En grève de la faim depuis cinq jours, la directrice du quotidien arabophone El Fadjr, Hadda Hazem, était hier, déterminée à poursuivre son mouvement de protestation. Elle dénonce la privation de son journal de la publicité publique mais aussi la pression exercée sur les annonceurs privés. Des représailles qu'elle qualifie de «hogra». Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Installée, hier, près du siège de son journal à la Maison de la Presse Tahar-Djaout à Alger, l'air affaiblie, Hadda Hazem explique les raisons du gel de l'attribution de la publicité institutionnelle dont souffre son journal depuis plus de trois mois. «C'est mon intervention sur la chaîne française France 24, le 9 août dernier, qui est à l'origine de ces représailles. Dès le lendemain, mon journal a été privé de publicité publique», dit-elle. Se disant victime d'une «injustice», elle ajoute : «C'est une hogra car je suis une femme qui écrit, qui dit les choses à haute voix, qui critique et qui exprime son opinion librement.» Toujours est-il, elle se qualifie de «non-putschiste». «Mes écrits ne visent pas à faire tomber le régime. Je ne suis pas contre l'Etat, ni contre le pouvoir, ni contre telle ou telle personne. Je suis contre la mauvaise politique, la corruption et tout ce qui ne va pas dans le pays.» Pour la directrice du quotidien El Fadjr, la grève de la faim reste la seule action pour dénoncer cette «injustice» et ces «représailles» et tenir tête à ceux qui ont décidé de priver son quotidien de publicité. Précisant que son journal n'a pas cessé de subir la pression depuis sa création le 5 août 2000, elle rappelle qu'El Fadjr n'est pas à sa première «privation» de la publicité. «En 2004, nous n'avons pas reçu de publicité institutionnelle durant dix-huit mois, suite à ma position contre le deuxième mandat aux présidentielles. A l'époque, nous avions pu tenir grâce à quelques annonceurs privés mais aujourd'hui, même les annonceurs privés subissent la pression et suivent les instructions», fait-elle remarquer. Aujourd'hui, estime Hadda Hazem, il ne s'agit pas uniquement de son journal mais de toute la corporation de la presse. «Désormais, mon problème ce n'est pas la publicité. La publicité n'est que la goutte qui a fait déborder le vase.» Selon elle, l'ouverture d'un débat autour du marché de la publicité s'impose. Elle dénonce également l'anarchie qui sévit dans la presse algérienne. «Il faut mettre de l'ordre dans la profession et que le pouvoir lève la main sur la publicité publique et privée, ultime rentrée d'argent pour la presse. C'est au lectorat de juger et de décider de la notoriété d'un journal», conclut-elle.