contraire, elle fut souvent à l'origine de complications qui semblent inattendues mais qui sont, en réalité, planifiées par ceux-là mêmes qui ont programmé les sinistres «printemps» arabes. La question que tout un chacun devra se poser est : «La Libye serait-elle dans cet état si la France ne l'avait pas agressée, sous l'instigation de Sarkozy et BHL ?» Retour de boomerang : c'est via la Libye que des milliers de migrants arrivent en Europe ! Et quand le disparu Khadafi avait brandi cette menace face à ceux qui voulaient détruire la «dictature», les Occidentaux avaient la parade : ce sont des menaces en l'air, juste pour se protéger. «Après moi, le déluge !», ça ne marchera pas, disaient-ils. Non, messieurs, après lui, c'est le déluge ! Les côtes italiennes n'en peuvent plus de recevoir tant de misère humaine ! La mer Méditerranée, lac de vie et de paix, devient une mare où rôdent la mort et le désespoir ! Le premier droit de l'Homme est celui de la vie. Les Libyens vivaient, ces Africains vivaient : vous les avez tués ! Vous avez plongé les peuples d'Irak, de Syrie, du Yémen et de Libye dans la terreur et le dénuement total ! Et qu'est-ce l'acharnement impérialiste contre Bachar Al Assad si ce n'est une tentative de détruire totalement la Syrie comme cela a été le cas en Libye : la destruction de l'Etat central a livré la Libye aux pillards et à l'aventure ! La destruction de l'Etat syrien aura les mêmes effets ! Pour la Libye, il y a donc urgence à se rassembler autour des tâches antiterroristes et personne ne peut le faire à la place des Libyens. La réconciliation, dans le flou actuel, est une mission impossible. Elle ne se réalisera jamais parce qu'elle part d'une fausse appréciation de la situation. Cette solution est en décalage avec la réalité. Certes, la philosophie qui la sous-tend est séduisante (qui peut être contre la paix, la concorde ?), mais elle manque cruellement de consistance et, pire, de perspectives. Restera le choix des personnalités qui prendront la tête de ce mouvement patriotique pour sortir la Libye des sentiers battus des politiques poussives... C'est un autre débat : la Libye dispose d'un potentiel riche de compétences avérées doublées d'un patriotisme à toute épreuve ! M. F. P. S. : débat sur El Hoceïma : «El Hirak» est un mouvement debout face à la répression et signe d'une prise de conscience des peuples du Maghreb contre les oligarchies prédatrices. Personnellement, j'y vois le retour éternel des révoltes populaires amazighes pour la justice et l'égalité mais je ne m'aventurerai pas sur le terrain du séparatisme, indépendance et autres vœux pieux de ceux qui veulent voir le Maroc subir ce qu'ils refusent pour notre pays ! Nous sommes autant jaloux de l'intégrité du Maroc que nous le sommes pour l'Algérie. La question du système politique est du ressort de la décision souveraine du peuple marocain. Nous précisons juste que, par «intégrité» du territoire, nous éliminons la RASD qui n'a rien à voir avec le Maroc — quoi qu'en pensent les habitués européens des riads de Marrakech et adeptes de la pédophilie ! — et qui a été annexée par la sinistre «marche verte», prélude à une occupation militaire.