Lucas Alcaraz, sélectionneur des Verts depuis avril dernier, a livré jeudi sa première liste de joueurs appelés à disputer la double confrontation respectivement face à la Guinée (6 juin) puis le Togo (11 juin). S'il est nouveau dans le corps de métier de sélectionneurs, le technicien andalou semble avoir été suffisamment «aiguillé», sinon qu'il a sérieusement «travaillé» pendant les 23 jours ayant suivi sa «promotion» au titre d'entraîneur national, lui qui s'est vu confier des clubs de seconde zone depuis 1995, soit une année après avoir raccroché ses crampons de joueur de champ. Jeudi au CTN/FAF de Sidi Moussa, Alcaraz n'a pas donné signe d'être un «bleu», mais plutôt quelqu'un qui s'est foncièrement déployé pour répondre à toutes les exigences, produire toutes les «saveurs». A telle enseigne que dans sa liste définitive, lui qui avance qu'il a ausculté une soixantaine de footballeurs nationaux et binationaux, aptes à faire partie de l'EN algérienne, les cadres, des revenants, des novices, des réservistes (blessés) et des invités. Pour quelqu'un dont le nom a été révélé à l'opinion nationale seulement le 13 avril, l'œuvre est colossale même s'il faut admettre que le plat proposé, le match officiel contre le Togo comptant pour les qualifications de la 32e CAN (Cameroun 2019), n'est pas si difficile à préparer. Et pour expliquer ses choix, l'Espagnol qui dit ne pas savoir que Rebbouh «Omar» Haddad, vice-président de la FAF, est aussi dirigeant à l'USM Alger, ne se justifie pas. Il pense que «personne» ne lui a dicté quoi que ce soit et que ce sont des «choix individuels», à savoir que chaque élément a été retenu après avoir été supervisé. Il dit même avoir consacré 12 heures de vidéo pour chacun des 60 joueurs ciblés, ce qui nous donne quelque trente jours de visionnage, ne bénéficiant, à en croire sa chronologie, que de deux semaines de «temps libre». Enfin, pas tellement «libre» du fait qu'Alcaraz a eu également à voyager à travers certains pays d'Europe en vue de rencontrer une quinzaine de nos footballeurs expatriés. Pour dire que l'ex-driver de Grenade auquel la fédération a, semble-t-il, exigé d'être «présent en Algérie quinze jours sur trente» n'a pas vraiment chômé. Lui qui, durant une heure d'une conférence de presse «doublée», a dit la chose et son contraire lorsqu'il était interpellé à fournir des précisions sur des cas précis. Ceux de Guedioura et Zeffane en particulier, en manque flagrant de temps de jeu, le premier ayant cumulé 135 minutes entre Watford et Middlesbrough alors que le rennais n'a joué que 75 minutes le long de la saison. Que dire alors de la sélection du jeune Youcef Attal sinon qu'on frise le conflit d'intérêts. Propriété du Paradou AC, club du nouveau président de la FAF, l'ancien défenseur de la JS Kabylie a été «repéré» par Alcaraz lorsqu'il effectuait ses tests au sein du Bétis Séville, un des nombreux (15) clubs drivés par Alcaraz en Espagne. Si l'entraîneur espagnol ne fait que confirmer ce que tout le monde en Algérie connaît des qualités du jeune latéral gauche du PAC, il ne fait aucune allusion aux «recommandations» qui lui ont été faites aussi bien par son nouvel employeur que par son agent qui, selon de bien mauvaises langues, tiendrait les affaires de l'ex-sociétaire de l'ASMO et de la JSK. Mais comme dit l'adage bien de chez nous «les belles affaires se vendent d'elles-mêmes», le cas d'Attal ne posera aucun cas de conscience à ceux qui lui ont ouvert les portes de la sélection, lui qui a été privé de ce «devoir» à cause d'un autre conflit d'intérêts... Histoires belges et bromas espagnoles Contrairement à son prédécesseur, le Belge Georges Leekens, Lucas Alcaraz n'affectionne pas les expressions imagées. Il dit les choses comme elles sont, sans détour. D'ailleurs, sur le plan de la communication, l'Andalou se donne à fond lui qui a ouvert son «cœur» à la presse nationale pendant toute une journée, accordant des entretiens de «dix-quinze minutes» à presque tous les médias. Durant chaque échange, Alcaraz tenait à passer des messages pas souvent faciles à capter. C'est pourquoi Alcaraz a décidé d'apprendre les rudiments de la langue de Molière qu'il commence à peine à baragouiner. Devant les questions pas souvent clairvoyantes des journalistes, certains reprenant