Un musée dédié au maître du malouf, Hadj Mohamed-Tahar Fergani a été ouvert jeudi soir au deuxième étage du palais de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa de Constantine. Retraçant les principales séquences du parcours artistique de Hadj El Fergani, ce musée contient des centaines de photos du défunt, plusieurs instruments musicaux qu'il utilisait, ses disques et enregistrements, certaines de ses affaires personnelles et les attestations d'honneur et trophées qui lui ont été décernés tout le long de son parcours. Ce musée comprend également «un pavillon d'honneur», orné du violon cher à El Hadj Fergani, la médaille de l'ordre de mérite national «Achir» que le président de la République Abdelaziz Bouteflika lui avait décerné et une lettre signée par le chef de l'Etat en signe de reconnaissance pour sa contribution, pendant sept décennies, dans le domaine artistique au service de la chanson andalouse. Les portes de ce nouvel espace demeureront ouvertes aux férus du malouf et de Hadj El Fergani en particulier, a souligné le directeur de la culture, Zitouni Aribi, affirmant que ce musée retrace, pour les futures générations, le parcours du rossignol de l'antique Cirta. L'ouverture de ce musée est «un signe de reconnaissance au maître du malouf, considéré comme l'un des principaux repères de la musique algérienne ayant consacré toute sa vie au service de la chanson andalouse dans son genre malouf en particulier», a souligné le responsable, qui est revenu sur les multiples contributions du défunt. La cérémonie d'ouverture, qui s'est tenue en présence des autorités locales, a été marquée par la présentation d'un documentaire retraçant la vie artistique de Mohamed-Tahar Fergani, le monument de la chanson malouf et de la culture algérienne intitulé : «Les grands qui ne meurent pas», du réalisateur Ali Aïssaoui. De son vrai nom Regani, Mohamed-Tahar est né le 9 mai 1928 à Constantine, dans une famille de musiciens. Son père, Cheikh Hamou Fergani (1884-1972), était un chanteur et un compositeur réputé du genre hawzi. Mohamed-Tahar Fergani a débuté sa carrière artistique dans le genre oriental égyptien évoluant dans une troupe musicale avant de changer de registre et de s'orienter vers le malouf, propre à Constantine, sous l'influence de ses cheikhs Hassouna Ali Khodja et Baba Abid. En 1951, à Annaba, il se fait remarquer lors d'un concours musical dont il remporte le premier prix et, dans la foulée, enregistre un premier album qui l'impose, à la fois, comme chanteur populaire et maître du malouf. Au contact des grands maîtres de l'arabo-andalou algérien, tels Dahmane Ben Achour ou Abdelkrim Dali, il perfectionne son art. Sa voix exceptionnelle et son coup d'archet inégalable ont fait de Hadj Mohamed- Tahar le maître incontesté de l'école du malouf constantinois. Appelé la mémoire vivante du malouf, El Hadj a œuvré pendant les 70 ans de sa carrière artistique à perpétuer la musique malouf et n'a cessé de charmer, par la qualité de son interprétation, un grand nombre de mélomanes. Il compte à son actif des centaines d'enregistrements de chansons malouf, mais également dans les genres musicaux mahjouz, zjoul et hawzi. Des enregistrements, de l'avis des musicologues, qui ont amplement contribué à préserver le patrimoine musical de Constantine.