Nez rouge, visage fardé, costumes multicolores, silhouette grimée, les clowns sont traditionnellement associés au rire, au jeu et au plaisir. Ces personnages aux visages peinturlurés sont recherchés pour leur bonhomie. On les invite à animer des après-midi dans des crèches, des fêtes scolaires et même des anniversaires. Au cirque, leur passage sur scène est très attendu. Il arrive aussi que des associations invitent ces amuseurs pour égayer les services pédiatriques des hôpitaux, l'occasion d'apporter un peu de joie et de légèreté au quotidien morose des enfants malades. Pourtant, force est de constater que de nombreux enfants éclatent en sanglots et courent se réfugier dans les jupes de leurs mamans, à la simple vue d'un clown. Pourquoi ces saltimbanques censés faire rire nos petits bouts de chou provoquent-ils autant de frayeur et d'angoisse chez eux ? Témoignages. Maria, 24 ans «Comment pourrais-je oublier le traumatisme que j'ai subi lors de ma première rencontre avec un vrai clown. Hormis à la télévision et dans les livres illustrés, je n'en avais jamais vu en chair et en os. Dans ma tête, un clown c'était plutôt rigolo. J'avais 4 ans et j'étais toute contente de me rendre à l'anniversaire de ma copine Aïda. Cela faisait un mois qu'elle nous promettait une fête inoubliable : «Il y aura un énorme gâteau au chocolat, des bonbons, des chips et... un clown !» J'étais excitée comme une puce et je comptais les jours qui me séparaient de cet évènement, où j'allais, j'en étais sûre, m'amuser comme une folle. Chez ma copine, il y avait un petit jardin. Nous avons d'abord commencé à jouer à cache-cache. Et soudain, le clown a surgi de nulle part en sautant et criant. En découvrant ce visage déformé par les grimaces, j'ai été prise de panique. Tout ce maquillage et cet énorme nez rouge me faisaient penser à un monstre. Alors que mes camarades riaient en tapant des mains, moi je criais et pleurais de plus en plus fort. J'étais tellement terrorisée que j'ai fait pipi sur moi. J'ai couru me réfugier dans la cuisine. Très vite rattrapée par la mère de ma camarade, je me suis un peu calmée. Elle m'a prise dans ses bras et réconfortée. Il n'était plus question de rejoindre les autre. Je réclamais ma maman. Comme par magie, elle est arrivée. Il fallait que je m'éloigne vite de ce lieu. Non, je n'aimais pas du tout les clowns.» Ryan,12 ans «La première fois que j'ai vu un clown en chair et en os c'était au Cirque Amar. J'avais cinq ans. Je m'y suis rendu avec mes parents, mon petit frère et mes tantes. J'étais subjugué par les chevaux, les acrobates et les lions. Mais la vue du clown m'a glacé. Nous étions installés au premier rang. Pour mon malheur, le clown s'est approché de moi en me lançant des ballons. Sa grimace et son nez rouge m'ont apparu peu rassurants. Alors j'ai tourné la tête et me suis jeté dans les bras de mon père en pleurant. Le clown a voulu me rassurer. Il a insisté pour m'emmener sur la piste. Et là je me suis débattue de toutes mes forces jusqu'à ce qu'il me lâche. J'ai fermé les yeux pour ne plus voir ce ‘‘bourourou'' qui n'allait faire de moi qu'une bouchée. A ce jour, je trouve les clowns insupportables. Ils ne me font pas du tout rire. Mon petit frère s'amuse beaucoup à leur vue. Pas moi.» Nawfel, 13 ans «Je m'en souviens, c'était pour le spectacle de fin d'année à la crèche. J'avais juste 3 ans. Deux clowns ont débarqué sous les cris de joie et les rires de mes petits camarades. Je ne comprenais rien à ces ‘‘personnages''. Ils parlaient, ils marchaient mais je n'arrivais pas à les identifier comme des humains. Ils n'avaient pas des visages comme tout le monde. Je me suis mis à pleurer. Mes camarades se moquaient de moi. Je me souviens avoir caché mes yeux avec les mains pour ne plus les voir. Mon éducatrice m'a prise dans ses bras et tenté de me rassurer avec des mots gentils. Le soir j'ai raconté à mes parents que deux monstres étaient venus à la fête !» Lynda, 32 ans «J'ignore pourquoi, mais mes deux enfants étaient traumatisés à la simple vue de ces saltimbanques. Ils avaient respectivement deux et quatre ans. Ma belle-sœur avait sollicité les services d'un clown professionnel pour animer la fête d'anniversaire de mon petit neveu. Il y avait beaucoup de bambins en cet après-midi. En apercevant le clown, mes enfants ont commencé à pleurer de concert. Une petite voisine, présente à la fête ce jour-là, a commencé à flipper elle aussi. Je ne m'attendais pas à ce genre de réactions. Alors, je les ai entraînés dans une chambre et tenté de les distraire en attendant le départ du clown.» Grimés et maquillés, les clowns peuvent paraître effrayants aux yeux de certains enfants. Ils ont juste besoin d'être rassurés afin que les pleurs ne prennent pas la place des rires.