L'Algérie sera le premier pays du Maghreb-Sahel et l'un des rares en Afrique à disposer de son propre satellite de télécommunications, Alsatcom1, qui a été lancé cette nuit depuis la base spatiale de Xichang. Il sera placé à 24,8 degrés ouest. Ce satellite, de la gamme de Dong Feng Hong 4, aura une masse de 5 200 kilogrammes et une envergure de 26 mètres. Sa durée de vie sera de 15 années. Il est équipé de transpondeurs en bande Ku pour la télévision et la radio, en bande Ka pour l'internet et en bandes X, EHF et UHF pour l'armée et les secteurs stratégiques de l'Etat qui ont besoin de communiquer entre les différents services en toute sécurité afin de contrecarrer les tentatives d'espionnage qui pourraient venir d'autres satellites hostiles. Ce satellite va donc relayer un nombre très important de chaînes de télévision dont les nationales. Mais son activité commerciale ne s'arrêtera pas au seul territoire national. De nombreux autres pays seront intéressés, surtout si la PIRE ou empreinte au sol chevauche les continents. Nous n'en savons rien pour le moment mais il est certain que l'on pourra capter ce satellite à partir d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Europe. Cette empreinte aurait pu s'étaler à un quart du globe terrestre avec la bande C mais cette dernière est abandonnée au profit de la bande Ku sur les nouveaux satellites. Deux stations terrestres à Médéa et Ouargla Pour faire fonctionner ce satellite, y introduire les bouquets et les chaînes, retirer celles qui s'arrêtent ou ne règlent pas leurs abonnements, corriger les éventuelles dérives ou suivre simplement sa bonne marche, il faudra des équipes spécialisées au sol. L'Agence spatiale algérienne a créé des stations de suivi à Médéa et à Ouargla. Des dizaines d'ingénieurs et de techniciens ont été formés en vue de pourvoir ces centres en compétences algériennes de haut niveau. Le satellite algérien sera à 24,8 degrés ouest, à l'est d'Hispasat (30 degrés O) mais nettement à l'ouest de Nilesat (7 degrés O), un emplacement inhabituel pour les Algériens familiarisés avec les positions situées entre Badr et Nilesat, en passant par Astra et Hot-Bird notamment. La taille de la parabole ne devrait pas excéder les 60 centimètres au centre de l'empreinte géographique du satellite, c'est-à-dire là où le signal est le plus fort. Mais elle pourrait atteindre 80 cm, voire 1m dans les régions extrêmes. Les chaînes qui y prendront place en premier seront les programmes de l'ENTV qui se satisfait d'un bouquet squelettique, refusant de lancer les canaux annoncés (info, sports, jeunesse) au motif que ça ne se fait plus et que de telles initiatives sont du domaine du secteur privé. Faux ! Il suffit de voir tout près : que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient, c'est le secteur public qui a servi de locomotive à la révolution numérique dans la télévision. Comptez le nombre de canaux télévisés appartenant à la Rai, ZDF, BBC et vous verrez l'effort qui est fourni par l'Etat dans ces pays pour maintenir une télévision de qualité et répondre aux besoins culturels des téléspectateurs blasés du tout-pub ! Même la France s'est mise à développer les chaînes de France Télévisions en lançant même un canal public d'information en continu. Ce qui contredit les propos des responsables de la télévision publique qui répètent que l'info à la télévision, ce n'est pas le rôle de l'Etat. Quand on voit le contenu de nos chaînes d'info, et hormis Dzaïr Tv News, il n'y a vraiment pas de quoi être fier. Allez choisir entre l'islamisme à la mode d'Al-Jazeera des uns et l'abrutissement garanti des autres ! Un programme spatial ambitieux Revenons maintenant au programme spatial algérien qui va franchir un pas crucial avec le lancement d'Alsatcom1. Ils ne sont pas nombreux les pays qui possèdent leurs propres satellites de télécommunications. Dans notre environnement, on peut citer Nilesat, Turksat, l'israélien Amos, l'espagnol Hispasat ou les consortiums Intelsat, Eutelsat et Arabsat. Mais cette entrée dans le club très fermé des nations spatiales n'est pas le fait du hasard. Elle couronne une longue série de succès qui ont commencé avec le lancement réussi, en 2002, du premier satellite d'observation algérien. Elle s'est poursuivie avec la fabrication, à Oran, du premier satellite algérien par une équipe d'ingénieurs et de techniciens de haut niveau, encadrés par des cadres britanniques. C'est d'ailleurs ce satellite Alsat 2B, sorti des laboratoires d'Oran, qui s'est envolé, en compagnie de deux autres satellites algériens dont un nano, le 26 septembre 2016 depuis la base spatiale de Satich Dhawan, située dans le sud-est de l'Inde. Auparavant, Alsat 1 a été lancé le 28 novembre 2002 et Alsat 2A mis en orbite le 12 juillet 2010. C'est donc avec une certaine fierté que l'on a vu s'envoler la fusée indienne PSLV C-35 de l'agence spatiale indienne (ISRO) avec huit satellites, dont trois satellites algériens, un satellite indien de météorologie ScatSat 1, un satellite américain d'observation de la terre Pathfinder 1, un nanosatellite Canadien NLS-19 et deux nanosatellites scientifiques indiens, PiSAT et