Le malouf avait rendez-vous samedi soir à Alger, avec la musique traditionnelle iranienne, à l'occasion du concert de Faouzi Abdennour et de l'artiste iranienne Khatoon Panahi au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi. Le chanteur et musicien constantinois Faouzi Abdennour a été le premier à fouler la scène de l'ex-opéra d'Alger, accompagné par sept instrumentistes (percussions, nay, luth et violons), auxquels s'est joint le musicien iranien Nima au «sitar» (instrument à quatre cordes, à la petite caisse busquée et au long manche mince) et à l'instrument de percussion «def», une sorte de bendir d'une petite épaisseur périphérique et d'un diamètre plus large. Faouzi Abdennour a interprété une «Nouba Raml El Maya» dans ses déclinaisons rythmiques et mélodiques, alignant, de sa voix limpide, notamment, les morceaux Fah el banafsedj, Idha habibek wafa bi aâhdih, Mata nastarihou, Allah, Allah, Ach D'aâni, Beyna Ed'Doulouâï, Ya saqi wesqi habibi, Ya moulet el khana, Mal hbibi malou et enfin Lakitouha fine. Lors de cette première partie de la soirée, les sonorités du luth, mêlées aux sons «aigus» du nay (flûte) et des violons, ont restitué l'ambiance paisible propre à la musique savante qu'est le genre malouf, au grand bonheur d'une assistance conquise par le professionnalisme des musiciens et la brillante prestation de Faouzi Abdennour. Après une cinquantaine de minutes exclusivement de malouf, l'artiste iranienne Khatoon Panahi fait son entrée sur scène sous les applaudissements du public. Elle s'est d'abord produite en duo avec le chanteur algérien. Les deux artistes ont, ainsi, interprété ensemble deux chansons dans les langues algérienne et persane dans un morceau monté sur la musique de Bent Ech'Chalabiya de la diva libanaise Faïrouz et sur laquelle Faouzi Abdennour a rendu le texte de Selli houmoumek fi del aâchiya et Billahi ya hamami, chef d'œuvre en trois temps du terroir andalou. Khatoon Panahi a ensuite chanté «la paix, l'amour et la beauté», à travers des morceaux, qui ont mis en valeur le folklore iranien, notamment ceux intitulés Goo be saghi, Jame Tala, Dashligala et Banoo Banoo où un amoureux compare sa bien-aimée à une belle rose. Après s'être produit la veille à Constantine, le duo algéro-iranien a ainsi charmé le public algérois avec un voyage musical qui a établi des passerelles d'échanges entre les deux cultures, à travers la cohabitation harmonieuse des rythmes et modes algériens avec les cadences et «maqqamet» iraniens. Natif de Constantine mais installé en France (Paris) depuis 2006, Faouzi Abdennour, un artiste à la carrière musicale riche d'une trentaine d'années, a déclaré dédier son art au «dialogue entre les cultures et les religions». Dans ce sens, il compte s'investir prochainement dans d'autres duos qu'il présentera en Algérie, avec d'autres artistes aux «traditions ancestrales diverses» et aux «différentes confessions», notamment la Libanaise Nadine Barouky et la Française Françoise Atlan. Faouzi Abdennour est aussi président de Union culturelle universelle et ambassadeur de la paix, au Cercle des ambassadeurs universels de la Paix. Installée elle aussi à Paris, l'Iranienne Khatoon Panahi, au «long parcours artistique» dédié à la «femme iranienne en particulier», compte, de son côté, réunir «les anciennes chansons du terroir iranien tombées dans l'oubli», pour les «remettre au goût du jour dans de nouveaux enregistrements». Chanteuse, conteuse, comédienne et professeur de danse, Panahi a représenté l'Iran dans plusieurs pays. Samedi soir et durant deux heures cette belle fusion de musiques algérienne et persane a mis en valeur la richesse et la diversité des deux patrimoines, permettant un dialogue intéressant entre deux cultures millénaires.