des interrogations auxquelles des réponses ont été apportées, l'Espagnol semble comme troublé. C'est connu, les Espagnols ne sont pas trop adeptes du «cirque médiatique sportif», ces blagues (bromas dans la langue de Cervantès) qui «gribouillent» les exploits ou les échecs des sportifs. Alcaraz qui a semblé, durant le débat de jeudi passé, serein et au visage moins serré qu'un Halilhodzic, Gourcuff ou Rajevac devrait s'attendre à son premier test de vérité mardi prochain, à Blida face au Sily National en match amical. Un adversaire qui a toujours posé un lapin aux Algériens, faut-il en convenir. En 2007 lorsque Nouzaret est venu chasser son compatriote, le très controversé Jean-Michel Cavalli, puis en 2015 lorsque Gourcuff a mal apprécié la «blague» du public du 5-Juillet qui l'invitait à dégager à l'occasion d'un match amical contre la Guinée entraîné alors par son «pire ennemi» sportivement parlant, Luis Fernandez. Alcaraz devrait alors mieux comprendre sa phrase-culte «c'est compliqué, c'est donc la vérité». M. B. Autour de la conférence Première La première liste du sélectionneur national Lucas Alcaraz comporte pour la première fois le défenseur de Paradou AC Youcef Attal, l'attaquant de Courtrai Idriss Saâdi, le milieu de terrain de l'USM Alger Abderaouf Benguit et le défenseur de Vereya (Bulgarie) Lyes Hassani. Retour Le gardien de but de Clermont-Foot Mehdi Jeannin, le latéral gauche du MC Alger Brahim Boudebouda, le duo expérimenté Carl Medjani-Sofiane Feghouli, ainsi que Ryad Boudebouz et Mehdi Zeffane font leur retour en sélection algérienne. Invités Pour son premier stage à la tête de la sélection algérienne première, Alcaraz a innové en faisant appel à deux joueurs dans la liste des «invités». Il s'agit de Abderrahim Hamra (USM Alger) et Tayeb Meziani (Paradou AC), deux éléments qui viennent de remporter la médaille de bronze aux jeux de la Solidarité islamique à Bakou (Azerbaïdjan) avec la sélection nationale olympique. «D'autres jeunes joueurs seront invités lors des prochains stages. Une manière de les motiver et leur permettre de côtoyer leurs ainés», a expliqué le technicien ibérique. Mercato Les deux prochains rendez-vous de la sélection algérienne coïncident avec le début du mercato estival en Europe, une période sur laquelle risquent d'être focalisés certains joueurs des Verts, très préoccupés par leur avenir personnel, à l'image de Riyad Mahrez, Ryad Boudebouz, Faouzi Ghoulam et d'autres. Alcaraz en est conscient, raison pour laquelle il s'est précipité pour mettre en garde ses protégés. «Je leur ai déjà demandé d'être pleinement concentrés sur le challenge de l'équipe nationale du début jusqu'à la fin du stage», a-t-il assuré. Gardien La presse française vient d'évoquer de supposés contacts entre la Fédération algérienne de football et le gardien de but de Strasbourg, qui vient de monter en Ligue 1 française, Alexandre Oukdjia, en vue de son éventuelle convocation en équipe nationale. Le premier responsable technique des Verts, a réagi en affirmant que ce portier est «pour le moment non sélectionnable». Mandi Dans quel registre sera utilisé Aïssa Mandi ? C'est la question qui taraude les esprits des supporters des Verts après que l'expérience du joueur de Betis Séville dans l'axe central n'a pas été une totale réussite. «Je connais assez bien Mandi, et je sais qu'il peut évoluer comme arrière droit, défenseur central droit ou même demi-défensif. Pour le moment, je n'ai pas encore décidé de son poste», a répondu le technicien ibérique. Vidéo Alcaraz accorde un intérêt particulier à la vidéo dans la préparation de ses matchs, et aussi dans l'analyse de ses joueurs. La preuve : chaque joueur sélectionnable a eu droit à 12 heures d'analyse sur vidéo par le coach espagnol, a fait savoir ce dernier. Championnats arabes Alcaraz n'a pas fait appel aux joueurs évoluant dans les championnats arabes, à l'image des défenseurs Mokhtar Belkhiter (Club Africain de Tunis), Hichem Belkaroui (ES Tunis) et Baghdad Bounedjah (Al Sadd, Qatar), tous les trois présents lors de la précédente coupe d'Afrique, un choix qui ne signifie «aucune arrière-pensée» envers ces championnats, a précisé le technicien espagnol, assurant que les portes de l'équipe nationale ne sont pas fermées devant les trois joueurs.