Les directeurs de services agricoles (DSA) et les conservateurs de forêt des dix-sept wilayas touchées par les feux de forêt ont vingt-quatre heures pour recenser et évaluer les dégâts causés aux agriculteurs et aux éleveurs. Selon le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, il est question de les indemniser dans les plus brefs délais pour une relance immédiate de l'activité agricole. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le ministère de l'Agriculture envisage la reprise immédiate de l'activité agricole et forestière. Pour ce faire, un plan opérationnel d'urgence s'impose. Le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, Kamel Chadi, a sommé hier, à Alger, les DSA et les conservateurs de forêt des dix-sept wilayas touchées par les incendies de forêt de dresser, en un laps de temps de vingt-quatre heures, le bilan des dégâts causés aux agriculteurs et aux éleveurs. «Il faut un dédommagement immédiat des pertes causées aux agriculteurs et éleveurs pour reprendre l'activité agricole. Celui qui a perdu vingt ruches sera indemnisé de vingt ruches et celui qui a perdu 50 mille volailles sera indemnisé de 50 mille volailles», a-t-il ordonné. Quant aux arbres fruitiers incendiés, il précise que le Groupe génie rural (GGR) s'attellera au nettoyage des lieux avant de procéder à la plantation des arbres, une fois les températures rafraîchies. Comment entamer les modalités d'intervention ? Selon Kamel Chadi, il faut d'abord dresser le bilan des dégâts et identifier les actions à entreprendre. «C'est une opération coup-de-poing car nous n'avons pas suffisamment de temps. Nous sommes obligés d'avoir un plan opérationnel d'urgence», dit-il. De son côté, le directeur général des forêts, Azzedine Sekrane, assure que des commissions de wilaya sont chargées d'effectuer un recensement et une évaluation minutieux. «Aujourd'hui, nous nous mobilisons avec le GGR qui va s'occuper de l'aménagement des routes et des régions plantées d'arbres fruitiers touchées par les feux de forêt en vue de se préparer pour la période de plantation», dit-il. S'agissant du bilan partiel des feux de forêt arrêté au 29 juillet dernier, il précise que 1 071 feux ont été enregistrés. Le patrimoine forestier incendié s'élève ainsi à 7 908 ha dont 2 506 de forêts, 2 781 ha de maquis et 2 622 ha de broussailles. «Avec une moyenne de dix-huit feux par jour, 7,3 ha sont ravagés quotidiennement», dit-il. De son côté, le directeur central au ministère de l'Agriculture, Mohamed Kessira, estime que le repeuplement du cheptel et la régénération des plantations nécessitent des dispositifs d'urgence. «Aujourd'hui, il est question de recensement et d'évaluation des dégâts en vingt-quatre heures afin de mettre en place des dispositions d'urgence à entreprendre pour la relance de l'activité agricole», explique-t-il. Assurant que les pouvoirs publics ont mis tout en place afin de pouvoir accompagner les agriculteurs et éleveurs touchés par les incendies de forêt, il rappelle, à cet effet, le rôle du GGR pour «assurer le nécessaire dans les plus brefs délais». Deux milliards de centimes d'indemnisations par la CNMA La Caisse nationale de mutualité agricole (CNMA) n'a pas perdu de temps et a procédé au dédommagement de ses assurés. «Après évaluation des dommages, nous avons commencé à indemniser les concernés. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou, nous avons indemnisé les agriculteurs en l'espace de quatre jours. A Bouira, les agriculteurs et les éleveurs touchés par les incendies ont été indemnisés en une semaine. Actuellement, nous sommes à deux milliards de centimes d'indemnisations et l'opération se poursuit», a indiqué Cherif Benhabiles, directeur général de la Cnma. Manque de culture de l'assurance L'assurance agricole en Algérie continue à se heurter au problème de manque de culture. Pour le secrétaire général du ministère de l'Agriculture, l'assurance agricole à l'échelle nationale reste «très faible». «Nous ne rappelons de l'assurance qu'en cas de catastrophe», dit-il. Un constat appuyé par le directeur central au ministère de l'Agriculture qui insiste, de son côté, sur le manque de la culture de l'assurance agricole. Pourtant, souligne-t-il, «l'assurance est une garantie pour l'agriculteur lui permettant d'être endommagé au moment voulu». Déplorant l'absence de la culture d'assurance, le directeur général de la CNMA poursuit dans le même sens : «Aujourd'hui, l'assurance est devenue obligatoire. Il faut l'intégrer dans la politique agricole», dit-il. Pour lui, la sensibilisation des agriculteurs et éleveurs s'impose. «Durant les deux dernières années, nous avons créé 220 bureaux locaux, surtout dans les régions enclavées afin de se rapprocher des éleveurs au moment où des sociétés d'assurances ont quitté ces régions. Il faut un travail de proximité avec les agriculteurs et les éleveurs. Certes, les chiffres s'améliorent mais nous restons loin des objectifs tracés», ajoute-t-il.