Vous avez déjà eu affaire à l'augmentation surprise d'un service ? Vous avez déjà payé en avance par obligation ? Vous vous êtes déjà senti arnaqué? C'est sur ce genre de problématique que le Soirmagazine s'est penché dans ce numéro. Nous avons fait appel à des témoignages de personnes qui ont refusé de se laisser faire et ont voulu arrêter l'arnaque «au nom de la dignité» et par respect de la personne. Témoignages. Soumia, 45 ans : «j'ai laminé mon ancienne coiffeuse par le bouche à oreille» Chef d'une petite entreprise, Soumia, maman d'un jeune homme, nous raconte une anecdote qu'elle a vécue, relative aux arnaques au service. «Vous savez, je pense que chacun de nous a vécu une mésaventure dans ce sens. Mais beaucoup ne réagissent pas. Pour ma part, j'ai vécu une vraie escroquerie, petite et mesquine, qui m'a profondément marquée. J'ai été une cliente fidèle pendant des années d'une coiffeuse, et j'ai même pu convaincre beaucoup de personnes de mon entourage de s'abonner chez elle. Au départ, j'avais remarqué qu'elle gardait ce qui restait de la couleur que j'achetais chez elle. Une fois, j'ai payé à l'avance pour trois services : la coloration des cheveux, la coupe et le brushing. Cela s'est produit la veille de l'Aïd El Adha. J'ai préféré payer pour avoir une place. Donc, j'ai fait les deux services et j'ai décidé de ne pas faire de brushing et le programmer pour le surlendemain. Ma coiffeuse a nié en bloc avoir été payée pour trois services. J'ai été tellement choquée et j'ai dû lui montrer le bon de reçu. Mais au bout d'un moment, j'ai regardé la coiffeuse dans les yeux et j'ai senti qu'elle voulait m'arnaquer. Elle m'a prise tout simplement pour une personne stupide. En sa présence, j'ai pris le téléphone et j'ai appelé toutes les personnes de mon entourage qui étaient abonnées chez elle. Je leur ai tout raconté. Au bout de quelques minutes, elle venait de perdre cinq clientes fidèles. Ma réaction a été celle-là. Je n'ai pas déposé une requête mais j'ai utilisé le téléphone arabe, comme on dit, qui est le plus efficace. Une personne qui ment pour 600 DA est prête à tout. Ce qui m'a le plus désolée est la somme annuelle que je déboursais chez elle. Le bouche-à-oreille a été mon arme et une bonne leçon pour elle.» Nawel, 36 ans, maman de trois enfants : «Une union pour faire admettre la justice» L'arnaque, Nawel l'a vécue comme une réelle traîtrise. «Je pense que tous les parents qui travaillent, à un moment de leur vie, ont connu les tracasseries de trouver une bonne crèche et d'établir une relation de confiance avec l'équipe d'encadrement. La première expérience que j'ai vécue a été une véritable catastrophe. La directrice nous a indiqué les prix et nous avons constaté qu'elle était seule dans cette circonscription. Donc, automatiquement, il y avait une demande importante. Les tarifs qu'elle applique étaient déjà élevés en comparaison avec ce que payaient les personnes de mon entourage pour le même. Nous avons quand même accepté et décidé de laisser notre fille dans cet établissement. Tout se passait bien, la crèche était proche du domicile et notre fille s'y était habituée. Nous avons acheté tout le nécessaire. Au bout de trois semaines, elle a commencé à appeler les parents un par un pour annoncer une augmentation des prix. En somme, une augmentation surprise avant même d'avoir bouclé le mois en cours. Un choc pour moi, je l'ai vécu comme une véritable arnaque. «Wach idir el mayat fi yad rassalou (que peut faire le mort entre les mains de celui qui le lave)», lui ai-je dit. J'étais dans tous mes états. Beaucoup de parents avaient vécu cela comme un vol. Au bout de quelques jours, nous nous sommes organisés et nous avons signé une pétition en expliquant à la directrice que nous allions déposer une plainte. Elle s'est rendue compte de son erreur et a commencé à faire marche arrière. Pour ma part, je n'ai plus pu lui faire confiance. J'ai dû retirer ma fille (sans bien sûr être remboursée) pour l'inscrire dans une crèche proche de mon lieu de travail. Je pense qu'il est temps que les Algériens fassent valoir leurs droits et surtout ne pas se taire devant une injustice manifeste.» Nassima, 46 ans : «une voix imposante pour faire admettre au gérant son erreur» Petite de taille, chétive, Nassima passe pour une personne frêle. «Tout le monde pense pouvoir m'écraser. Mais je ne me laisse pas faire surtout lorsque je suis dans mon droit. C'est ce qui s'est passé dans une supérette. J'avais acheté un lot de yaourts et autres produits laitiers pour toute la semaine. Arrivée chez moi, et en déballant mes sacs, je me suis rendu compte que les produits étaient périmés. Pis encore, les yaourts dégageaient une odeur nauséabonde. Donc, j'ai tout remballé et, direction la supérette. Le gérant m'a dit que c'était impossible de me rembourser et que je n'avais qu'à faire attention. Je n'ai pas pu contenir ma colère. Tout en brandissant le ticket de caisse prouvant l'achat, je gesticulais dans tous les sens en disant que c'était du vol et de l'arnaque. Des clients ont tenté de me calmer et à un certain moment, le gérant disait qu'il allait appeler la police. En criant plus fort, je disais que c'était moi qui allais appeler la police pour fermer la supérette pour vente de produits périmés. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il a accepté de me rembourser. Je n'ai plus remis les pieds là-bas !»