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Macron : Dr Jekyll and Mister Hyde
Publié dans Le Soir d'Algérie le 06 - 12 - 2017


Par Badr'Eddine Mili
En moins de dix mois, avant et après son élection au sommet de l'Etat français, le président Emmanuel Macron aura montré toute l'étendue de son répertoire de communication où il n'a cessé de camper, sur les questions cruciales de la politique intérieure et extérieure de son pays, les rôles contradictoires du Dr Jekyll et de Mister Hyde sans s'embarrasser des conséquences négatives que son double discours, soufflant le chaud et le froid, pourrait avoir sur l'image des débuts de son quinquennat qu'il se plaît à vendre sous le label de «révolutionnaire», là où il se déplace, chez lui ou à l'étranger. Candidat à la présidentielle d'avril 2017, il déclara, à Alger, que la colonisation de l'Algérie a donné lieu à des crimes contre l'humanité, des propos qu'il s'empressa de rectifier, à son retour à Paris, face aux protestations des députés du Parlement, des lobbies colonialistes, résidus de l'OAS, harkis et extrême droite soutenus par les médias et les «intellectuels» sous influence qui rêvent d'une revanche à prendre sur l'indépendance arrachée par le peuple algérien, poussant l'outrecuidance jusqu'à revendiquer une portion du territoire national où ils érigeraient un Etat pied-noir. Et il n'avait pas fallu attendre longtemps, pour voir le discours officiel sévèrement recadré après l'élection.
Interrogé par des associations sur la qualification des crimes commis, le 17 octobre 1961, par le préfet Maurice Papon contre les manifestants algériens dans la capitale française, l'Elysée ne trouva pas mieux que de reprendre le terme «d'évènements» cher à François Mitterrand, le ministre de l'Intérieur en poste au moment du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.
Analysée par rapport à ce qu'elle renvoie, quant au fond de la pensée officielle, cette qualification qui n'a rien de fortuit correspond, parfaitement, à l'état d'esprit réel prévalant dans les sphères dirigeantes du pouvoir encore dominé, malgré les apparences, par la coalition des partis, historiquement, responsables de l'occupation et donc peu enclins à consentir – en dehors de quelques déclarations jetées en pâture par des fonctionnaires de second rang – la moindre concession à l'Algérie qui viendrait bouleverser les équilibres de l'ordre établi, outre-Méditerranée, en matière d'Histoire et de mémoire. Pour qui sait que l'Etat français fonctionne, depuis son déclin, sur le mode de la glorification des conquêtes de l'Empire, il aurait été, exagérément, naïf de s'attendre à ce qu'il en fut autrement et que le président Macron serait capable de traduire son «intime conviction» par un acte politique fort qui rendrait justice au peuple algérien. Derrière les apparences séduisantes mais trompeuses de la communication schizophrène du président français se cache, en réalité, la gigantesque machine idéologique, économique, diplomatique et militaire à laquelle le bloc compact de l'Etat profond a confié la tâche de restaurer la «grandeur» et «l'honneur» de «la France historique», selon l'expression utilisée par Valéry Giscard d'Estaing saluant «la jeune Algérie», lors de sa visite à Alger en 1975.
On chercherait, ailleurs, les raisons qui expliquent pourquoi les relations algéro-françaises ont eu et continuent d'avoir toutes les peines du monde à obtenir la bonne formule pour promouvoir une coopération fondée sur le respect et l'intérêt mutuels dans un cadre exempt d'arrière-pensées politiques et économiques, on n'en trouvera aucune ; car, c'est, en grande partie, dans cette obsédante entreprise de résurrection et d'entretien des illusions de la puissance perdue de l'empire que réside le cœur de la politique algérienne de la France. Se manifestant avec une constance, jamais démentie, malgré la succession à la tête de l'Etat français de plusieurs présidents, parmi lesquels trois n'ont pas connu la guerre d'Algérie, cette politique revêt les formes d'une véritable bataille menée sur, au moins, trois fronts : la mémoire, l'économie et la diplomatie.
