Moaez Bouakaz, l'entraîneur tunisien du RCR, aura vécu une fin de championnat difficile avec un club qui se dirige tout droit vers la Ligue 2. Mais son sérieux et son travail ont séduit notamment les dirigeants du CRB qui souhaitent le recruter pour remplacer le Marocain Badou Zaki, partant. Mais d'autres formations sont sur sa piste. Retour sur le vécu d'un coach très déçu. Le Soir d'Algérie : Après le match contre l'USMH, un de vos joueurs a déclaré que vous aviez frôlé la mort. Réalité ou exagération ? Moaez Bouakaz : C'est surtout la dangerosité avec les jets de projectiles et d'armes blanches. Ensuite, il y a eu cet envahissement du terrain avec des gens que l'on ne connaît pas et qui peuvent être armés. J'ai même vu un grand couteau lancé des tribunes. Il faut dire que dès notre entrée au stade, on nous a menacés et on nous a demandé de laisser les trois points, sous peine de représailles. Qui vous a menacés, les dirigeants harrachis ? Non, ce sont les supporters qui nous ont menacés. Avez-vous été choqué par cet environnement hostile ? J'ai remarqué qu'en cette fin de championnat, il y a du laisser-aller. Les règlements ne sont pas respectés. Par exemple, le match contre l'USMH n'aurait jamais dû reprendre après l'envahissement du terrain. Mais l'arbitre a subi tellement de pression qu'il ne pouvait que faire reprendre la partie. Les six points défalqués au début de saison ont pesé lourd. Mais où en est le recours déposé auprès de la FAF ? Je pense qu'au niveau de la ligue, il y a beaucoup de grands clubs influents qui ne veulent pas du RCR en Ligue 1. Déjà, on a constaté lors de l'AG extraordinaire qu'il y avait des gens qui influencent beaucoup les décisions et qui gèrent le football algérien en coulisses. Vous semblez très déçu par ce qui se passe dans le foot algérien. Oui, je suis déçu. Quand on est amoureux de ce sport, on rêve et on croit que les gens vont changer les choses mais malheureusement, ce n'est pas le cas. En ce qui vous concerne, on a dû apprécier votre méthode puisque on vous annonce dans plusieurs clubs. Vous confirmez ? Personnellement, j'entends à droite et à gauche que je vais atterrir dans tel ou tel club. Bon, il y a des contacts. Avec les dirigeants du CRB qui veulent remplacer Badou Zaki par vous ? Je n'ai eu aucun contact officiel avec le CRB. Mais je ne vous cache pas que plusieurs personnes m'ont appelé prétendant être des représentants du CRB. Mais, moi je ne tiendrai compte que des contacts officiels avec les véritables dirigeants. Avec tout ce qui s'est passé avec le RCR, avez-vous toujours envie d'entraîner en Algérie ? Moi, je crois au «mektoub». Bien sûr, exercer ce métier en Algérie m'arrange du fait que je suis prêt de la Tunisie, mon pays natal, et de la Suisse. De toute façon, je me battrai toujours pour imposer ma philosophie de jeu. Je sais qu'il y a des présidents de clubs et des supporters qui veulent voir du beau jeu au ballon plutôt que celui des coulisses. Je dois vous avouer que j'ai été contacté également par des clubs étrangers. De quels pays sont ces clubs ? Du Maroc et de la Tunisie, mais je n'exclus pas de rester en Algérie. Pour conclure, le maintien du RCR, vous y croyez vraiment ? J'y crois mais sans conviction pour les raisons extrasportives que je vous ai énoncées.