A la tête de la formation de l'ABS, Zoheir Djelloul a freiné la progression et l'invincibilité du PAC en signant un succès (3-0) lors de la 10e journée de Ligue 2. Retour sur cette victoire éclatante avec l'ex-adjoint de Rabah Saâdane qui a un avis intéressant sur l'actuelle sélection nationale. Le Soir d'Algérie : Votre équipe a réalisé l'exploit de la 10e journée en infligeant au PAC sa première défaite. Comment avec-vous préparé cette surprenante victoire ? Zoheir Djelloul : En tant qu'entraîneur, c'était mon travail de bien préparer ce duel contre une équipe invaincue. Bien sûr, j'ai visionné des cassettes. En outre, je travaille avec un de vos confrères à Bou-Saâda, qui m'a ramené les films de six rencontres du PAC. Il m'a même procuré des cassettes du Paradou lorsque ce club était drivé par Chérif El Ouzzani, la saison dernière. Je voulais vraiment suivre et analyser l'évolution des Pacistes. Mais c'est l'ampleur du score (3-0) qui nous a surpris. Vous vous attendiez à un tel écart de buts face à l'une des meilleures défenses de L2 ? Sincèrement, et sans aucun complexe, avant le match, je discutais avec mon adjoint et je lui avais dit que si nos joueurs appliquaient nos consignes, on l'emporterait par quatre buts d'écart. En tout cas, vous avez surclassé tactiquement le coach espagnol du PAC. Belle revanche pour un entraîneur local. Cette victoire n'est pas le fruit du hasard. Il m'est arrivé de visionner plus de dix fois un match du PAC en prenant des notes avec mon adjoint et cela a payé. Avec tout ce travail, vous avez décelé tous les points forts et les faiblesses du PAC... Oui, on a remarqué que leur point fort, c'est l'arrière gauche très offensif. On a tout fait pour le bloquer. L'autre point fort, c'est la construction du jeu à partir des défenseurs, leur jeu en triangle et la profondeur par les ailes. Alors, on a exercé un pressing très haut en fermant les couloirs tout en optant pour l'offensive pour les surprendre. Cette victoire demande confirmation et lors de la prochaine journée, vous allez vous déplacer à Blida, un autre prétendant à l'accession. En effet, et nous irons à Blida pour gagner. Et ce sera impératif de gagner vu que l'ABS est à 4 points de l'USMB qui occupe la 3e place. Une défaite vous reléguerait à 7 points des Blidéens. Moi, je travaille beaucoup sur le côté psychologique et le mental. Bon, on a fait tomber le PAC, mais maintenant il faut se concentrer sur Blida. Et vous avez moins de pressing puisque votre objectif n'est pas l'accession. Tout à fait. L'objectif que j'ai tracé avec le président du club, c'est d'engranger au minimum 20 points avant la fin de l'aller et de jouer le maintien. Au mercato hivernal, on essayera de renforcer l'équipe pour préparer la saison prochaine. Mais si l'accession vous tend les bras cette saison, vous ne la refuserez pas ? Certainement pas, et elle reste possible parce que le niveau est moyen et toutes les équipes se tiennent. Quand vous consentez que le leader béjaoui se fait battre chez lui par le MC Saïda, que le Paradou chute face à l'ABS et que Blida perd contre l'ASMO, c'est qu'il y a un nivellement des valeurs. On ne peut pas éviter de parler de l'EN vu que vous étiez l'adjoint de Saâdane. Comment avez-vous vécu le départ de Rajevac et la défaite face au Nigeria ? Disons que je suis très déçu comme tous les Algériens. On dit que ce sont les joueurs qui ont chassé Rajevac. De votre temps, ce sont les sélectionnés qui faisaient la loi ? Non, jamais. D'ailleurs, vous pouvez poser la question à Saïdi, Antar-Yahia ou Ziani qui étaient des cadres de la sélection. Ils étaient les patrons sur le terrain, mais pas en dehors. Il y avait un respect total entre nous et les capés parce que nous avions obtenu un état d'esprit que d'autres sélectionneurs n'avaient pas. Quel état d'esprit ? Une ambiance vraiment familiale. Il y a des internationaux qui ramenaient leurs épouses dans un climat convivial fait de respect et de fraternité et je crois qu'aujourd'hui, cela n'existe pas en sélection nationale. Rajevac et même Leekens sont-ils des erreurs de casting comme le pensent certains ? Je crois qu'en ce moment, ce n'est pas une affaire d'entraîneur mais de joueurs. Leekens est arrivé pratiquement à la dernière minute et il ne fallait pas trop attendre de lui. Contre le Nigeria, les Verts sont passés à côté. C'est à eux de réagir. L'axe central de la défense est un problème récurrent. Qui devrait-on aligner pour le solutionner, selon vous ? Le mal de l'EN, c'est l'instabilité de l'effectif. Prenez les grandes nations comme l'Italie, l'Espagne, l'Angleterre. Dans l'axe central de la défense, vous trouvez des joueurs qui évoluent ensemble depuis plusieurs années. Ce n'est pas le cas en EN. L'autre problème est qu'on possède des individualités brillantes, mais nous n'avons pas un collectif ; or, le foot est un jeu d'équipe. Actuellement, il n'y a pas d'équilibre qui ne peut s'obtenir que par un travail en bloc. Moi, je le dis, depuis le départ de Saâdane, l'EN n'a plus de défense. Quelle serait, pour vous, la paire idéale dans l'axe actuellement ? Avec Saâdane, on avait promu Bouguerra et surtout Rafik Hallich qui était encore un espoir et j'avais insisté pour qu'il soit retenu en sélection. Aujourd'hui, il y a une CAN et je vois bien Bedrane, le sociétaire de l'ESS, qui pourrait intégrer l'EN, vivre avec elle pour ensuite être apte à occuper l'axe.