Tout le monde dit que l'avenir du pays se prépare aujourd'hui à l'école. Dans le monde, les pays qui ont réussi leur développement grâce à une réforme du système éducatif ne manquent pas. L'Ecole algérienne, déjà théâtre de joutes politiques et idéologiques, est indirectement victime d'un autre fléau, celui des cours payants. Ahmed Tessa, qui connaît bien le secteur de l'éducation puisqu'il a exercé dans tous les cycles du système scolaire algérien, dénonce ce dangereux phénomène dans son essai intitulé «Eradiquer le fléau des cours payants», paru aux éditions Le Tremplin. Pour l'auteur, le fléau dit des «cours payants» qui ne cesse de se développer dénature les rapports entre l'institution et l'ensemble de la société, dans un pays où, pourtant, la gratuité de l'enseignement et donc l'égalité des chances pour toutes les couches sociales, demeure la clef de voûte du système éducatif. Les proportions prises par ce phénomène dévastateur, qu'il considère comme une prise d'otages des familles par des «marchands d'illusions», risquent d'hypothéquer définitivement les efforts de redressement du système scolaire en Algérie. Illégaux car clandestins, ces cours payants, ajoute-t- il, s'opposent à l'éthique éducative et à la morale la plus élémentaire. Cela conduira immanquablement à installer des comportements mercantiles chez les élèves, avec, à la longue, une banalisation de la corruption morale. En outre, avec son envergure sans cesse croissante, ce phénomène, encouragé par l'impunité et se nourrissant des grèves cycliques, induira inévitablement des réflexes de dépendance et d'assistanat chez les élèves. L'auteur tire la sonnette d'alarme : «Ainsi formatés au logiciel du dopage intellectuel à base de par-cœurisme et de bachotage, leur intelligence se retrouve dévitalisée.» Le problème est grave car «si le scandale des cours payants est ‘‘l'œuvre'' d'une minorité d'enseignants, il n'en demeure pas moins vrai que les victimes sont ces dizaines de milliers d'élèves, tous cycles confondus». Pour éradiquer ce fléau, Ahmed Tessa propose notamment l'application de la loi (afin notamment de mettre fin à l'impunité), l'élimination des causes qui l'alimentent, une rigueur dans la politique de recrutement/formation des enseignants et, enfin, la valorisation du métier d'enseignant. Natif d'Azeffoun (Tizi-Ouzou), Ahmed Tessa est pédagogue praticien et ancien normalien des années 1960. A la fin des années 1980, il se découvre une passion : journaliste spécialisé en éducation. En 1992, il fonde L'Ecole & La Vie, première revue d'éducation bilingue en Algérie. Ahmed Tessa est également l'auteur de nombreuses contributions dans la presse algérienne arabophone et francophone, et a été consultant pour les radios nationales en arabe, en tamazight et en français. Ahmed Tessa est déjà l'auteur des livres Le Bouquet numérique de la scolarité, paru en 2010, Pour une éthique éducative au service des élèves (2014) et L'Impossible éradication : l'enseignement du français en Algérie (2015). L'ouvrage Eradiquer le fléau des cours payants est publié dans la collection Que Faire ? des éditions Le Tremplin. Kader B. Eradiquer le fléau des cours payants (essai). Editions Le Tremplin. 110 pages.