Sur le front de la mémoire, les dirigeants français conduisent une bataille centrale qui a pour objectif déclaré – le Parlement sous le mandat de Jacques Chirac l'a fait – de soustraire les crimes de la conquête et de l'occupation à la qualification de crimes contre l'Humanité. Nicolas Sarkozy et François Hollande s'y sont employés avec un grand zèle, en saisissant toutes sortes de circonstances, pour célébrer «l'œuvre bienfaitrice» des icônes idéologiques du colonialisme, de Lafayette à Jules Ferry en passant par Victor Hugo, Lamartine et Clémenceau. Il ne s'est pas passé un seul mois de leur mandat sans que soient mobilisés le ban et l'arrière-ban des élites de droite et de gauche pour produire et brandir d'innombrables ouvrages et thèses falsificatrices de la vérité historique destinées à absoudre le système colonial de son caractère génocidaire et à charger la résistance de la nation algérienne des pires abominations. Dans les rangs de ces tabors «d'intellectuels» défroqués, il s'en est trouvé qui se réclamaient, par le passé, de l'amitié pour l'Algérie, et qui se sont engouffrés, avec tout ce que la planète camusienne compte de militants du «juste milieu» et de «la cohabitation heureuse», dans la brèche ouverte par les outrances des ultras, terminant leur carrière sur l'exécution d'une triste besogne qui feraient honte aux hautes consciences de l'intelligentsia française signataires de «l'Appel des 121».
A la confection de cet arsenal de déformation de l'Histoire ont été associés d'autres acteurs aussi zélés, recrutés parmi les thésards financés par des Instituts de «recherches» sous contrôle des services de renseignement et, aussi, parmi les héritiers de la féodalité et de la bourgeoisie collaboratrices qui se sont, subitement, découvert la vocation de biographes apocryphes.
Le résultat en fut la production d'innombrables ouvrages, films et thèses de doctorat dont l'Etat français, à travers ses officines, avait attendu qu'ils sèment dans les consciences une autre version qui le dédouanerait de toute reddition de comptes et ferait, du coup, oublier, chez les jeunes générations algériennes, le souvenir des atrocités subies par leurs aînés et même de les faire douter de leur authenticité.
On comprend alors pourquoi Bernard Kouchner tient, tellement, à voir la génération de Novembre disparaître pour laisser place à une autre plus accommodante et pourquoi, aussi, l'ambassadeur de France, à Alger, compte multiplier le nombre des instituts culturels français dans les contrées de l'Algérie profonde. On pécherait par un parti pris trop facile si, sur cette question et sur bien d'autres, on ne devait jeter la pierre qu'à la partie française, en omettant de pointer du doigt la responsabilité du gouvernement algérien qui, par son laxisme et ses imprévisions, a laissé le phénomène s'amplifier pour prendre des proportions incontrôlables.
La remarque vaut, aussi, pour sa gestion cahoteuse du dossier des archives écrites et audiovisuelles retenues en otage à Aix-en-Provence et à l'INA, de la même façon que ses atermoiements suspects sur celui de la restitution des crânes des résistants algériens exposés au voyeurisme nécrophage des visiteurs de musées suscitent de légitimes interrogations sur sa réelle volonté de mettre un terme à cet épisode macabre, alors qu'un gouvernement, autrement plus ferme, aura eu, tôt, fait de rapatrier ces symboles du combat anticolonial du peuple algérien et de les enterrer, dignement, dans d'imposantes funérailles nationales. Que dire, d'un autre côté, des légions d'honneur que les autorités françaises continuent de décerner, avec une générosité douteuse – pour quels services rendus ? – à des «personnalités» algériennes très actives dans les secteurs sensibles de la vie publique si ce n'est qu'elles revêtent la même signification politique pernicieuse que l'attribution régulière des accessits des prix littéraires parisiens aux narrateurs des faux récits sur la guerre de Libération nationale qui éclosent, par génération spontanée, ici et là. Qu'on ne s'étonne donc pas, après tout cela, que des intellectuels patriotes laissent éclater leur colère, trop longtemps rentrée, contre cette littérature et ces comportements d'une hostilité inexcusable, littérature et comportements que nous avons, nous-mêmes, il y a plusieurs années déjà, et à plusieurs reprises, dénoncés, avec vigueur, dans ces mêmes colonnes, en alertant l'opinion nationale sur le haut degré de nuisance de ce travail de sape, méthodiquement exécuté par les historiens – idéologues en vogue et leurs fidèles porteurs d'eau algériens.
