La 9e édition du Maghreb des films se tient jusqu'en janvier 2018 à Paris avec un riche programme de projections-débats de films maghrébins, notamment tunisiens. Une trentaine de films, dont six venus d'Algérie, sont projetés depuis le 21 novembre dans différents espaces parisiens, notamment les salles de cinéma La clé et Le Louxor. Cette année, l'accent est mis sur le 7e art tunisien avec la sélection d'une dizaine d'œuvres dont beaucoup s'inscrivent dans le contexte post-révolutionnaire. L'ouverture s'est faite le 21 novembre dernier à l'Institut des cultures d'islam avec Le collier perdu de la colombe (1991), le film culte du grand réalisateur tunisien Nacer Khemir ; un conte cinématographique largement inspiré de l'œuvre du philosophe andalou Ibn Hazm et, plus généralement, du contexte de l'Andalousie musulmane. Notons également la projection du documentaire Le verrou, de Leïla Chaïbi et d'Hélène Poté, qui revient sur la sempiternelle problématique du corps féminin à travers le regard de trois femmes tunisiennes spécialisées dans la pratique d'un rituel magique visant à verrouiller l'hymen des jeunes filles avant le mariage ; le court-métrage Zakaria de Leïla Bouzid, qui traite des tourments identitaires d'un émigré algérien ; Beyond the silence, de Intissar Belaïd, qui filme son grand-père comme un personnage emblématique d'un terroir tunisien hors-du-temps... Hier, Fayçal Hammoum a présenté son documentaire Vote off ,officiellement interdit en Algérie du fait de son ton critique à l'égard des élections. A partir d'aujourd'hui, le cinéma La clé accueillera, entre autres, le court-métrage Déjà la nuit, où le réalisateur marocain Youssef-Nathan Michraf raconte une virée nocturne d'un couple atypique en visite à Paris ; le documentaire Fais soin de toi de l'Algérien Mohamed Lakhdar Tati qui effectue une enquête aussi poétique que sensorielle sur la difficulté d'aimer ; le court-métrage On est bien comme ça de Mehdi Barsaoui primé à Dubaï et à Ouagadougou ; le long-métrage Handbang Lullaby de Hicham Lasri qui se déroule dans le Maroc des années 1980, etc. Demain aura lieu une évocation du cinéaste algérien Mahmoud Zemmouri, décédé ce mois-ci à Paris, avec la projection de son film culte Les folles années du Twist, suivie du documentaire Atlal de Djamel Kerkar qui nous offre un portrait tout en nuances et silences d'une région déshéritée de l'Algérie post-décennie noire, etc. L'Algérie sera également au centre de l'écran, le 5 décembre prochain au cinéma Le Louxor, avec le documentaire Musiques de l'exil des Algériens en France, de José-Maria Bezosa ; Une journée au soleil, de Arezki Metref et Marie-Joëlle Rupp qui filment les derniers moments du café mythique Le soleil, témoin de l'histoire de l'émigration algérienne en France. Le jeudi 7 décembre, Malek Bensmaïl présentera en avant-première son tout nouveau documentaire La bataille d'Alger, un film dans l'Histoire, où le réalisateur revient sur cette œuvre centrale du cinéma algérien à travers de nombreux témoignages et archives. Le 12 décembre, retour en Tunisie à la Cinémathèque universitaire de Censier avec le long-métrage Keswa, le fil perdu, de Kalthoum Bornaz, décédée en septembre 2016. Enfin, le Maghreb des films se clôturera en janvier 2018 avec, notamment, le dernier film du cinéaste marocain Fawzi Bensaïdi. Volubilis signe le come-back de cet artiste de l'image qui n'a plus filmé depuis l'excellent Mort à vendre, sorti en 2011. Son esthétique urbaine percutante et son traitement sans concession des réalités marocaines font de lui l'un des cinéastes les plus remarquables du cinéma maghrébin actuel.