Un bel hommage à Abdelkrim Dali a été rendu jeudi soir à Alger par la Fondation Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali. En cette occasion, l'Association El-Djenadia de Boufarik et l'Association des Beaux-Arts d'Alger ont animé deux concerts de musique andalouse au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, en présence d'un nombreux public. Wahiba Dali, présidente de la Fondation Cheikh El Hadj Abdelkrim Dali, a déclaré être «ravie de cette soirée commémorative qui montre surtout que l'œuvre et l'école de Cheikh Abdelkrim Dali continueront de traverser le temps». Première à apparaître sur scène, la troupe de l'Association El Djenadia de Boufarik et ses vingt-cinq instrumentistes dont 12 musiciennes, sous la direction de Lamine Bouzar, a offert au public un voyage mélodique, à travers la nouba raml. L'impressionnante troupe a interprété des morceaux comme «Aâla chehb el aâchiya» (b'tayhi), «Lach tefekker» (derdj), «Rani nehwak», «Net'ferredj maâk» (n'çraf), «Alif aliftou el boukae» (n'çraf-kh'lass), avant de conclure avec «Ya ness djeretni el gharayeb» et «Malekta aâqli ya kamar». Le public, très connaisseur, a longtemps applaudi l'orchestre ainsi que les prestations des solistes, Nassim Boughzala, Manal Makhlouf, Meriem Sid Ahmed, Sara Benmessaï, Aïssa Sid Ahmed et Thiziri Rabhi. La troupe de l'Association les Beaux-Arts d'Alger, sous la direction d'El Hadi Boukoura, est forte d'une trentaine d'instrumentistes dont 15 musiciennes. Elle a choisi de mettre en valeur des textes anciens, à travers un programme hawzi, les maîtres de la poésie du XVIIIe siècle, Boumedienne, Mohamed Bensahla ainsi que Mohamed Ben M'Sayeb. Après une touchia «mezmoum», l'ensemble algérois, soutenu par Sara Benazouz à la contre-basse, a rendu une prestation de haute facture, interprétant des morceaux comme «Ili snine aâdid», «Laryam djawni el bareh» ou encore «Batel tloumouni ya ness». Le public, encore une fois, a apprécié les prestations vocales de solistes comme Houssem Zitouni, Meriem Ouzani, Sihem Boumaâza, Haroun Chettab, Rosa Fatma-Zahra Belaïdi ou Kaïssa Ould Younès. Les mélomanes ont aussi applaudi la prestation de Yasmine Sefsaf, une non-voyante, virtuose du luth, qui a réussi à concilier entre son amour de la musique et son statut de diplômée de hautes études en littérature. Durant plus de deux heures, les spectateurs du palais de la culture Moufdi-Zakaria ont pu apprécier la richesse et la diversité des répertoires proposés lors de cette soirée commémorative qui s'inscrit dans le cadre du 39e anniversaire de la disparition de l'artiste Abdelkrim Dali, qui comporte des manifestations culturelles et artistiques programmées durant toute l'année 2017 dans plusieurs villes d'Algérie et aussi au Centre culturel algérien (CCA) de Paris, en avril dernier notamment. A l'issue de cette soirée algéroise, des diplômes d'honneur ont été remis aux associations El Djenadia et les Beaux-Arts, ainsi qu'à des personnalités de la musique andalouse. Né en novembre 1914 à Tlemcen dans une famille de mélomanes, cheikh Abdelkrim Dali est considéré comme l'une des plus grandes voix de la musique andalouse. Egalement musicien virtuose et polyvalent, il réalise ses premiers enregistrements dans les années 1930 avant d'intégrer l'orchestre de la Radio d'Alger, dirigé, alors, par le maître Mohamed Fekhardj. Dans les années 1950, il rejoint le Conservatoire d'Alger où il se consacrera à la formation des jeunes. Abdelkrim Dali est décédé le 21 février 1978 à Alger. Parmi ses chansons célèbres, figurent «Ibrahim El Khalil» entendue chaque Aïd el-Adha, «N'har el youm», sur l'Aïd el-Fitr, «Rihla Hidjazia», «Nergheb el Mouid», «El hadjam ou El Kaoui».