Pratham. L'Asal commente ainsi cet événement : La mise en orbite de ces satellites, réalisés et testés par des ingénieurs algériens au niveau du Centre de développement des satellites (CDS) d'Oran, s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme spatial national horizon 2020 «qui vise, à travers ces instruments stratégiques, à renforcer les capacités de l'Algérie en matière d'observation de la terre au service du développement durable et du renforcement de la souveraineté nationale». Rappelons qu'Alsat 1B fut le deuxième satellite algérien d'observation de la terre à moyenne résolution, lancé par l'Algérie après Alsat 1. Les images Alsat 1B, prises depuis une orbite à 670 km d'altitude, sont en mode multispectral (visible et proche infrarouge) et panchromatique. L'exploitation de ces images répond «entre autres, aux objectifs liés à la protection de l'environnement et des différents écosystèmes naturels, à l'observation des phénomènes de la désertification et à leurs cartographies, à la cartographie de l'occupation des sols, à l'aménagement des territoires et du littoral et à la prévention et la gestion des risques naturels», rappelle l'Asal. Du «gros» Alsatcom au nain Alsat 1N Alsat 2B, deuxième satellite d'observation algérien de la Terre à haute résolution, renforce les capacités d'Alsat 2A. Quant à Alsat 1N, il s'agissait d'un nanosatellite à mission scientifique et de démonstration technologique développé dans le cadre de la mise en œuvre de l'accord de coopération avec l'agence spatiale du Royaume-Uni (UKSA), par une équipe de chercheurs algéro-britannique. L'Asal nous explique que «l'expérience en vol (de Alsat 1N) permet l'analyse du comportement de 3 charges utiles innovantes (caméra, mesure de radiation / magnétomètre et film solaire), ainsi que l'exploitation des données géomagnétiques terrestres et des images de la Terre, fournies à titre démonstratif. L'exploitation de ces données est réalisée par des équipes composées de chercheurs et universitaires algériens». Faites connaissance avec les satellites. Qu'est-ce qu'un satellite ? Le terme satellite désigne au départ un corps naturel qui tourne autour d'une planète (la Lune est le satellite de la Terre). Il existe d'autres satellites à travers le système solaire. Outre celui de la Terre, on en compte 23 pour Saturne, 15 pour Uranus, 16 pour Jupiter, 2 pour Mars et Neptune et un pour Pluton. Mais, de temps à autre, les nouveaux moyens d'investigation de l'espace nous permettent de découvrir de nouveaux satellites naturels. Quant aux satellites artificiels, ce sont des engins envoyés par l'homme dans le proche espace pour diverses missions. Le premier satellite artificiel a été lancé le 4 octobre 1957 par les Soviétiques. Il s'agit du fameux Spoutnik 1, suivi en 1958 (le 1er février plus précisément), par l'américain Explorer. Le satellite gravite autour de la terre dans un parcours rotatoire appelé ellipse et accomplit une révolution lorsqu'il fait un tour complet de la Terre. On distingue : les satellites géosynchrones, dont la période de révolution est égale à celle de la rotation de la Terre; les satellites géostationnaires, satellites géosynchrones qui décrivent une orbite circulaire dans le plan équatorial et qui paraissent immobiles à un observateur terrestre; les satellites héliosynchrones, dont le plan de l'orbite fait un angle sensiblement constant avec la droite Terre-Soleil et qui passent à une latitude donnée sensiblement à la même heure locale (l'ascension droite de chacun des deux nœuds de leur orbite dérive de 360° par an dans le sens direct). La TV fait sa révolution A 36 000 kilomètres d'altitude, les satellites tournent à la même vitesse que la Terre (cas de notre Alsatcom1). Le premier satellite de télécommunication fut l'américain Echo1, lancé en août 1960. Les satellites de télécommunication sont situés au-dessus de l'équateur, à 36 000 kilomètres d'altitude. A cette position, ils sont dans une orbite géostationnaire ; c'est-à-dire qu'ils tournent à la même vitesse que la Terre. Par conséquent, et pour quelqu'un qui se trouve à un point précis du globe «visible», le satellite restera tout le temps à la même place. S'il était mobile, la réception serait pratiquement impossible. C'est le cas des petits satellites situés à basse altitude comme ceux que l'on utilise pour la téléphonie mobile ou pour l'observation du sol, à l'instar de ceux déjà envoyés par l'Algérie ou de celui, marocain, lancé récemment. Avec l'arrivée des satellites de télécommunications, la télévision va connaître une véritable révolution, peut-être la plus importante de toute son existence. Il faut cependant distinguer deux périodes qui ont rendu le satellite incontournable, mais pour deux raisons totalement différentes. Les transmissions satellites grand public (réception directe par parabole individuelle) existent depuis quelques décennies. Avant, elles étaient surtout réservées aux télévisions elles-mêmes, à l'armée, aux services météo... La baisse de coût du matériel parabolique a simplifié la réception satellitaire qui est devenue accessible à presque tous. Chaque satellite couvre une certaine zone