La planète football célèbre les rois du Real, parés d'une 12e couronne en Ligue des champions, record absolu. La fête a pour épicentre Madrid, qui attendait hier le retour de ses monarques, Cristiano Ronaldo, promis à un 5e Ballon d'Or, et Zinédine Zidane, coach au destin hors-norme. En Italie, la sévère défaite de la Juventus (4-1) passe au second plan derrière le mouvement de panique qui a fait un millier de blessés, selon un nouveau bilan de la police italienne, parmi la foule rassemblée samedi soir sur une place centrale pour y suivre sur écrans géants la finale de Cardiff. Depuis le pays de Galles, l'entraîneur de la Juve Massimiliano Allegri a d'ailleurs eu une pensée pour les fans : «Nous espérons que nos fans à Turin vont bien et qu'il n'y a pas trop de blessés», déclarait-il à la fin de la rencontre alors qu'ailleurs dans le monde, la presse sportive était déjà dans la surenchère de superlatifs après la performance du Real. En Espagne, Marca, pro-Real, glorifie «Les maîtres de l'Univers», quand le Mundo Deportivo, qui soutient pourtant le grand rival Barcelone, salue un «Zidane historique». Zizou calme, CR7 revanchard «Zizou» avait déjà marqué l'histoire de l'épreuve en tant que joueur du Real avec un but venu d'ailleurs en finale, en 2002. Il est entré samedi soir dans la légende de l'épreuve reine : personne depuis Arrigo Sacchi, stratège de l'AC Milan, n'avait gagné deux fois consécutivement la Ligue des champions (1989 et 1990). Et depuis l'inauguration de l'ère moderne (1992-93), aucun club n'y était parvenu. Comme à son habitude, Zidane est resté d'un calme olympien dans la victoire : «C'est un vrai jour historique pour tout le monde mais, bon, la saison prochaine sera encore plus difficile et il faudra travailler encore plus dur pour gagner à nouveau». La carrière de coach de l'ex-meneur des Bleus est pourtant météorique : Il n'y a que dix-huit mois qu'il a été intronisé entraîneur du Real, son premier poste à la tête d'une formation professionnelle. Au Portugal, la Une de A Bola est barrée d'«Un bond pour l'éternité», avec une photo de l'enfant chéri du pays Cristiano Ronaldo, bourreau de la Juve avec un doublé samedi soir, en train de sauter de joie. Avec cette performance, CR7 gagne sa quatrième C1 mais file surtout vers un cinquième Ballon d'Or, la récompense individuelle suprême, qui sera décernée en début d'année prochaine. La mégastar du Real rejoindrait ainsi au sommet du palmarès son grand rival du Barça, Lionel Messi, seul quintuple vainqueur du trophée. Ronaldo n'a pas manqué de répondre à ses détracteurs, qui disaient de lui qu'il avait les jambes plus lourdes à 32 ans : «J'ai vraiment eu une saison fantastique. Les gens ne peuvent pas critiquer, les chiffres ne mentent pas». La nuit promet d'être folle à Madrid Les statistiques sont là en effet, et le joueur s'y réfugie pour oublier une saison également marquée par des accusations de fraude fiscale dans les fameuses révélations de «Football Leaks». Premier homme à avoir atteint la barre mythique des 100 buts en C1, Ronaldo en compte désormais 106 dans l'épreuve reine, alors que «Leo» Messi n'en a «que» 94... Samedi, l'homme-record a atteint la barre des 600 buts dans sa carrière professionnelle. «Irréel Madrid» s'est enthousiasmé L'Equipe en France, avec une photo du crack portugais, sur les genoux, en train d'exulter. La fête à Madrid a bien évidemment commencé au coup de sifflet final. Mais le retour des héros promet d'être fastueux. D'autant que cette saison, le Real a aussi gagné la Liga, le championnat espagnol, après cinq ans de disette. Les fans du club «Merengue» attendaient un tel doublé depuis 1958. La tournée triomphale de la troupe de Ronaldo et Zidane devait démarrer vers 16h30 (heure algérienne) avec un bus à impériale dans les rues de Madrid. A la fin, était prévue une grande fête avec les aficionados au stade Santiago-Bernabeu. Le chant «Campeones, campeones», (champions) devrait encore résonner dans la nuit madrilène une nouvelle fois.