Le théâtre des opérations sur lequel intervient le gouvernement français, directement, ou par l'intermédiaire de ses réseaux parallèles, n'est pas circonscrit au seul territoire algérien. Il déborde sur celui de la France, elle-même, où la communauté algérienne qui y réside, en plus de sa discrimination par l'éducation du double collège, le chômage ravageur et les limites imposées à l'exercice de son culte religieux, se trouve, systématiquement, visée par la prolongation de la guerre d'Algérie qui la fait stigmatiser, au moindre attentat terroriste, en l'exposant, souvent, injustement, aux rigueurs de lois aussi liberticides que les pratiques du temps de Pasqua, Pandraud, Longuet et Estrosi de triste mémoire. Les griefs accumulés, dans ce registre, sont innombrables et nécessiteraient la publication d'un véritable livre blanc, tout comme ceux enregistrés, depuis 1962, au niveau des sphères de l'économie et de la diplomatie sur lesquelles tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête de l'Etat français ont développé un mode de pensée et de traitement, foncièrement, néocolonial.
Sur le volet économique, les Algériens ont cessé de guetter le moindre signe positif de la façon dont serait envisagé l'avenir des relations entre les deux pays et pour cause : ils constatent que la seule échappatoire qui leur est proposée par le grand capital français et ses alliés locaux est de se fracasser la tête sur les miroirs aux alouettes de l'émigration clandestine qui mènera les candidats à l'emploi ou aux études, sans distinction, à la précarité du chômage ou à la misère des camps de regroupement où leurs parents et grands-parents furent, pour d'autres motifs, parqués par les mêmes adversaires. Et ce n'est pas demain que cet ordre des choses changera tant que le gouvernement français continuera à ne voir dans l'économie algérienne que des parts de marché et tant qu'il se refusera à déclencher un processus puissant et durable mobilisant des investissements massifs, à haut coefficient capitalistique, créateurs d'emplois et de plus-values. Et ce n'est pas le ministre français de l'Economie qui infirmera cette tendance lourde de la politique économique de la France, lui qui se plaignait, lors de sa dernière visite à Alger, de ce que les entreprises de son pays avaient perdu énormément de terrain dans la hiérarchie des partenaires de l'Algérie au profit des entreprises chinoises et turques.
Il n'avait pas dit qu'afin de pallier ce déficit il fallait que son gouvernement s'engage dans une politique plus audacieuse en matière d'investissements et de transfert des technologies, ainsi que le font les Chinois et les Turcs dans la réalisation de projets stratégiques, mais qu'il était urgent de récupérer les parts perdues par le même truchement, c'est-à-dire le commerce.
Cette prise de position confirme la volonté de la France de ne permettre, à aucun prix, à l'Algérie d'émerger, en tant que puissance économique régionale, et de devenir un exemple à suivre pour l'Afrique. Le forcing opéré sur notre pays pour valider le chantier Peugeot que le gouvernement Tebboune avait qualifié de générateur d'importations déguisées procède de cet entêtement français à restreindre la marge de manœuvre des Algériens plutôt intéressés – pas tous – à créer un marché où les investissements lucratifs supplanteraient, rapidement, le commerce qui nuit plus qu'il ne profite, dans une période de crise intenable où le flux excessif des importations fait peser des contraintes incompressibles sur les équilibres, structurellement, fragiles de l'économie nationale.
La quadrature du cercle est à chercher dans cette chaîne de causes à effets dictés à la France d'aujourd'hui par son passé colonial, un passé qui la pousse, malgré ses protestations effarouchées de pure forme, à persister à défendre le système de la Françafrique par tous les moyens : en maintenant, contre vents et marées, le franc CFA, un facteur de main-mise totale sur les économies africaines, en multipliant les foyers de guerre et de tension en Libye – où elle a cassé l'Etat avant de partir en laissant derrière elle le chaos – au Sahel, en Centrafrique — où elle défend ses légionnaires violeurs — et dans d'autres pays, en humiliant des chefs d'Etat devant leurs concitoyens ou en tenant des propos sur les mères africaines aussi racistes que ceux proférés, par le passé, sur «le bruit et les odeurs» des émigrés et sur «l'incapacité des Africains à entrer dans l'Histoire».