en fonction de sa position orbitale, de sa puissance et de l'orientation de ses paraboles d'émission. La Pire (Puissance Isotrope Rayonnée Equivalente) est la puissance du signal reçu au sol. Cette dernière diminue au fur et à mesure que l'on s'éloigne de la zone centrale de couverture où la PIRE atteint son maximum. C'est cette PIRE qui va être utilisée pour calculer la dimension de la parabole de réception. Les avantages du satellite Comparée au système hertzien, la réception satellite offre de grands avantages. Toutefois, les vieilles antennes «râteau» sont moins chères que les installations paraboliques. Mais, visiblement, il s'agit là de la seule «supériorité» du hertzien sur le satellite. Par contre, il collectionne les inconvénients : inesthétique, vidéo «primaire», nombre de chaînes limitées, sans compter les «zones d'ombre» qui empêchent de nombreux foyers de recevoir les programmes terrestres. Quant au satellite, il offre une liberté de choix extraordinaire qui se traduit par la possibilité de recevoir des milliers de chaînes émettant en qualité numérique, avec un son stéréophonique qui peut passer au Dolby Surround pour peu que les chaînes diffusent dans cette norme. On peut aussi signaler les performances du satellite pour la réception d'internet à de très hauts débits. Le satellite pénètre les régions éloignées et inaccessibles aux réseaux terrestres de distribution du signal télé ou des liaisons internet. La ceinture de Clark Les satellites géostationnaires sont positionnés tout au long d'un grand cercle qui fait, à 36.000 kilomètres, le tour complet de la Terre et qui est connu sous le nom de «ceinture de Clark». Un satellite destiné au continent européen comme Hot Bird, positionné à 13 degrés est, ne peut pas être reçu au Japon ou aux Etats-Unis, car il n'est pas visible à partir de ces régions qui possèdent leurs propres satellites. En général, les satellites reçus en Europe le sont également au Maghreb, à de rares exceptions comme pour Amos qui concentre toute sa puissance sur l'Europe centrale ou certains satellites Astra dont la PIRE diminue au sud de la Méditerranée. Il arrive que les satellites diminuent de leur puissance pour ne pas empiéter sur des zones où leurs programmes risquent de poser problème, notamment dans le domaine des droits de diffusion. M. F. Les précurseurs Le premier satellite artificiel Spoutnik I est lancé par l'URSS le 4 octobre 1957 et constitue le point de départ de la course à l'espace entre l'URSS et les Etats-Unis. Spoutnik 2, lancé le 3 novembre 1957, place en orbite pour la première fois une créature vivante, la chienne Laïka. Les Etats-Unis, dont le programme spatial avait pris du retard, placent en orbite leur premier satellite (Explorer I) le 31 janvier 1958. En juin 1961, 3 ans et demi après Spoutnik 1, l'US Air Force détectait près de 115 satellites en orbite autour de la Terre. Les premiers satellites sont utilisés pour des études scientifiques. Les variations de l'orbite de Spoutnik 1 permettent de mieux connaître la densité des couches atmosphériques supérieures. Classe de satellite masse sur orbite Grand satellite 3 tonnes Moyen satellite de 1 à 3 tonnes Petit satellite de 500 kg à 1 tonne Mini-satellite de 100 kg à 500 kg Micro-satellite de 10 kg à 100 kg Nano-satellite de 1 kg à 10 kg Pico-satellite 1 kg Sources Space Connection Qu'est-ce qu'il y a dans un satellite ? Un satellite est la raison d'être d'un lanceur. Si on devait faire une comparaison avec le transport aérien, le lanceur serait l'avion et le satellite, les passagers. Sans avion, pas de passagers, sans passagers, pas d'avion. Un satellite est donc la chose la plus noble sur un lanceur. Nous l'avons vu, il existe toute une panoplie de tailles de satellites. Mais tous fonctionnent de la même façon, ou du moins ont un principe de fonctionnement identique. On peut diviser le satellite en deux parties bien distinctes. La première est le module technique et la seconde le module utile. Module technique (bus) Comme cité plus haut, le module technique est la partie construite la plupart du temps à la chaîne. Il regroupe tous les systèmes permettant au satellite de se placer sur orbite, de se corriger cette orbite, d'alimenter en énergie, de communiquer avec la Terre pour l'entretien à distance en cas de panne. C'est également sur le module technique que sont fixés les panneaux solaires destinés à fournir en électricité le satellite. Pour un satellite de télécommunications, à l'heure actuelle, sa vie est estimée à environ 15 ans. Le reste des équipements sont les moyens de communication entre la station au sol et le satellite. Ce réseau va permettre de contrôler l'état de santé de l'engin, d'envoyer des ordres, télédépanner si cela est envisageable. Module utile En fonction de la mission à réaliser, le satellite aura des équipements bien adaptés. Dans le cas des satellites de télécommunications, télévision, relais, il disposera d'un équipement permettant de recevoir les ondes émettrices et les renvoyer à qui de droit. En fait, un satellite de télécommunication n'est rien d'autre qu'une antenne de relai. Source : lanceurs.destination-orbite