La réunion du Comefa (Comité économique mixte algéro-français), le 12 novembre prochain à Alger, apportera-t-elle du nouveau dans les relations économiques algéro-françaises ? Cette rencontre inscrite dans le calendrier des échanges bilatéraux depuis plusieurs mois déjà intervient dans un climat chargé de «tensions et d'incompréhensions» entre les deux pays, apprend-on de bonne source. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Alger et Paris ont beau tenter de passer outre, mais les divergences profondes affichées de part et d'autre au sujet de certains conflits régionaux minent en arrière-fond des relations que l'on essaye de maintenir correctes à travers les deux rives. Les positions diamétralement opposées des dirigeants algériens et français sur le dossier du Sahara occidental prédominent ainsi dans la problématique. Mais les rendez-vous restent inscrits, et les deux parties s'y astreignent tout en maintenant un niveau de consultation à un rang élevé. Il y a peu de temps encore, le ministre algérien des Affaires étrangères faisait ainsi savoir dans un briefing que des échanges téléphoniques portant sur d'importants sujets se déroulaient de temps à autre avec Le Drian, son homologue français, et que ce dernier n'hésitait pas à le consulter sur certains sujets sérieux. Et Jean-Yves Le Drian est justement attendu ce 12 novembre à Alger pour présider avec Abdelkader Messahel la quatrième session du Comité économique mixte algéro-français (Comefa). Dans un communiqué diffusé hier, le ministère algérien des Affaires étrangères a fait savoir que Youcef Yousfi et Bruno Le Maire, respectivement ministre de l'Industrie et ministre de l'Economie et des finances, seront également présents à la réunion. «Cette session, poursuit le communiqué, offrira l'opportunité aux deux ministres de procéder à une évaluation exhaustive de l'état de la coopération économique et d'examiner les perspectives de renforcement des partenariats en cours et de lancement d'autres par des opérateurs économiques des deux pays.» On apprend également que les deux MAE passeront en revue «les différentes questions inhérentes au volet bilatéral et à la situation régionale et internationale. A cet effet, ils examineront les situations prévalant en Libye, au Mali et au Sahel». Le volet économique sera cependant, et sans nul doute, au centre de tous les débats. Au cours de l'été dernier, l'Algérie s'était déjà exprimée par la voix de son Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur l'état des relations économiques entre les deux pays. Lors de la visite de Bernard Caseneuve à Alger, l'ancien ministre s'était adressé à son homologue français pour se «plaindre» du manque d'investissement français en Algérie. Sellal avait alors fait remarquer toute l'évolution positive effectuée par le pays et stabilité, propos auxquels Caseneuve avait répondu en promettant un «avenir fait d'amitié et de travail» entre les deux pays. Peu d'actions concrètes ont malheureusement suivi. Les investisseurs français préfèrent regarder ailleurs dans le Maghreb, là où leurs politiques entretiennent des liens d'intérêts régionaux leur permettant d'exercer leur influence sur la zone. Qu'apportera donc le Comefa ? «La partie algérienne s'est toujours montrée disponible, ouverte à toute forme d'avancée qui ne nuirait pas à ses intérêts bien sûr, commentent des experts. Leur attitude a toujours été d'écouter les propositions qui se font, étudier les propositions puis décider. Dans le cas présent, il est très difficile d'entrevoir ou d'espérer une réelle ouverture, des investissements comme on le souhaiterait. Les Français sont surtout intéressés par les échanges commerciaux, ils tiennent beaucoup à placer leurs produits.» Le seul «chantier» en cours connu du grand public demeure pourtant celui de l'usine Peugeot. Le dossier sera, dit-on, à nouveau débattu et étudié durant cette session. L'affaire semble même avoir avancé. Une avancée tenue dans la discrétion pour éviter de nouvelles rumeurs et supputations sur le sujet. Selon certaines indiscrétions, un Conseil interministériel s'est récemment tenu à Alger pour trancher définitivement l'affaire.