L'entretien par l'Etat français de ce rêve utopique de restauration de l'ancien empire par l'interventionnisme militaire et le pillage économique n'est pas de nature à favoriser l'établissement de rapports diplomatiques et sécuritaires sereins entre l'Algérie et la France. Les divergences existant sur les voies et les moyens préconisés, de part et d'autre, pour régler les conflits en Libye, au Sahel, au Sahara occidental et au Proche-Orient constituent une pierre d'achoppement importante, en même temps qu'une menace potentielle forte sur la sécurité et l'intégrité territoriales de l'Algérie contrariée dans ses efforts de parvenir à un règlement pacifique dans ces zones de grandes turbulences, par les manœuvres françaises destinées, dans un combat d'arrière-garde perdu d'avance, à former des alliances militaires porteuses de risques de recrudescence du terrorisme et de l'émigration sauvage et, partant, de déstabilisation de la région, catastrophique.
L'ensemble des développements qui précèdent nous conduisent, logiquement, à prendre avec beaucoup de précaution les prétentions des dirigeants français et, en l'occurrence du président Emmanuel Macron, à déclencher une révolution dans les relations algéro-françaises à contre- courant de la configuration idéologique et politico-économique actuelle de l'Etat et de la société de son pays.
Sauf à être doté des qualités exceptionnelles d'un Lénine, d'un Ghandi ou d'un Churchill, il est rarissime que le président d'un Etat puisse, dans le contexte présent des relations internationales, déroger, de son propre chef, aux déterminismes de l'Histoire, de la géostratégie et des intérêts de son pays. Cela reviendrait à enfoncer des portes ouvertes que de rappeler qu'en politique, il n'y a pas de place pour les volontarismes aussi généreux soient-ils et qu'il est difficile à un dirigeant, fut-il le mieux intentionné, de transcender les lignes rouges que les institutions de son Etat et les forces hégémoniques de sa société lui intiment l'ordre de respecter.
A moins qu'il ne dispose d'un socle intérieur très puissant qui lui permet de passer outre. Ce qui reste, dans le cas qui nous occupe, ici, à prouver parce que sujet à caution...
En rappelant l'énoncé de ce code non écrit qui veut que ce sont les idéologies, les rapports de force et les intérêts des puissances, et non les sentiments et les proclamations de bonne foi de leurs hommes politiques, qui fondent la conception et la conduite des stratégies d'Etat, nous n'avons, en la matière, aucune prétention à vouloir apprendre quoi que ce soit à qui que ce soit.
Notre intention est juste d'alerter les consciences, encore insuffisamment éveillées, sur la naïveté qu'il y a de croire que le président Emmanuel Macron a le pouvoir de donner à ses déclarations de candidat sur la criminalité du colonialisme un prolongement institutionnel solennel qui le ferait entrer dans l'Histoire dans une posture semblable à celle de Willy Brandt, le chancelier allemand, social-démocrate, s'agenouillant, en 1970, devant le mémorial du ghetto de Varsovie et demandant pardon aux millions de victimes des crimes contre l'humanité perpétrés par les armées nazies en Pologne.
Il reste aux Algériens et à leur Etat beaucoup de chemin à parcourir pour espérer qu'un jour ce président ou un de ses successeurs auraient le courage de s'agenouiller sur l'esplanade de Maqqam Echahid et de demander pardon aux 8 millions de chouhada de la nation exterminés, de 1830 à 1962, par une armée sanguinaire qui a dépossédé tout un peuple de ses terres, de ses biens, de sa culture et de sa religion au nom des «principes» d'une «civilisation» fallacieuse.
Un résultat semblable ne pourra être obtenu, en première et dernière instance, que si les Algériens et leur Etat arrivent à faire un grand travail sur eux-mêmes et à s'entendre, d'abord, chez eux, sur le meilleur projet de société à réaliser en en excluant les prédateurs antinationaux qui plastronnent dans leurs palais parisiens et ont accès libre à l'Elysée, à Matignon et aux centres les plus fermés du pouvoir français que le commun des Algériens ignore.
C'est à ce moment-là, et seulement à ce moment, que tout sera possible.


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